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Ouverture de l’extension du Kunsthaus de Zurich

L'extension du Kunsthaus de Zurich a été conçue par l'architecte David Chipperfield. KEYSTONE/WALTER BIERI sda-ats

(Keystone-ATS) L’extension du Kunsthaus de Zurich conçue par l’architecte David Chipperfield a été inaugurée officiellement mercredi. Le public est invité à découvrir le nouveau bâtiment samedi et dimanche à l’occasion de journées portes ouvertes.

Avec cette extension, le Kunsthaus devient le plus grand musée d’art de Suisse et fait « un saut dans le 21e siècle », a indiqué mercredi le directeur Christoph Becker. La surface ouverte au public a plus que doublé.

L’idée d’agrandir le musée a été lancée publiquement en 2001. Un concours d’architecture a eu lieu en 2008. Les travaux ont commencé en 2015, trois ans après une votation populaire. Les travaux ont été achevés en décembre 2020. Ils ont coûté 206 millions de francs, financés par le secteur privé (88 millions), la ville (88 millions) et le canton (30 millions).

Collection Bührle

Le nouveau bâtiment abrite notamment la collection Bührle. Principalement consacrée à la peinture impressionniste et postimpressionniste française, elle comprend également des oeuvres des Nabis, des Fauves, des cubistes et d’autres représentants de l’avant-garde française d’après 1900.

Parmi les oeuvres de la collection figurent des toiles célèbres comme « Le semeur au soleil couchant » de Vincent van Gogh, « La petite Irène » d’Auguste Renoir, le « Champ de coquelicots près de Vétheuil » de Claude Monet ou encore le « Garçon au gilet rouge » de Paul Cézanne. On y trouve aussi des toiles de Canaletto, Modigliani, Ingres, Delacroix, Manet, Degas, Gaugin, Vlaminck, Braque et Picasso.

Un opportuniste impitoyable

Emil Bührle (1890-1956) a acquis ces oeuvres avec l’argent qu’il a gagné en vendant des armes, notamment à l’Allemagne nazie. Une étude mandatée par le canton et la ville de Zurich dépeint Emil Bührle comme un opportuniste impitoyable. Il a commencé à constituer sa collection en 1936, au moment où les expropriations et les persécutions raciales du régime national-socialiste avaient un grand impact sur le marché de l’art.

Selon l’historien Matthieu Leimgruber, de l’Université de Zurich, il est clair qu’Emil Bührle a profité de la situation des juifs persécutés en fuite pour constituer sa collection. Ce n’était pas un nazi, mais il a fait des affaires avec le régime nazi par opportunisme.

Problématique intégrée à la visite

Le Kunsthaus met l’accent sur cette problématique. Une documentation détaillée sur le contexte historique dans lequel Emil Bührle a oeuvré en tant qu’industriel, mécène et collectionneur est intégrée dans le parcours de visite des salles où est exposée la collection, souligne le musée zurichois.

Un site internet (https://buehrle.kunsthaus.ch) fournit des informations détaillées sur la provenance des oeuvres. L’intégralité des archives numérisées de la collection Bührle et de la Société zurichoise des beaux-arts est accessible aux chercheurs dans la bibliothèque du Kunsthaus.

L’extension abrite aussi la collection d’art des années 1960 du Kunsthaus, avec les collections Looser et Merzbacher. Des expositions temporaires y seront également organisées.

Le Kunsthaus prévoit d’accueillir 375’000 visiteurs par an à partir de 2022, contre une moyenne de près de 287’000 visiteurs entre 2014 et 2020. Le budget du musée passe de 20 millions en 2019 à 25 millions dès 2022 et les subventions de la ville de 8,4 à 12,8 millions.

www.kunsthaus.ch

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