Nant de Drance SA compense son impact sur la nature avec 15 mesures
(Keystone-ATS) Pour compenser la construction de sa centrale de pompage-turbinage, Nant de Drance SA réalise, en collaboration avec le WWF et Pro Natura, quinze projets environnementaux mettant à l’honneur les milieux humides. Coût de la manoeuvre 22 millions de francs.
En Suisse, depuis 1966, la loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage exige que chaque atteinte au territoire soit au moins minimisée et intégralement compensée, rappelle mercredi à Keystone-ATS Marie-Thérèse Sangra, chargée d’affaires au sein de WWF Valais. Mais très souvent les requérants n’ont pas pris au sérieux ce devoir, ajoute-t-elle.
Dans le cas de Nant de Drance SA, il y a eu dès le départ « une volonté explicite » de travailler avec les organisations environnementales dans le but d’obtenir « un résultat équitable pour la nature ». La secrétaire régionale salue la « bonne collaboration » entre les différents acteurs.
Plus d’une centaine de rencontres entre l’entreprise, WWF, Pro Natura, le canton et l’Office fédéral de l’énergie, étalées sur dix ans, ont conduit à une réalisation progressive, « mais de grande qualité des mesures de compensation », estime Marie-Thérèse Sangra. Parmi celles-ci figurent la renaturation des chantiers utilisés pour la construction de la centrale mais aussi des projets en plaine, où les milieux naturels sont menacés d’isolement ou de disparition.
Des mesures liées entre elles
Avec l’enveloppe budgétaire dédiée, « on avait de quoi créer un réseautage entre les projets », relève Luc Gendre, membre de la direction de Nant de Drance. Il a ainsi été décidé de recréer des milieux humides à des endroits stratégiques de manière à ce qu’ils ne soient pas isolés, mais reliés entre eux grâce aux cours d’eau.
« L’idée est de restaurer, à certains endroits, les anciens marais qui se créaient à l’époque lors des crues du Rhône », note Marie-Thérèse Sangra. A Vernayaz, par exemple, des points d’eau, alimentés par la nappe phréatique, ont été creusés de manière à recréer localement des biotopes spécifiques.
Le canal de la Lantze a lui aussi été renaturé sur un demi-kilomètre. Et la zone humide du Fond du Mont, qui avait été drainée, a été remise en eau.
Depuis, des espèces végétales caractéristiques des milieux temporairement inondés sont de retour. La forêt d’aulnes noirs, à nouveau les pieds dans l’eau, « est revitalisée » et le sonneur à ventre jaune, un petit crapaud rare en Valais, est revenu nager dans des gouilles, se réjouissent les acteurs du projet.
Quatre-vingts ans de suivi
Le paquet de mesures, dont le montant total s’élève à 22 millions de francs, soit 1% du budget total de la construction de la centrale (2,2 milliards), a également mobilisé des ressources humaines. Certaines mesures de compensation de grande importance ont été plus compliquées à être autorisées que l’ensemble du chantier de Nant de Drance, indique Marie-Thérèse Sangra.
L’obtention de la concession pour la centrale a pris environ un an, abonde Luc Gendre, alors que le projet de la Lantze a nécessité plusieurs années de discussions. « Il y a beaucoup plus de groupes d’intérêts différents à prendre en compte et donc d’interlocuteurs à contacter », explique-t-il.
Une fois, les mesures de compensation environnementale réalisées, Nant de Drance a encore l’obligation de s’en occuper durant les 80 ans que dure sa concession. C’est « un bail à long terme » que l’entreprise a donc signé avec la nature, résume Luc Gendre, soulignant que chaque mesure dispose d’une planification sur ces huit décennies.
La centrale de pompage-turbinage de Nant de Drance est située à 600 mètres sous terre, entre les lacs de retenue d’Emosson et du Vieux Emosson. Sa construction a commencé en 2008 et l’aménagement devrait être pleinement opérationnel cette année, selon l’entreprise.