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Le chômage divise Latins et Alémaniques

En Suisse romande, le sort des chômeurs a davantage préoccupé les votants qu’en Suisse alémanique. Keystone

La révision de la loi sur l’assurance-chômage a passé l’obstacle des urnes. C'est une défaite pour la gauche suisse. Mais ce qui frappe dans ce vote, c’est de voir à quel point les questions sociales divisent les communautés linguistiques du pays.

Nul besoin d’avoir fait des années de sciences politiques pour tirer le principal enseignement de cette votation. Il suffit en effet de jeter un œil sur la carte des résultats pour s’apercevoir que la révision a été acceptée par tous les cantons alémaniques, mais en revanche refusée par les minorités francophone et italophone.

Seul le canton de Bâle-Ville fait exception. Le «non» s’y est imposé de justesse, par moins de… 500 voix! Mais ce n’est là qu’une demi-surprise. Ce n’est en effet pas la première fois que Bâle-Ville vote différemment du reste de la Suisse alémanique. Généralement ce cas de figure s’applique à des votes sur les questions européennes.

Conjoncture et tradition

Constater le clivage entre latins et alémaniques est une chose, mais reste encore à l’expliquer. Or cette explication semble tenir à deux éléments.

D’une part, les cantons latins ont toujours été plus fortement touchés par le chômage que les cantons alémaniques. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’ils aient été plus sensibles au sort des chômeurs. On peut donc parler d’explication conjoncturelle.

Mais, de manière plus générale, ce vote montre une nouvelle fois que Romands et Alémaniques ne partagent pas la même vision sur les questions sociales. Peut-être sous l’influence de la France, la Suisse romande est traditionnellement plus ouverte à la notion d’«Etat social» et parfois même aussi de «centralisme étatique». La Suisse alémanique, en revanche, a une vision beaucoup plus libérale, plus proche de celle du monde anglo-saxon.

Le vote de dimanche n’est pas le premier à mettre ce fait en évidence. Et certainement pas le dernier non plus.

Un paquet bien ficelé

Mais la révision a aussi d’autant mieux passé la rampe que le projet proposé était bien ficelé. Le gouvernement et la majorité bourgeoise du Parlement n’ont pas commis l’erreur de présenter une révision uniquement basée sur des coupes de prestations, ce qui aurait pu être vu comme un démantèlement social.

En incluant également un volet «nouvelles recettes», qui prévoit notamment une cotisation de solidarité pour les hauts salaires, les partisans de la révision ont présenté un projet qui peut être considéré comme «équilibré», un argument qui aura certainement fait mouche.

De plus, les partisans ont été aidés par les circonstances. D’abord, le taux de chômage, après avoir dans un premier temps fortement augmenté, a commencé à refluer depuis quelques mois. D’autre part, les spécialistes de l’économie parlent de plus en plus de reprise. Ces bonnes nouvelles économiques auront certainement fait baisser la crainte de beaucoup de citoyens de se retrouver bientôt personnellement touchés par le phénomène du chômage.

Au plan plus politique, le débat sur la révision de l’assurance-chômage a été quelque peu occulté au cours des dernières semaines par l’élection de deux nouveaux ministres au gouvernement. Or, généralement, moins le débat politique est vif, moins il favorise les partisans d’un référendum.

Défaite pour la gauche

Enfin, ce vote marque une défaite pour la gauche. Une défaite d’autant plus grave pour elle qu’elle porte sur l’un de ses chevaux de bataille: la lutte contre le démantèlement social.

La gauche suisse dispose d’un socle se sympathisants situé à environ 35% de l’électorat. Pour que ses référendums passent la rampe des urnes, il faut donc que le projet soumis au vote cristallise des oppositions qui vont au-delà de la seule gauche. Or ce n’était cette fois pas le cas, d’où la défaite.

Une victoire ce dimanche aurait pu donner un véritable coup de fouet à la gauche à un an de prochaines élections fédérales. Mais l’essai n’a pas été transformé. La gauche, et plus spécialement le Parti socialiste, aura donc beaucoup de pain sur la planche d’ici les élections de l’automne 2011.

Cotisations

Les cotisations salariales, payées à parts égales par l’employé et l’employeur, passent de 2 à 2,2% pour les salaires jusqu’à 126’000 francs par an.

Une contribution de solidarité de 1% sera prélevée sur la part de salaire comprise entre 126’000 et 315’000 francs par an, jusqu’à ce que le déficit de l’assurance soit comblé.

Prestations

Pour les assurés entre 25 et 55 ans: il faudra cotiser durant au moins un an et demi (actuellement un an) pour percevoir le maximum de prestations (400 indemnités journalières).

Pour les assurés de plus de 55 ans: les prestations maximales (520 indemnités journalières) ne seront versées qu’à ceux qui ont cotisé pendant au moins deux ans (actuellement un an et demi).

Pour les assurés de moins de 25 ans: des cotisations pendant au moins un an donneront droit à 200 indemnités journalières, au lieu de 260 actuellement. Les jeunes qui n’ont pas encore cotisé, ne recevront que 90 indemnités journalières.

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