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Pékin, Tokyo et Séoul demandent à Pyongyang de ne pas « provoquer »

Le sommet de Chengdu (Chine) a permis un début de rapprochement entre le Japon et la Corée du Sud, avec, pour la première fois en quinze mois, une rencontre entre Shinzo Abe (à droite) et le président sud-coréen Moon Jae-in. KEYSTONE/AP sda-ats

(Keystone-ATS) Pékin, Tokyo et Séoul ont appelé mardi la Corée du Nord à s’abstenir de « provocations », dans un contexte tendu autour du programme nucléaire nord-coréen, au cours d’un sommet tripartite en Chine.

« Nous avons réaffirmé que la dénucléarisation de la péninsule (coréenne) et la paix durable en Asie de l’Est étaient l’objectif commun des trois pays », a déclaré le Premier ministre chinois, Li Keqian, à l’issue de ce sommet organisé à Chengdu (sud-ouest).

La Corée du Nord « doit s’abstenir de provocations » a souligné son homologue japonais Shinzo Abe, précisant qu’il s’agissait d’un « message commun » de Pékin, Tokyo et Séoul.

Pyongyang a récemment procédé à une série d’essais sur sa base de tir de fusées de Sohae, après une succession de tirs de projectiles les semaines précédentes en dépit de plusieurs résolutions de l’ONU.

Pyongyang a promis un « cadeau »

Le régime de Kim Jong Un a fait ces dernières semaines une série de déclarations véhémentes et adressé à Washington un ultimatum pour la fin de l’année. Faute de progrès dans leurs discussions, Pyongyang a promis un « cadeau de Noël ».

Après un rapprochement spectaculaire en 2018, les négociations sur le programme nucléaire nord-coréen sont dans l’impasse depuis l’échec du sommet d’Hanoï en février entre M. Kim et le président américain Donald Trump. L’ancien conseiller américain pour la sécurité nationale John Bolton, limogé en septembre en raison de son désaccord avec la stratégie de M. Trump, affirme que la menace est « imminente ».

Le Japon, allié des Etats-Unis, est en première ligne, constituant une des cibles favorites des essais de missiles du régime de Pyongyang, dont les engins tendent à s’abîmer en mer du Japon, voire à survoler cet archipel.

L’agence de presse officielle nord-coréenne KCNA a qualifié mardi le Japon de « nain politique » et estimé que ses tirs de missiles ne constituaient « aucune menace ».

Timide réchauffement

Le sommet de Chengdu aura également permis un début de rapprochement entre le Japon et la Corée du Sud, avec, pour la première fois en quinze mois, une rencontre entre Shinzo Abe et le président sud-coréen Moon Jae-in.

Au cours d’une conférence de presse à l’issue de la rencontre, le Premier ministre japonais a exhorté Séoul à faire le nécessaire pour que le Japon et la Corée du Sud « retrouvent des relations solides ». Il a cependant insisté sur « la responsabilité » de Séoul dans le règlement des différends entre les deux pays.

Côté sud-coréen, le président Moon a fait part à son interlocuteur japonais de l’importance d’avoir des « conversations franches » pour régler les différends entre leurs pays, a rapporté la presse sud-coréenne. Il a également estimé que la Corée du Sud et le Japon étaient « les plus proches voisins, géographiquement, culturellement et historiquement », selon la présidence.

Les deux hommes, M. Abe en costume bleu marine et M. Moon souriant et vêtu de gris, s’étaient serré la main pendant l’entretien, intervenu en marge du sommet.

Contentieux historiques

Les relations entre Tokyo et Séoul sont plombées depuis des décennies par des contentieux historiques hérités de l’époque où la péninsule coréenne était une colonie japonaise (1910-1945).

Mais la brouille s’est nettement aggravée il y a un an lorsque des tribunaux sud-coréens ont exigé d’entreprises nippones qu’elles dédommagent des Sud-Coréens forcés de travailler dans leurs usines pendant l’occupation japonaise.

Tokyo avait décidé cet été de rayer la Corée du Sud d’une liste d’Etats considérés comme des partenaires commerciaux privilégiés, une mesure perçue comme une sanction par Séoul qui avait aussitôt répliqué par une radiation similaire du Japon, envenimant un peu plus les relations.

« En tant que grande puissance régionale, la Chine espère montrer au monde qu’avec sa force diplomatique elle peut réunir autour d’une même table les dirigeants japonais et sud-coréens », explique à l’AFP Haruko Satoh, une spécialiste de la politique chinoise à l’université d’Osaka, au Japon.

Loin de mettre fin à la totalité des différends entre Tokyo et Séoul, ce geste devrait néanmoins rassurer Washington, inquiet des dissensions entre ces deux alliés clés pour la sécurité en Asie orientale.

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