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Pascal Couchepin vu par nos rédactions internationales

Keystone

Un homme de communication et d'ouverture, à différents niveaux. Au moment où il annonce sa démission pour le 31 octobre, c'est le sentiment laissé par le conseiller fédéral Pascal Couchepin aux rédactions internationales de swissinfo.ch.

Sur le départ ou presque, Pascal Couchepin ne devrait pas s’ennuyer ensuite. «Vous verrez, ce sera honorable et quelque chose qui me fait plaisir intellectuellement. Ce ne sera pas de la politique au sens partisan du terme», a-t-il confié en conférence de presse vendredi matin.

«L’un des aspects des deux présidences Couchepin, peut être passé inaperçu, a été celui du dialogue intellectuel qu’il menait régulièrement avec les élites du monde arabe», juge d’ailleurs Kamel Dhif, responsable de la rédaction arabe de swissinfo.ch.

«A chacun de ses déplacements dans un pays de la région, ce grand lecteur tenait à rencontrer des personnalités religieuses, universitaires, intellectuelles et de la société civile.»

Au cours de ces rencontres, il rappelait son refus du «choc des civilisations» et d’un «dialogue des civilisations» qui occulte les vrais problèmes. Il appelait à «aller au delà de ce dialogue des civilisations» et à faire l’effort nécessaire pour mieux comprendre «leur fonctionnement de l’intérieur».

D’ailleurs, rappelle encore Kamel Dhif, Pascal Couchepin considère que «l’ouverture d’un dialogue avec les musulmans vivant en Europe» constitue «l’un des plus grands défis» à relever par les Européens au cours des prochaines années. C’est pourquoi, il a toujours insisté sur la nécessité du «dialogue» et du «respect de la diversité».

Une double image

«L’image que l’on a de lui en Suisse – et que je partage – est celle d’un politicien qui polarise par ses décisions et ses propositions, qui n’est pas une personnalité rassembleuse, observe pour sa part Juan Espinoza, jusqu’il y a peu responsable de la rédaction hispanophone de swissinfo.ch. Dans ses missions à l’étranger par contre, l’image qu’il donnait était très différente.»

A Madrid (ARCO 2003) comme à Barcelone (visite de l’école suisse), Pascal Couchepin s’est toujours montré «très détendu, très communicatif, doté d’une grande capacité à entamer la discussion avec les autorités mais aussi avec tous ceux qui l’approchaient.»

Ce que Juan Espinoza retient du ministre, sur un plan plus politique, c’est avant tout son attachement à la défense de la collégialité et du consensus au sein du Conseil fédéral. Son départ rimera-t-il avec coup de sac au sein de l’équilibre gouvernemental? «C’est la question qui m’intéresse aujourd’hui.»

Un ministre au Brésil

Responsable de la rédaction portugaise de swissinfo.ch, Claudine Goncalves se souvient d’un déplacement effectué en 1999 au Brésil avec un Pascal Couchepin alors ministre de l’économie. Son seul «long» voyage dans ce pays: São Paulo, Brasília, Curitiba et, pour finir, en privé, les chutes de Iguaçu…

A Brasília surtout, beaucoup de rencontres politiques au menu. Des rencontres préparées au petit déjeuner, avec les ténors de l’économie suisse.

Ensuite, «lorsque son intervention n’était pas ‘bien ajustée’, un représentant de la branche intervenait pour préciser les choses. Je me souviens d’une rencontre, à la Banque centrale du Brésil, où un banquier suisse a pris la parole pour ne plus la lui rendre qu’au moment des remerciements d’usage…»

Souvenir de Pékin

«Sympathique et intelligent», voilà ce qui qualifie le mieux le ministre aux yeux de la journaliste de la rédaction chinoise de swissinfo.ch Yang Xudong, qui l’a rencontré lors des Jeux olympiques de Pékin l’an dernier.

En Chine, l’ancien Président de la Confédération a laissé une impression positive, ayant à l’époque pris position en faveur de Pékin sur la question de la situation des droits de l’homme et son traitement par la presse occidentale pendant les JO.

Bien qu’il s’y soit rendu à plusieurs reprises, Pascal Couchepin reste toutefois largement méconnu de la Chine et des Chinois, constate la rédaction dédiée de swissinfo.ch.

Inconnu des Chinois, mais pas d’Urs Geiser, journaliste parlementaire du service anglophone de swissinfo.ch. Pour lui, Pascal Couchepin frappe, avant tout, par sa présence physique, «un homme grand qui marche à grands pas».

«Avec lui, les conférences de presse avaient une dimension divertissante. Mais il pouvait aussi être légèrement irritant, avec son mélange de suprême certitude et de distance.»

Pierre-François Besson, swissinfo.ch

Annonce. Agé de 67 ans, le conseiller fédéral libéral-radical (droite) a annoncé vendredi sa démission pour le 31 octobre.

Poste. A l’exécutif national depuis 1998, président de la Confédération en 2003 et 2008, il a été patron du Département fédéral de l’économie jusqu’en 2003, avant de passer à celui de l’intérieur.

Domaines. A ce titre, il chapeaute les assurances sociales, la santé, l’éducation et la recherche, les politiques familiale, de la jeunesse, de la culture ou les questions relatives aux religions.

Bilan. Sa carrière politique de 41 ans a été ponctuée de 27 élections, sans échec, et de 22 campagnes de votation conduites au nom du gouvernement, dont dix-neuf gagnées.

Conseil. Eternel dernier des sondages, le ministre a constaté vendredi qu’il n’y avait pas besoin d’être aimé des sondages pour durer. Il a appelé à se méfier des enquêtes d’opinion, du «bling-bling, du spumante» pour aller plutôt au fond des choses.

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