MSF remporte un succès contre le groupe Gilead en Chine
(Keystone-ATS) La Chine a annulé des brevets accordés au groupe pharmaceutique américain Gilead pour la combinaison de deux médicaments contre l’hépatite C. Médecins Sans Frontières (MSF) a salué jeudi à Genève cette décision après son soutien à un recours.
Des entreprises chinoises pourront fabriquer et exporter des génériques, plus abordables, du sofosbuvir. La combinaison de ce médicament et du velpatasvir constitue le premier traitement direct contre tous les génotypes de la maladie qui serait protégé.
Gilead avait annoncé le lancement sur le marché chinois du sofosbuvir à 100 dollars par pilule (environ 100 francs) et plus de 8900 dollars pour l’ensemble du traitement. En Chine, une association avec un autre médicament, le daclatisvir, serait revenue à environ 12’000 dollars pour quatre mois. Dans les pays où des génériques sont possibles, ce prix est divisé par dix.
Des millions de personnes en Chine et dans le reste du monde ont besoin de ces soins. La décision du Bureau chinois de la propriété intellectuelle (SIPO) devrait faciliter leur accès à ces médicaments, selon MSF.
Dans le monde, plus de 70 millions de personnes sont atteintes d’hépatite C, selon des estimations. Sans ces produits, environ 400’000 personnes décèdent chaque année.
Plusieurs acteurs opposés
La Chine est le pays à la prévalence la plus importante de cette pathologie. Environ neuf millions de personnes sont touchées. En raison des prix élevés de la combinaison des deux médicaments, l’accès aux traitements reste bas.
MSF prend en charge des patients atteints d’hépatite C dans plus d’une dizaine de pays. En environ trois ans, l’ONG a soigné plus de 500 personnes avec des combinaisons de médicaments pour un taux de guérison quasiment entier.
Gilead a demandé de nombreux brevets en Chine pour ses produits contre l’hépatite C, contestés par d’autres entreprises pharmaceutiques et ONG. Depuis plus de deux ans, le SIPO a rejeté deux requêtes pour le sofosbuvir. Des protestations ont été lancées dans de nombreux pays ou régions comme le Brésil, l’Inde, la Russie, les Etats-Unis et l’UE.
« Nous nous attendons à voir des bénéfices considérables » de la décision chinoise qui pourrait être répétée dans ces différentes zones, affirme une responsable de MSF. L’ONG a elle-même lancé un recours contre des brevets en Chine pour le velpatasvir et la combinaison entre le sofosbuvir et ce médicament.