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La satisfaction règne chez les vieux ennemis du nucléaire

Vue sur la centrale de Mühleberg depuis l Aar.
La centrale de Mühleberg, dans le canton de Berne, sera définitivement débranchées d'ici la fin de l'année 2019. Keystone/Peter Klaunzer

A quelques semaines du débranchement d’une première centrale nucléaire en Suisse, le débat autour de sa sécurité est déjà retombé. Après des décennies de lutte, l’exploitant de la centrale de Mühleberg et les opposants au nucléaire semblent désormais tirer à la même corde.

Pendant des années, ils ont été ennemis. Aujourd’hui, ils se complimentent les uns les autres. «La différence par rapport à avant est frappante. J’ai fait la connaissance des nouvelles Forces motrices bernoises (BWKLien externe), qui dialoguent avec la population et qui ne se contentent plus d’envoyer des communiqués», déclare Peter Stutz. Le président de l’association NWALien externe (nie wieder Atomkraftwerke / plus jamais de centrale nucléaire) représente son organisation au sein du «groupe d’accompagnement ONG», que les BKW ont instauré en 2015 pour aussi associer des experts critiques au démantèlement des centrales nucléaires.

«Dans ce groupe d’accompagnement, nous sommes toujours très bien informés. Les responsables, qu’il s’agisse de la section nucléaire ou démantèlement, et peu importe à qui on voulait parler, étaient chaque fois autour de la table pour répondre à toutes nos questions», poursuit-il.

Même le blog energisch.chLien externe, très critique face au nucléaire, a renoncé à s’opposer au projet de démantèlement. «Les préoccupations les plus importantes apparues de la consultation ont été assurées en termes de contenu, écrit-il. En particulier, il est garanti que tous les systèmes de sécurité devront être maintenus ou, mieux encore, améliorés jusqu’au démantèlement effectif, à savoir lorsque les éléments combustibles auront été retirés du réacteur pour être placés dans le bassin de refroidissement.»

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«Deux femmes compétentes ont retourné la situation»

Peter Stutz attribue le fait que les BKW aient décidé en 2013 de fermer leur seule centrale nucléaire fin 2019 et que leur projet de démantèlement n’ait jusqu’à présent guère été critiqué à «une heureuse combinaison de plusieurs facteurs»:

  • La résistance à la centrale: «les attaques incessantes de l’extérieur ont fait que la centrale était prête à tomber»
  • La forte baisse des prix de l’électricité
  • Fukushima: «après la catastrophe au Japon, les autorités de contrôle ont exigé des améliorations coûteuses à Mühleberg, qui présente le même type de réacteur»
  • Deux femmes compétentes: «l’ancienne représentante du canton de Berne dans le conseil d’administration des BKW, Barbara Egger, s’est fortement investie pour une fermeture. Avec la patronne des BKW, Suzanne Thoma, elles ont réussi à retourner la situation», se réjouit Peter Stutz.

Pas encore de stockage définitif en vue

La décision de déclasser une «centrale nucléaire sûre» a été prise en 2013 pour des raisons économiques, expliquaient les BKW à l’époque. En raison de la baisse des prix de l’électricité et des rénovations exigées par les autorités à la suite de la catastrophe de Fukushima, il n’était plus possible d’exploiter cette centrale de manière rentable.

Il faut s’attendre à des coûts d’au moins trois milliards de francs suisses pour le démantèlement. Il est plus difficile d’estimer les coûts du stockage définitif des déchets nucléaires. Les installations ne seront pas prêtes avant 2050 environ et pour l’instant, personne ne sait encore où ce lieu de stockage sera construit en Suisse.

La centrale nucléaire de Mühleberg couvrait environ 5% de la consommation d’électricité de la Suisse. Les BKW expliquent que l’approvisionnement de base ne sera pas menacé à l’avenir. La société indique n’être jusqu’à présent toujours pas dépendante des importations.

Acquérir de l’expérience

Sur près de 600 centrales nucléaires dans le monde, une petite dizaine seulement ont été complètement démantelées à ce jour. Personne en Suisse n’avait l’expérience du démantèlement d’une centrale nucléaire. Pour ces travaux, les BKW s’appuient principalement sur leur personnel, qui connaît chaque vanne et chaque vis de la centrale. Ce n’est que pour les travaux les plus difficiles qu’il sera fait appel à des entreprises extérieures spécialisées.

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Le responsable du projet de démantèlement, Stefan Klute, avait précédemment travaillé sur le démantèlement de centrales nucléaires en Allemagne et dans d’autres pays. Mais Suzanne Thoma, la directrice générale des BKW, a déclaré aux médias que la Suisse innovait, notamment sur le plan organisationnel et juridique.

(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

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