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Le nouveau syndicat UNIA sort ses troupes

Le rocker italien Edoardo Bennato a chauffé l'ambiance sur la place fédérale. Keystone

Répondant à l'appel du géant syndical nouveau-né, quinze mille personnes ont manifesté samedi à Berne contre le dumping social et salarial.

UNIA exige notamment des mesures d’accompagnement supplémentaires en marge de l’élargissement de l’Union européenne.

Sous le slogan: «Augmentez nos salaires! Non au dumping salarial!», le premier grand rendez-vous fixé par le supersyndicat né il y a quinze jours a donc rassemblé dans le calme quinze mille manifestants (selon la police et les organisateurs).

Coprésident dudit syndicat, Vasco Pedrina a exprimé le ras-le-bol des travailleurs. «Nous en avons assez de ces managers qui dilapident des milliards, suppriment nos emplois et encaissent au passage des millions».

Et de poursuivre: «Nous en avons assez que nos salaires suffisent à peine à payer des caisses-maladie et des loyers hors de prix».

Le syndicat UNIA, issu de la fusion du SIB, de la FTMH, de la FCTA, d’unia et d’actions unia, réclame notamment une hausse de 120 francs par mois dans la construction et des salaires minimaux de 4.000 francs à moyen terme dans la vente de détail.

UNIA exige même 2,5% à 3,5% de plus pour les employés de Coop et Migros, et milite pour un 13e salaire dans l’hôtellerie-restauration.

«Un mauvais western»

Autre préoccupation du syndicat: la sous-enchère salariale liée à l’extension de l’accord sur la libre circulation des personnes aux dix nouveaux Etats membres de l’UE.

Selon Vasco Pedrina, le marché du travail ressemble à «un mauvais western» depuis que les résidents de courte durée originaires de l’UE peuvent travailler en Suisse sans autorisation.

Et de dénoncer des cas «scandaleux» de salaires parfois 50% inférieurs aux minima fixés dans les conventions collectives de travail (CCT): il arrive que le travail qualifié soit payé 15 francs de l’heure, assure le coprésident.

Il s’agit donc de traquer les moutons noirs parmi les entreprises de travail temporaire et les «faux indépendants».

L’UDC mise en cause

Vasco Pedrina s’en est également pris à l’Union démocratique du centre (UDC – droite dure). Ce parti s’oppose aux mesures de protection et encourage la pression salariale, a regretté l’orateur.

Concrètement, UNIA exige du Parlement et du gouvernement des mesures d’accompagnement efficaces. «Si rien ne se passe, nous n’hésiterons pas à lancer un référendum», avertit Renzo Ambrosetti, autre co-président.

Membre de la direction du secteur tertiaire UNIA, Catherine Laubscher a pour sa part appelé à signer le référendum contre l’ouverture des magasins le dimanche, lancé récemment.

Il s’agit selon elle d’un combat de société pour le maintien d’un minimum de qualité de vie.

Une résolution de synthèse

Samedi toujours, les manifestants ont synthétisé leurs revendications dans une résolution qui exige notamment 2% à 3% d’augmentation de salaire.

Mais aussi que soit mis un terme à la discrimination salariale à l’égard des femmes, qui touchent encore des salaires jusqu’à 20% inférieurs aux hommes pour des prestations égales.

UNIA a mis en garde patrons et politiciens. Des actions de boycott, voire de grève, interviendront si ces prétentions ne rencontrent pas d’écho.

swissinfo et les agences

Un travailleur sur quatre en Suisse est étranger.
Un peu moins de 60% de la force de travail étrangère est originaire des pays de l’Union européenne.
Les secteurs de la construction, de l’hôtellerie-restauration et de la santé fonctionnent grâce à une part importante de main d’œuvre étrangère.

– Issu de la fusion des syndicats SIB, FTMH, FCTA, unia et «actions unia», UNIA fédère 200’000 personnes dans 60 branches professionnelles.

– Le nouveau syndicat représente un million de travailleurs et emploie lui-même 900 collaborateurs.

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