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Non à l’extension de la libre circulation

Les membres du comité «pour des emplois sûrs et des assurances sociales saines» ont lancé leur campagne vendredi à Berne. Keystone

Le comité pour le non à l’extension de la libre circulation des personnes aux nouveaux membres de l’UE craint chômage et dumping salarial.

Le gouvernement, les milieux économiques, les syndicats et les paysans se sont déjà prononcés pour un oui le 25 septembre.

Accepter l’extension de l’accord de libre circulation aux dix nouveaux pays membres de l’Union européenne (UE) revient à ouvrir le marché suisse du travail à des pays connaissant un chômage massif, des salaires très bas et une sécurité sociale rudimentaire, ont déclaré les membres du comité «pour des emplois sûrs et des assurances sociales saines» vendredi à Berne.

Réunis sous cette étiquette, l’Union démocratique du centre (UDC/droite dure) de la Lega, des Démocrates suisses (DS) et de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) font campagne en brandissant la menace des pertes d’emploi en Suisse.

Pour la droite isolationniste, les conséquences d’un «oui» sont «évidentes»: chômage en hausse, salaires en baisse et charges supplémentaires massives pour les assurances sociales. Ils accusent le gouvernement, les organisations patronales et les syndicats de minimiser le danger.

«Il suffira qu’une personne provenant de l’Europe de l’Est travaille une année en Suisse pour qu’elle ait droit aux pleines prestations de l’assurance chômage», a dit le député tessinois Attilio Bignasca. Puis, une fois en fin de droit, elle se tournera vers l’assurance invalidité et l’AVS.

La Suisse risque de glisser dans l’abîme, a renchéri le député Luzi Stamm en agitant le spectre d’une immigration en masse lorsque la Bulgarie, la Roumanie, la Turquie et les Etats des Balkans auront rejoint l’UE. Car, selon lui, le peuple suisse votera aussi le 25 septembre sur l’extension automatique de la libre circulation aux futurs pays membres de l’Union.

Syndicats et patrons critiqués

Le comité se pose en défenseur des travailleurs suisses et des PME, jugeant «grotesque» l’alliance entre syndicats et milieux économiques en faveur du «oui». Selon lui, le renforcement des mesures d’accompagnement, il n’a pour premier but que de «leurrer le peuple».

Il juge inefficace et coûteux l’engagement de nouveaux inspecteurs du travail et considère que le problème du dumping salarial peut être résolu beaucoup plus efficacement en faisant appel à la responsabilité individuelle. La droite isolationniste ne croit pas plus aux vertus des délais transitoires jusqu’en 2011: une fois qu’ils seront échus, les salaires baisseront et le chômage augmentera.

Enfin, le comité refuse de croire qu’en cas de «non» l’UE dénoncera l’accord sur la libre circulation des personnes et enterrera de facto toutes les bilatérales I.

«Cet argument a été inventé de toutes pièces par les partisans» de l’extension, a critiqué Luzi Stamm. Selon le conseiller national, Bruxelles n’aurait aucun intérêt à se montrer si ferme.

Les arguments des partisans

Pour mémoire, le 4 juillet dernier, la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey, le ministre de l’Economie Joseph Deiss et même le ministre de la Justice Christoph Blocher avaient fait front commun pour le «oui».

Ces derniers ont notamment évoqué les contingents d’immigrants et les mesures d’accompagnement pour justifier leur position favorable à l’extension de la libre circulation des personnes aux nouveaux pays membres de l’UE.

Outre le gouvernement, (Conseil fédéral), trois partis gouvernementaux – radicaux (PRD), sociaux-démocrates (PS) et démocrates-chrétiens (PDC) sont dans le camp du «oui». Les employeurs et les syndicats sont également sur la même longueur d’onde.

Le président de l’Union patronale suisse Rudolf Stämpfli rappelle qu’un poste de travail sur trois dépend directement ou indirectement de l’Union européenne alors que le président de l’Union syndicale suisse Paul Rechsteiner affirme qu’il n’est pas envisageable que la Suisse soit le seul pays du monde à faire durablement la différence entre Européens de première et de deuxième classe.

Vendredi, l’Union suisse des paysans (USP) a déclaré vouloir également lutter pour le oui aux côté de L’Union suisse des arts et métiers (USA). Les entreprises représentées par ces deux associations dépendent en effet des travailleurs étrangers.

L’USAM et l’USP ont décidé, au vu de l’importance capitale de la votation du 25 septembre, de participer activement à la campagne. A cet effet a été constitué cette semaine le comité «l’économie de proximité pour un OUI à la libre circulation des personnes».

swissinfo et les agences

Le peuple votera le 25 septembre sur l’extension de l’accord de la libre circulation des personnes avec les dix nouveaux membres de l’UE.
Cette extension a déjà été acceptée par le Parlement suisse.
Le peuple doit toutefois se prononcer, car les Démocrates suisses ont obtenu les signatures nécessaires (92’901) pour le référendum.

– L’UE (1er mai 2004), les accords bilatéraux entre la Suisse et l’UE ont été automatiquement étendus aux dix nouveaux Etats membres. A l’exception de l’accord sur la libre circulation des personnes.

– Une réglementation transitoire spéciale face à ces nouveaux Etats membres a été ajoutée à l’accord existant (protocole additionnel). Ce régime transitoire vise une ouverture progressive du marché suisse du travail.

– Des restrictions (priorité des travailleurs indigènes, contingentement, contrôle des conditions de salaire et de travail) pourront être maintenues jusqu’au 30 avril 2011.

– Le 1er mai 2004, dix nouveaux pays ont adhéré à l’Union européenne: Chypre, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République Tchèque, la Slovénie, la Slovaquie et la Hongrie.

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