Les Suisses contre le travail jusqu’à 67 ans
Les Suisses désapprouvent le ministre de l'Intérieur Pascal Couchepin en matière de sécurité sociale. C'est du moins le résultat d'un sondage publié dimanche.
Les syndicats promettent pour leur part un automne très chaud sur le front social.
Depuis une bonne semaine, le Conseiller fédéral en charge des assurances sociales subit les critiques. Elles se fondent sur les projets de réformes de la sécurité sociale que lui prête la presse.
Si Pascal Couchepin dévoile ses plans lundi seulement, des fuites ont laissé augurer de leur contenu. C’est sur cette base que les journaux «SonntagsBlick» et «Dimanche.ch» ont publié leur sondage.
D’après cette prise de température (Isopublic) auprès de 600 personnes, seuls 17% des Suisses accepteraient l’idée d’une augmentation de l’âge de la retraite à 66 ans dès 2015, et à 67 ans dès 2025.
Autrement dit, 79% des Suisses refuseraient de travailler jusqu’à 67 ans.
Et bien que le projet du président de la Confédération favorisent les jeunes, 72% de la catégorie des 18-34 ans s’y opposent.
Doutes concernant le capitaine
Une autre proposition recueille 58% d’avis défavorables, contre 29% en sa faveur. C’est l’idée d’adapter les rentes AVS au renchérissement, mais en ignorant dorénavant l’évolution des salaires.
L’objectif visé par cette mesure est une baisse du niveau des rentes.
Cela étant, les Suisses admettraient mieux une augmentation des cotisations des employés et des employeurs dans le but d’assainir les caisses de pension. Quatre sondés sur dix estiment l’idée admissible, 46% la refuse.
Cette proposition remporterait du reste davantage de soutien en Suisse alémanique – 42% – qu’en Suisse romande – 36%.
Reste qu’une majorité des personnes interrogées ne fait pas confiance à Pascal Couchepin pour assurer à long terme l’avenir de la sécurité sociale. Un sondé sur deux (54%) se méfie de sa capacité à tenir la barre, contre 36% qui se disent confiants.
Et c’est chez les jeunes que le ministre obtient le plus large soutien. Les 18-34 ans sont 48% à lui accorder leur confiance, contre 28% chez les plus de 55 ans.
Automne chaud en vue
Au-delà de ce sondage, les plans sur les retraites de Pascal Couchepin suscitent la colère des syndicats.
Dans le journal «NZZ am Sonntag» par exemple, le président de l’Union syndicale suisse (USS) parle d’une «lutte des classes menée d’en haut».
Paul Rechsteiner voit dans ces propositions une «menace fondamentale» pour l’Etat social suisse. Il estime notamment que l’assurance vieillesse est saine et qu’il faut au contraire avancer l’âge de la retraite pour les petits et moyens revenus.
S’il brandit la menace d’un «automne très chaud» sur le front social, le président de l’USS refuse toutefois d’en appeler à la grève. Car il ne s’agit pas de contester les employeurs, mais les autorités politiques.
Son collègue de la seconde centrale syndicale suisse envisage pour sa part l’organisation de tels mouvements.
Dans le journal «Sonntagszeitung», Hugo Fasel indique que «si l’âge de la retraite augmente, nous devons prendre des mesures de combat: des débrayages dans certaines branches doivent susciter de meilleures solutions».
Pour le président de Travail.Suisse, les plans du ministre des affaires sociales concernent les 40 prochaines années. Et à ses yeux, ce ne sont que «propagande à bon marché» et prédictions «dans le marc de café».
swissinfo et les agences
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