Meurtre d’une prostituée au Dolder Grand à Zurich: 18 ans de prison requis contre l’accusé
(Keystone-ATS) L’homme accusé de l’assassinat d’une prostituée en septembre 2014 dans un hôtel le luxe zurichois risque 18 ans de prison. C’est la peine requise par le procureur face aux juges. Le prévenu âgé de 49 ans nie toute préméditation. Le jugement sera rendu jeudi à 16h00.
L’accusé, qui a comparu mercredi devant le Tribunal de district de Zurich, a assassiné la jeune Polonaise de 25 ans afin de ne pas être rejeté, alors même qu’il en était tombé amoureux. Tel est l’avis du procureur, qui a rappelé que le quadragénaire n’avait pas surmonté une situation identique avec une autre prostituée deux ans plus tôt. Celle-ci avait quitté la Suisse en mai 2012.
« Principe de Cendrillon »
Le prévenu a fait sien le « principe de Cendrillon », estime le procureur. Ancien chef des placements financiers d’une caisse de pension argovienne, il dépensait sa fortune dans un bordel, en se donnant un rôle de libérateur de prostituées: il les invitait à partager sa vie aisée.
Pour exprimer sa mégalomanie narcissique, l’accusé dépensait 25’000 francs par mois, principalement dans le milieu de la prostitution. Proche de la ruine, il a voulu, en vain, conquérir le coeur de sa victime qui avait, depuis une dizaine de mois, des relations sexuelles avec lui et accordait son temps contre rémunération. Pour éviter une nouvelle humiliation, cet homme dépressif a décidé de tuer la jeune femme, estime le procureur.
Rôles inversés, selon l’accusé
Devant la Cour, le prévenu s’est défendu contre ces accusations. Il a décrit une véritable relation amoureuse avec la victime qui aurait même voulu emménager chez lui. Le quadragénaire aurait toutefois décidé de poursuivre la relation de couple qu’il entretenait avec sa compagne à Küsnacht (ZH).
Le jour du drame, l’intéressé aurait fait part de son intention à la prostituée, dans une chambre de l’hôtel de luxe Dolder Grand. La jeune femme aurait alors exigé qu’il la paie, ajoutant que « pas même une prostituée » ne voudrait d’un enfant avec lui.
L’accusé aurait perdu son sang-froid, obstruant la bouche de sa victime avant de l’étrangler mortellement et d’emmener son corps dans une valise à son domicile. « Je n’ai jamais eu l’intention de tuer cette femme. Je voulais juste qu’elle se taise », a déclaré le prévenu à la Cour, visiblement bouleversé et confus.
10,5 ans maximum pour la défense
Son avocat a plaidé le crime relationnel survenu dans le feu de l’action. Selon lui, les SMS enflammés échangés par la prostituée et son client montrent que ce dernier n’avait aucune raison de penser qu’elle ne le fréquentait que pour son argent. L’accusé n’avait en outre aucune idée de ce qu’il devait faire avec le cadavre, une fois emmené chez lui.
Un assassin aurait choisi un lieu plus discret qu’un hôtel de luxe, que sa compagne et lui fréquentaient régulièrement, pour commettre son crime, a invoqué la défense. L’avocat a demandé que la peine de prison infligée à son client ne dépasse pas 10 ans et demi.
« Planifié froidement »
Pour le Ministère public en revanche, l’accusé a planifié et commis froidement son crime. La victime s’apprêtait à prendre l’avion pour la Pologne lorsqu’il l’a invitée à l’hôtel.
Divers SMS envoyés par la jeune femme à sa soeur montrent qu’elle n’avait pas l’intention de quitter le monde de la prostitution et encore moins d’emménager chez l’homme qui la convoitait. Il s’agissait d’une « fausse relation », basée uniquement sur un service professionnel rémunéré.
Autre élément, l’accusé a amené une grande valise à l’hôtel dans un but précis, estime le procureur. Il a en outre drogué sa victime avec du valium.
Après le crime, il a transporté le corps en voiture jusqu’au domicile qu’il partageait avec sa compagne. Il a ensuite placé le cadavre dans un réfrigérateur à vins en y ajoutant des diffuseurs contre les mauvaises odeurs. Auparavant, l’assassin présumé aurait même vérifié si le réfrigérateur était suffisamment grand pour contenir la valise.
Descente aux enfers
L’accusé s’est contredit à plusieurs reprises, notamment en tentant de justifier la présence de la grande valise à l’hôtel. Il a d’abord dit qu’il souhaitait l’offrir à la jeune femme. Puis, il a déclaré qu’il avait voulu s’en servir pour se débarrasser d’objets.
Les malheurs de l’accusé ont commencé lorsqu’il a été victime d’un burnout, fin 2011. Il a quitté son emploi à la Caisse de pension du canton d’Argovie avant de perdre totalement pied.