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Okonjo-Iweala première femme et Africaine à diriger l’OMC à Genève

La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala est devenue lundi la première femme et la première Africaine à diriger l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève (archives). KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a sa première femme et première Africaine directrice générale. Les 164 membres ont désigné lundi à Genève par consensus la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, dont les défis seront nombreux, après des mois de blocage américain.

« Je sens une charge supplémentaire », a affirmé à la presse la prochaine patronne de l’OMC après une nomination saluée comme « historique » par plusieurs dirigeants internationaux. « Mais je dois provoquer des résultats » et « il y a beaucoup à faire », a-t-elle ajouté.

Mme Okonjo-Iweala, qui préfère « Dr Ngozi », sait qu’elle sera attendue, en pleine pandémie alors que le commerce mondial a reculé l’année dernière. Egalement face aux tensions de ces dernières années, notamment entre les Etats-Unis et la Chine mais « pas seulement », dit-elle en ciblant le décalage entre pays riches et en développement.

Cette ancienne ministre des finances et des Affaires étrangères va devenir début mars la septième personne à la tête de l’organisation. Son mandat est prévu jusqu’à fin août 2025. L’arrivée de la nouvelle administration de Joe Biden a permis de lever les obstacles imposés par le précédent président américain, Donald Trump, pour la nomination de Dr Ngozi.

La Nigériane avait été largement soutenue par les membres il y a quelques mois mais Washington avait refusé de rejoindre le consensus. Une attitude qui était une « surprise » pour la prochaine directrice générale tant elle dit avoir eu de bonnes discussions avec l’entourage de M. Trump.

Première action sur la pandémie

Il y a une dizaine de jours, la finaliste, la ministre sud-coréenne Yoo Myung-hee, avait décidé de se retirer, laissant la voie ouverte à la prochaine patronne. Quelques heures plus tard, les Etats-Unis avaient affiché leur « soutien appuyé » à Dr Ngozi.

La Nigériane va remplacer Roverto Azevedo, parti fin août, après plusieurs mois où l’organisation était dirigée par quatre adjoints. « Je prends la direction de l’OMC à une période d’incertitudes et de défis », ajoute-t-elle.

Parmi les réactions, le président de la Confédération Guy Parmelin lui a garanti le « soutien de la Suisse » pour améliorer le système commercial multilatéral. Premier chantier, la Nigériane veut oeuvrer pour contribuer à la lutte contre le coronavirus.

« Une OMC forte est vitale » pour la reprise après la pandémie, estime-t-elle. Dr Ngozi n’a jamais caché sa volonté d’améliorer l’accès des pays en développement à un vaccin et aux technologies contre le coronavirus.

Toutes les discussions actuelles entre les membres n’ont pas permis d’atteindre un consensus. De nombreux Etats sont favorables à des exceptions aux brevets, demandées par des ONG comme Médecins Sans Frontières (MSF). Mais des pays riches, dont la Suisse, appuient les entreprises pharmaceutiques et estiment de leur côté que l’accord sur ces questions déjà en vigueur (ADPIC) suffit.

Tribunal d’appel

Dès lundi soir, Dr Ngozi s’est montrée conciliante en appelant à une voie intermédiaire. Elle souhaite oeuvrer comme médiatrice entre ces blocs, même si elle admet qu’il ne sera pas facile de trouver une solution. Elle mentionne des licences pour fabriquer des vaccins dans davantage de pays, de quoi ne pas faire peur aux entreprises pharmaceutiques, ou veut voir si l’ADPIC peut constituer un remède suffisant.

Et elle souhaite trouver un accord pour lever les restrictions aux exportations de denrées du Programme alimentaire mondial (PAM). Celui-ci est proche, selon elle.

Autre inquiétude, Dr Ngozi devra oeuvrer pour mettre un terme à la crise institutionnelle de l’OMC, en raison du blocage américain du renouvèlement des juges du tribunal d’appel depuis plusieurs années. Elle souhaite que chaque membre clarifie son approche d’une réforme que tous estiment, selon elle, indispensable. « Nous avons quelques mois » pour cette étape avant la ministérielle qui a été décalée et doit avoir lieu d’ici fin 2021, ajoute-t-elle.

Les discussions pour éliminer les subventions à la surpêche n’ont elles toujours pas abouti. Là encore, la question sera urgente pour la prochaine patronne de l’organisation.

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