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Pas de pause du week-end pour la crise financière

Le président du conseil d'administration d'UBS Peter Kurer a dû relativiser ses déclarations concernant les bonus. Keystone

La crise financière mondiale, et plus particulièrement le plan de sauvetage d'UBS, ont constitué l'essentiel de l'actualité du week-end. Le Parti socialiste a notamment présenté une alternative au plan gouvernemental. Quant l'opinion publique, elle estime qu'il est nécessaire d'agir.

Selon un sondage diffusé dans le SonntagsBlick, quelque 47% des sondés considèrent que l’action de l’Etat en faveur d’UBS était justifiée, compte tenu de la gravité de la situation, tandis que 37% pensent le contraire.

La Suisse romande est moins conquise que la partie alémanique du pays: au total, seuls 42% des Romands sont favorables à l’intervention de l’Etat. En revanche, avec 9 sondés sur 10, l’accord est général pour dire qu’UBS devra rendre l’argent prêté.

Une meilleure protection des épargnants est également plébiscitée. Pour 71% des sondés, la garantie doit passer de 30’000 francs à au moins 80’000 francs.

Un véritable droit de regard

Le Parti socialiste (PS) a réaffirmé ce week-end son opposition au plan de sauvetage d’UBS tel quel prévu par le gouvernement. Il riposte donc par un contre-projet prévoyant l’entrée de la Confédération dans le capital de la banque, intitulé «des actions, pas des chiffons: une véritable contrepartie pour la Confédération».

«Si l’Etat investit aussi massivement dans UBS, il doit aussi pouvoir exercer un véritable contrôle», a expliqué dimanche le sénateur socialiste Alain Berset. Il n’y a aucune raison pour que la Suisse ne s’aligne pas sur la voie choisie par les Etats- Unis et les pays de l’Union européenne, a-t-il ajouté en substance.

Selon le projet du gouvernement, 60 milliards de dollars d’actifs «illiquides» d’UBS doivent être transférés dans une entité juridique basée aux îles Cayman, dont 54 milliards prêtés et contrôlés par la Banque nationale suisse (BNS). L’UBS injectera les 6 milliards restants, fournis en fait par la Confédération.

Concrètement, le scénario du PS prévoit que la Confédération et les cantons fondent une société d’investissement de droit suisse, détenue pour un tiers par la première et à deux tiers par les seconds. Le parti a aussi élaboré un second scénario, proposant une amélioration minimale du plan de la Confédération.

Pour éviter que les bénéfices ne soient privatisés et les pertes socialisées, le PS veut ainsi que les pertes de la société de portage soient entièrement couvertes par des actions UBS. Les 100 millions d’actions UBS prévues par le projet fédéral – et représentant environ 2 milliards de francs au cours actuel – sont parfaitement insuffisantes, estime le PS.

Un non du Parlement poserait problème

Si le Parlement rejetait l’emprunt convertible de 6 milliards de francs alloué par la Confédération à UBS, cela poserait de gros problèmes, a estimé de son côté Peter Siegenthaler. Mais le directeur de l’administration fédérale des finances est confiant dans l’issue du vote.

Le gouvernement a requis et obtenu l’aval de la délégation parlementaire des finances, a-t-il rappelé dans la presse alémanique. Ces engagements doivent être tenus, sous peine de devoir payer de gros dédommagements.

Selon lui, l’Etat ne devrait plus intervenir, à moins que les relations interbancaires restent grippées. Dans ce cas, seule une garantie étatique des crédits interbancaires pourrait relancer la machine.

Bonus en ligne de mire

Alors que la Confédération dévoilait jeudi son soutien massif à UBS, Peter Kurer, président de la banque en question, déclarait le soir même, qu’il n’excluait pas que ses banquiers touchent encore des bonus.

La riposte ne s’est pas faite attendre. «Je ne peux pas accepter que l’on accorde des bonus lorsqu’on dilapide autant d’argent», a dit la ministre des Finances par intérim Eveline Widmer-Schlumpf.
Peter Kurer a cherché ensuite à relativiser ses déclarations, prononcées «dans le feu de l’action».

Selon Sonntag, près de 7 milliards de francs devraient être versés sous forme de bonus aux cadres dirigeants d’UBS au printemps prochain. Selon la porte-parole de la banque, Eveline Müller-Eichenberger: «Des bonus seront versés. Mais le montant sera plus faible que l’année précédente» (12,5 milliards).

Ospel visé

De son côté, le président du parti socialiste Christian Levrat a annoncé vouloir déposer une plainte civile contre Marcel Ospel, l’ancien dirigeant d’UBS. Il entend porter ce point à l’ordre du jour lors de la prochaine assemblée générale extraordinaire de novembre.

Outre les socialistes, les Verts et le Parti radical-démocratique (PRD / droite) veulent mettre le hola aux bonus.

swissinfo et les agences

Le gouvernement suisse a annoncé jeudi matin plusieurs mesures en faveur du secteur bancaire.

La Confédération décharge le bilan d’UBS d’actifs illiquides pour un montant maximal de 60 milliards de dollars. Ces éléments seront transférés dans une société ad hoc, entièrement contrôlée par la Banque nationale suisse (BNS).

Les autorités ont également demandé à Credit Suisse d’augmenter ses fonds propres d’environ 10 milliards de francs.

Enfin, le gouvernement a annoncé qu’il souhaitait mieux protéger les dépôts d’épargne qui ne sont pour l’heure protégés qu’à hauteur de 30’000 francs. Un message au Parlement est en cours d’élaboration en vue de la prochaine session d’hiver.

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