L’embellie économique doit profiter à tous
Pour l'union syndicale suisse (USS), la population dans son ensemble – et pas seulement les cadres - doit bénéficier de la reprise économique prévue en 2006.
De son côté, le patronat exige du monde politique une attitude plus constructive ainsi que l’assainissement des finances publiques et des œuvres sociales.
Dans les faits, l’USS va mener une campagne salariale – dont le slogan sera «l’égalité des salaires» – afin que les bas et moyens revenus bénéficient de la reprise. Ses actions viseront aussi à contrer la pénurie de places d’apprentissage et à imposer un modèle de retraite flexible.
Les perspectives économiques pour 2006 sont tout compte fait favorables, a souligné jeudi Paul Rechsteiner. Selon le président de l’USS, l’embellie devrait enfin être à nouveau sensible sur une large échelle et pour la grande majorité de la population à bas et moyens revenus.
Attention à la libre circulation
Tous les travailleurs, et pas seulement les cadres, doivent profiter de la reprise, a renchéri Serge Gaillard, premier secrétaire de l’USS. Dans ce contexte, l’USS veillera aussi tout particulièrement à la mise en œuvre des mesures d’accompagnement à la libre circulation des personnes.
Elle sera ainsi particulièrement attentive aux salaires perçus par les travailleurs étrangers qui peuvent désormais exercer leur profession en Suisse, en vertu des accords bilatéraux passés avec l’Union européenne.
Pour mémoire, le peuple suisse a approuvé en septembre 2005 l’extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux membres de l’UE. Et les syndicats surveilleront les mesures que vont prendre les cantons en matière d’engagement d’inspecteurs et de contrôle des salaires.
Places d’apprentissage et retraite
Autre cheval de bataille de l’USS: la pénurie de places d’apprentissage. L’Union syndicale fera donc pression pour que chaque jeune puisse suivre une formation, quelles que soient ses origines sociales.
Concrètement, l’USS s’assurera que les promesses faites par le ministre de l’économie Jospeh Deiss et par les organisations d’employeurs soient tenues. Il s’agit notamment de créer 10’000 places supplémentaires d’ici l’été. L’USS tient aussi à la nomination d’un délégué du Conseil fédéral (gouvernement) à l’emploi des jeunes et à la formation des apprentis.
L’USS va également focaliser toute son énergie sur le problème de la retraite. L’organisation s’oppose en effet à la nouvelle mouture de la 11e révision de l’AVS (système des retraites) proposée par le Conseil fédéral.
Celle-ci prévoit un nouveau régime de préretraite – avec une rente-pont – conditionné au relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans pour les femmes (actuellement l’âge de la retraite des femmes est de 62 ans).
Cette nouvelle version est «une proposition radine, combinant faiblesse des prestations, difficulté des obstacles à franchir et mesquinerie de la réglementation», estime Colette Nova, secrétaire dirigeante de l’USS.
L’USS compte sur son initiative populaire, dite «pour un âge de la retraite de l’AVS flexible» et lancée en juin dernier pour rectifier le tir.
La position du patronat
Les femmes ont aujourd’hui davantage de chances de rester actives sur le plan professionnel, même avec des enfants, estime pour sa part le directeur de l’Union patronale suisse (UPS) Peter Hasler. Dans quelques années, concilier vie professionnelle et vie familiale ira de soi.
Le président de l’UPS, Rudolf Stämpfli, demande quant à lui au Conseil fédéral et aux partis politiques d’être plus constructifs et consensuels. L’assainissement des finances publiques et des œuvres sociales doit être une priorité pour tous, explique-t-il dans un commentaire publié jeudi dans le journal des patrons «Employeur suisse».
Selon Rudolf Stämpfli, si la timide reprise de l’économie suisse donne des raisons d’être optimiste, les conditions-cadre sont par contre inquiétantes.
Jusqu’ici, la volonté politique de réduire réellement l’endettement a fait défaut: les budgets des collectivités publiques brillent souvent par leur manque de sens des réalités et les programmes d’allégement budgétaire remettent au lendemain ce qui pourrait être fait le jour même.
swissinfo et les agences
– L’Union syndicale suisse regroupe 16 syndicats et près de 380’000 membres.Elle se veut neutre d’un point de vue confessionnel et indépendante des partis politiques. Elle a fêté ses 125 d’existence l’an dernier.
– L’Union patronale suisse est une association faîtière regroupant plus de 70 organisations d’employeurs. Elle a été constituée en 1908.
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