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Parcours d’une combattante

Ruth Dreifuss, la simplicité. Keystone Archive

Ruth Dreifuss est élue conseillère fédérale le 10 mars 1993, devenant ainsi le 100e membre du gouvernement.

Mais cette élection fait suite à un suspense digne d’un roman policier.

Ce dernier ne sait pas s’il doit accepter ou non son élection. En effet, son parti exige l’entrée d’une femme au gouvernement. La pression vient aussi de la rue où des femmes manifestent quotidiennement.

Après une semaine d’hésitation, Francis Matthey jette finalement l’éponge. Un nouveau nom est alors avancé, celui de Ruth Dreifuss. Celle-ci est alors syndicaliste à Berne, mais a grandi à Genève et y a fait ses classes.

Ruth Dreifuss devient une candidate potentiellement valable, car femme et romande. Elle semble la plus apte à remplacer une Christiane Brunner dont l’Assemblée fédérale ne veut pas. Finalement, Ruth Dreifuss est élue le 10 mars.

Le style Dreifuss

Dès le 1er avril, Ruth Dreifuss remplace son collègue de parti René Felber au gouvernement. Elle prend la tête du département de son choix, celui de l’Intérieur. Elle peut ainsi s’atteler au sauvetage du système social du pays.

Dès les premiers jours, elle se penche sur ses dossiers, voulant en connaître les moindres détails. Mais c’est bientôt l’heure des premières critiques. D’aucuns lui reprochent d’être trop perfectionniste et pas assez efficace. Et, surtout, de ne pas savoir déléguer.

Il y a toutefois aussi des louanges, même parmi les politiciens de droite. On lui reconnaît généralement une grande capacité d’écoute et une bonne maîtrise de ses dossiers.

Mais Ruth Dreifuss c’est surtout un style, celui de la simplicité. Malgré ses hautes fonctions, la ministre continue de se rendre au travail en transports publics. Les habitants de Berne peuvent aussi la croiser au marché.

Autre exemple: en visite dans le camp de réfugiés macédonien de Stenkovac, elle ramène 20 réfugiés avec elle. «Il y avait encore de la place dans l’avion», explique-t-elle alors. C’était ça aussi le style Dreifuss.

Une popularité en baisse

En 1999, c’est le point d’orgue de sa carrière politique. Ruth Dreifuss devient présidente de la Confédération.

Elle est la première femme à accéder à cette fonction. La première personne de confession juive également. Il s’agit de la première «mère de la patrie» comme la surnomment bientôt plusieurs journaux.

Jusqu’à la fin, Ruth Dreifuss sera restée au Département de l’Intérieur, malgré des aptitudes évidentes pour la politique étrangères. On se souvient notamment de son remarquable sang-froid face à un président chinois très irrité d’avoir été hué par les manifestants pro-tibétains sur la Place fédérale à Berne.

Mais l’Intérieur est un poste à risque. La hausse de l’âge de la retraite pour les femmes, mais aussi, et surtout, l’augmentation constante des primes de l’assurance maladie ont finalement rendu Ruth Dreifuss assez impopulaire parmi la population.

Empêtrée dans le dossier de la loi sur l’assurance maladie la ministre de l’Intérieur a aussi perdu une partie de son crédit auprès du monde politique. Reste à voir maintenant si son remplaçant arrivera à faire mieux dans un dossier aussi délicat.

swissinfo/Olivier Pauchard au Palais fédéral

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