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Micheline Calmy-Rey vend Schengen au Tessin

Micheline Calmy-Rey à Chiasso, avec la ministre cantonale tessinoise Marina Masoni. Keystone

La ministre des Affaires étrangères était au Sud des Alpes mardi pour plaider la cause de Schengen et de Dublin avant la votation du 5 juin.

Micheline Calmy-Rey a déployé tout son charme pour convaincre les Tessinois du bien-fondé de l’adhésion aux deux traités européens.

Depuis qu’elle siège au gouvernement, Micheline Calmy-Rey n’était venue qu’une fois au Tessin, pour le Festival international du film de Locarno. Mardi, cette seconde visite au Sud des Alpes l’a emmenée de Lugano à Chiasso, en passant par Bissone.

Invitée par le Département cantonal de l’instruction et de la culture et par l’Université de la Suisse italienne, la ministre a entamé son périple à Lugano en matinée et sous le soleil.

Dès 10 heures, la vaste halle polyvalente de l’Université est comble. Etudiants de l’USI et du cours de journalisme de la Suisse italienne – qui a organisé la rencontre –, apprentis, le public est essentiellement jeune.

«Je ne l’ai jamais vue, raconte une étudiante, mais mes parents m’ont dit qu’elle a les cheveux noirs striés de mèches blanches». A ses côtés, une compagne ajoute: «elle ne parlera sûrement pas en italien, peut-être en anglais…»

Malgré un bon quart d’heure de retard sur le programme, la ministre des Affaires étrangères est chaleureusement ovationnée. Vêtue d’un ensemble pantalon noir agrémenté d’un œillet rose à la boutonnière, Micheline Calmy-Rey n’est pas avare de sourires. «Elle a l’air chouette», chuchote la jeune fille qui n’avait fait qu’entendre parler de sa coiffure.

Un tour d’horizon en 40 minutes

Le tour d’horizon de la politique étrangère de la Suisse, pour reprendre le titre du discours de Mme Calmy-Rey dure une quarantaine de minutes. Dans un français bien scandé – public italophone oblige – la ministre plaide l’ouverture de la Suisse à l’Europe et au reste du monde.

Retraçant quatre cents ans d’histoire de la neutralité helvétique, elle rappelle que «les Suisses ne doivent pas vivre cachés pour vivre heureux» comme le prônent les peureux.

«Pour d’aucuns, lance Micheline Calmy-Rey, la meilleure politique extérieure serait de ne pas en avoir du tout et la meilleure ministre des Affaires étrangères, celle qui sait se taire dans les quatre langues nationales.» Les rires fusent dans la salle.

Sur l’échiquier international, la Suisse n’est pas une quantité négligeable, ni d’un point de vue économique, ni sur le plan politique. Micheline Calmy-Rey évoque ainsi le rôle de premier plan que joue la Confédération dans la défense de la démocratie, du pluralisme, de la tolérance et de la tradition humanitaire.

«Ne nous croyons pas seuls au paradis»

La Suisse compte donc mais doit aussi pouvoir compter sur les autres. Pour Micheline Calmy-Rey, il convient de donner désormais un sens nouveau au concept de neutralité. La ministre rappelle notamment l’engagement de la Suisse dans les missions de paix bilatérales et multilatérales. Aujourd’hui, son pool d’experts pour la promotion civile de la paix compte 600 personnes dont 80 sont en mission permanente.

«La Suisse ne doit pas s’isoler, s’enflamme la ministre. Elle ne doit pas s’exclure elle-même du grand marché de l’Union européenne. Nous avons négocié les bilatérales I et II. Le 5 juin, nous nous prononçons sur notre adhésion aux espaces européens de Schengen et Dublin, puis le 25 septembre sur l’extension de la libre circulation des personnes. Et je vous engage à voter oui !» Cri du cœur accueilli par des applaudissements nourris.

«Ne figeons pas la Suisse dans des images d’Epinal comme celle du « Sonderfall », poursuit Micheline Calmy-Rey. Ne nous croyons pas seuls au paradis. Nous n’avons que faire d’une Suisse frileuse, peureuse et passéiste, nous voulons une Suisse qui s’ouvre à l’Europe et au reste du monde, une Suisse prête à dire et à agir.»

«Bienvenue dans la région du futur»

La deuxième étape de cette journée tessinoise conduit la ministre des Affaires étrangères à Bissone, au bord du lac de Lugano. Village historique et patrie du grand architecte Francesco Borromini, Bissone est aussi le cœur de la «Regio Insubrica». Depuis 1995,cette communauté de travail italo-suisse regroupe le Tessin et les provinces limitrophes de Côme, Varèse, Lecco et Verbano-Cusio-Ossola.

Micheline Calmy-Rey y rencontre une délégation de 26 membres de cette communauté. «Bienvenue dans la région du futur», lui lance son secrétaire général, l’avocat tessinois Roberto Forte, avant de lui exposer les projets communs mis au point par la Région au cours de la dernière décennie.

«La coopération transfrontalière est primordiale dans le processus de l’unification européenne», plaide Roberto Forte. Avant d’attirer l’attention de la ministre sur l’importance des zones frontière.

La sensation d’être dans une zone frontière, Micheline Calmy-Rey l’a ressentie en fin de parcours, à l’extrémité sud de la Suisse. Passablement réticente pour tout ce qui touche à l’Europe, la ville de Chiasso doit certainement cette tiédeur à sa situation géographique, collée au grand voisin italien.

Micheline Calmy-Rey a pu y visiter le centre italo-suisse de coopération en matière de police et de douane, qui depuis son ouverture en novembre 2003, a déjà résolu de nombreuses affaires judiciaires communes aux deux pays.

swissinfo, Gemma d’Urso à Lugano, Bissone et Chiasso

– La première visite de courtoisie de Micheline Calmy-Rey au Tessin a été mise sur pied par le Département tessinois de l’instruction et de la culture, en collaboration avec l’Université de la Suisse italienne.

– A Lugano, la ministre de Affaires étrangères a pris la parole devant un parterre d’étudiants. Elle a appelé à voter oui le 5 juin sur l’adhésion aux traités de Schengen et de Dublin et oui le 25 septembre à l’extension de la libre circulation des personnes.

– A Bissone, village natal de Francesco Borromini, Micheline Calmy-Rey a rencontré les membres de la communauté italo-suisse de travail, «Regio Insubria» qui œuvre à de projets communs pour le Tessin et les provinces italiennes limitrophes.

– A Chiasso, ville-frontière et fief traditionnel des opposants à l’ouverture à l’Europe, la ministre a visité le Centre italo-suisse de coopération en matière de police et de douane.

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