Amis ou ennemis de l’Union européenne

ASIN et NOMES ont deux visions opposées de la relation à l'Europe. Keystone Archive

L'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) annonce une initiative contre l'adhésion alors que le Nouveau mouvement européen Suisse (NOMES) se veut plus offensif.

Les deux organisations – l’une anti et l’autre pro européenne – tenaient leur assemblée en parallèle, samedi à Berne.

Un bon millier de membres de l’Action pour une Suisse indépendante est neutre (ASIN) ont avalisé le lancement d’une initiative populaire contre l’adhésion de la Suisse aux institutions internationales.

Son objectif est d’interdire au gouvernement (Conseil fédéral) de conclure des traités liant la Suisse à des organisations internationales ou de reprendre le droit communautaire européen (Union européenne).

L’ASIN se bat depuis vingt ans pour la liberté, l’indépendance et la neutralité de la Suisse, a déclaré son président Pirmin Schwander, député de l’Union démocratique du centre (UDC / droite dure).

Et, selon ce dernier, l’organisation ne désarmera pas tant que les intérêts nationaux seront menacés par la «politique d’alignement pusillanime» de la Berne fédérale.

L’autre cheval de bataille de l’ASIN est la préservation de l’armée de milice en Suisse, que les «bureaucrates» du Département fédéral de la défense (DDPS) transforment de plus en plus en troupe d’intervention de l’OTAN, selon Pirmin Schwander.

Ce dernier revendique une armée de milice moderne «dans le propre pays et pour le propre pays» en guise d’instrument de défense et de protection contre les menaces modernes.

Un rapport repoussé?

Du côté des pro-européens convaincus, la députée radicale Christa Markwalder a remplacé le Vaudois Yves Christen à la présidence du Nouveau mouvement européen Suisse (NOMES). Elue à l’unanimité.

«Après une décennie consacrée aux négociations bilatérales, il est temps de mener une politique européenne offensive, a déclaré la juriste de 30 ans. Le rapport sur l’Europe du Conseil fédéral nous offre enfin la possibilité de débattre en profondeur de l’adhésion de la Suisse à l’UE.»

Il faut rappeler que ce rapport du gouvernement est attendu pour le début de l’été. Dans son édition de samedi, le quotidien «Le Temps» annonce toutefois que sa parution pourrait être repoussée.

«Européen de l’année»

Le NOMES a aussi décidé de s’engager activement dans la campagne en faveur du versement d’un milliard de francs aux nouveaux pays membres de l’UE, menacé par un référendum de l’UDC et de la Lega.

A ses yeux, la participation financière de la Suisse à la cohésion de l’UE est non seulement dans l’intérêt du pays, mais aussi de l’adhésion.

Lors de cette assemblée, le président du Parti socialiste suisse Hans-Jürg Fehr a été sacré «Européen de l’année 2006», pour avoir eu «le courage d’engager une réflexion de fond et de lancer un débat sans tabou sur l’adhésion de la Suisse à l’UE après les votations bilatérales de 2005».

swissinfo et les agences

En bref

– L’Action pour une Suisse indépendante est neutre (ASIN) a été créée en 1986. L’actuel ministre de justice et police Christoph Blocher fait partie de ses membres fondateurs.

– Forte de 34’000 membres, l’ASIN œuvre pour «l’indépendance, la neutralité et la sécurité de la Confédération suisse». Et se bat contre «l’activisme et les engagements internationaux inutiles».

– Le Nouveau mouvement européen (NOMES) est né de la fusion de plusieurs organisations pro-européennes en 1998. Il compte 5000 membres.

– Favorable à une adhésion rapide à l’Union européenne (UE), le NOMES s’attribue un rôle d’information à la population. Il se prononce sur les démarches d’intégration, tout en soutenant et en coordonnant les activités des parlementaires pro-européens.