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Niederwald (VS) marque le centenaire de la mort de César Ritz

Le village valaisan de Niederwald célèbre le centenaire de la mort de son citoyen le plus célèbre, l'hôtelier César Ritz. La place du village, qui héberge une statue en son honneur, est transformée en scène pour une pièce de théâtre estivale à ciel ouvert consacrée à l'enfant du pays. Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) De son vivant il fut « l’hôtelier des rois » avant de devenir « le roi des hôteliers ». Dans son village natal de Niederwald (VS), le souvenir est encore vivace. Tout l’été est consacré à la mémoire de César Ritz, disparu il y a un siècle.

La place du petit village de la commune de Conches a été transformée en scène de théâtre. Les gradins peuvent accueillir jusqu’à 3000 personnes pour assister aux représentations d’une pièce de théâtre en plein air consacrée à la vie du plus célèbre citoyen du lieu.

Une quinzaine de représentations se succèdent jusque vers la mi-août. Forfaits hôteliers, balades en train, dégustations, sentier didactique complètent les représentations. L’hôtellerie est la thématique phare de l’été à Niederwald.

Benjamin d’une fratrie de treize enfants, César Ritz voit le jour le 23 février 1850. La maison qui l’a vu naître au sommet du village existe toujours et continue d’être habitée. Rien ne laissait présager le destin hors du commun de cet enfant issu d’une famille paysanne semblable à toute autre dans la vallée de Conches.

Médiocres débuts

L’appel du large a très tôt frappé le jeune César. A 14 ans, il est placé au collège des jésuites de Sion, pour apprendre le français. Puis son père l’envoie à Brigue pour y suivre un apprentissage de sommelier. Les débuts sont médiocres. Son patron estime même qu’il ne fera jamais un bon hôtelier.

En 1867, l’exposition universelle attire le jeune César à Paris. Il y trouve un emploi de sommelier à l’hôtel de la Fidélité. Il s’y fait une réputation de rapidité mais se distingue aussi par une grande quantité de vaisselle cassée.

Durant quelques années, il enchaîne les emplois. Maître d’hôtel chez Voisin, un restaurant réputé de la capitale française, il y côtoie ce qu’il est convenu d’appeler le « Tout-Paris » de l’époque. Il y fait la connaissance du chef Auguste Escoffier, le créateur de la « pêche melba », qui deviendra un conseiller, un collaborateur et un ami.

Au contact de la haute société

La guerre franco-prussienne l’oblige à revenir en Suisse. Mais l’attrait de l’étranger reste vif. En 1873, il est à Vienne. Il y côtoie de nombreux dirigeants politiques, notamment Bismark, l’empereur Guillaume ou le Prince de Galles.

Après cinq ans passés dans le domaine de la restauration, il se tourne vers l’hôtellerie mais continue à multiplier les emplois. Il dirigera un hôtel de Menton, puis il travaille à Nice, Locarno, San Remo.

En 1877, il prend la direction de l’hôtel National de Lucerne qu’il est chargé de sauver. Avec Auguste Escoffier, il transforme l’établissement en oeuvre d’art. Le client devient l’objet de toutes les attentions.

Retour à Menton où il fait connaissance de la fille d’un hôtelier alsacien. Marie-Louise Beck a dix ans. César Ritz l’épousera dix ans plus tard. Ensemble, ils bâtiront un empire hôtelier.

Premier échec

Car déjà, César ambitionne de lancer sa propre affaire. Il engloutit ses économies dans une acquisition à Trouville. L’expérience se solde par un échec, mais César comprend qu’un grand hôtel a besoin d’un grand chef.

Entre 1882 et 1887, il dirige alternativement le Grand Hôtel de Monte Carlo les hivers et l’hôtel National de Lucerne les étés. Auguste Escoffier oeuvre aux fourneaux de ces deux hôtels durant ces périodes.

Les deux hommes vont peu à peu développer le concept d’hôtellerie de grand luxe. Ils achètent un restaurant puis un hôtel à Baden Baden en Allemagne. Puis sont appelés à sauver l’hôtel Savoy de Londres. Ils s’associent pour créer la Ritz Hotel Development Company dont l’objectif est de créer des hôtels de luxe.

Le Ritz

L’hôtel Savoy devient une référence en matière de goût. Mais les ambitions personnelles de Ritz provoquent aussi la rupture avec le Savoy dont il est renvoyé en 1897 avec Escoffier. Les deux hommes ouvrent l’année suivante l’hôtel Ritz à la place Vendôme à Paris, une année plus tard le Carlton de Londres.

César Ritz y applique des normes de confort très au-dessus de ce qui se faisait à l’époque. Les chambres sont spacieuses, richement décorées, toutes équipées d’une salle de bain et de WC. C’était alors unique au monde.

Il s’inspire des palais pour décorer chaque pièce différemment. Avec Escoffier, il met au point un système de travail en équipe. La clientèle se voit proposer le menu à la carte, une innovation majeure par rapport à la restauration traditionnelle.

Au bout du chemin l’épuisement

Souffrant d’épuisement et de dépression, il a dirigé jusqu’à dix hôtels simultanément, il se retire peu à peu des affaires à l’orée du 20e siècle. Sa femme prend alors en charge la gestion de l’empire hôtelier qu’elle continue à développer.

César Ritz se retire en Suisse où il passe l’essentiel des 16 dernières années de sa vie. Il meurt le 23 octobre 1918 à Küssnacht (LU). Il est enterré au cimetière parisien du Père-Lachaise aux côtés de son fils René décédé quelques mois plus tôt d’une méningite à l’âge de 22 ans.

En 1961, à la mort de Marie Louise Ritz, sa dépouille, celle de César et de leur fils René sont transférées à Niederwald en présence du fils aîné Charles alors âgé de 70 ans. Les hôtels Ritz ne sont plus en main familiale. Ils ont été cédés au fil des années. Après la mort de Charles en 1976, les derniers membres de la famille ont vendu le dernier fleuron, le Ritz de Paris, à l’homme d’affaires égyptien Mohamed Al-Fayed.

Belle-fille de César, Monique Ritz, dernière représentante de la dynastie, est décédée en 2011. Il ne subsiste désormais qu’une fondation César Ritz, créée par Marie-Louise en 1929, dont l’objectif est de soutenir les jeunes de Niederwald durant leur formation.

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