Parcours de vie et autoportraits à la Collection de l’Art Brut
(Keystone-ATS) La Collection de l’Art Brut invite dès vendredi à une double découverte. Dans « LIVES », l’institution lausannoise s’intéresse aux parcours de vie des artistes. Le second accrochage donne un coup de projecteur sur les étonnants autoportraits de Karl Beaudelere.
« LIVES. Art brut et parcours de vie » présente sept auteurs des collections du musée, dont Eugenio Santoro (1920-2006) et Madeleine Lanz (1936-2014). Ces créateurs ont en commun d’avoir réalisé la totalité ou une grande partie de leurs oeuvres à un âge avancé.
Suite à un bouleversement dans leur existence, ces artistes ont pris la liberté de créer sans connaissances techniques, ni théoriques. Leur pratique artistique peut se comprendre comme une forme de résilience, de capacité à rebondir après une épreuve.
L’exposition, ouverte jusqu’au 27 novembre, est issue d’une collaboration inédite entre le musée et le Centre suisse de compétence en recherche sur les parcours de vie et les vulnérabilités (Centre LIVES). Ce centre réunit des chercheurs en psychologie et sociologie de plusieurs universités ainsi que de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale.
Autoportraits inquiétants
La deuxième exposition, « Karl Baudelere, autoportraits au miroir », revient sur le parcours de cet auteur qui a grandi dans un quartier populaire de Marseille. En 1972, il découvre « Les fleurs du mal » de Charles Baudelaire, une oeuvre qui le marque profondément au point de choisir plus tard Baudelere comme nom d’artiste.
Le jeune homme se forme dans le domaine de l’imprimerie, travaille ensuite dans une boutique de vêtements, puis comme brocanteur et agent de sécurité. En 2007, il commence à dessiner au pastel et au feutre. Puis il réalise des graffitis au pochoir sur les murs de la ville. Toutes ses créations sont en lien avec l’oeuvre de Baudelaire.
Technique particulière
Dès 2011, il initie en autodidacte une série d’autoportraits avec de simples stylos à bille. Il travaille jusqu’à un mois, parfois plus, sur certains dessins qui sont parfois de très grand format, en scrutant sa propre image dans un miroir.
Il donne naissance à d’étranges visages au tracé très dense, explique le musée. Leur particularité est d’être délimités non par des contours, mais par une succession de cercles ou de traits qui se superposent et font « apparaître » progressivement un visage.
Avec cette technique, les visages semblent sortir du support tels des fantômes à l’inquiétante étrangeté. En 2017, la Collection de l’Art Brut a acquis huit dessins. Ce corpus s’est depuis lors considérablement enrichi et compte désormais 67 dessins, grâce à une importante donation de l’artiste et au soutien d’une fondation. L’exposition est à découvrir jusqu’au 30 octobre.