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Ben Laden tué au Pakistan et immergé en mer

Oussama Ben Laden se cachait dans une luxueuse résidence située près d'une académie militaire pakistanaise à moins de deux heures de route d'Islamabad. Reuters

Le président des Etats-Unis Barack Obama a annoncé dimanche soir (heure américaine) que le chef du réseau Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, avait été tué au Pakistan par les services spéciaux américains. Cette opération met fin à une longue traque de l'auteur des attentats du 11 septembre 2001.

«Ce soir, je suis en mesure d’annoncer aux Américains et au monde que les Etats-Unis ont mené une opération qui a tué Oussama Ben Laden, le dirigeant d’Al-Qaïda, un terroriste responsable du meurtre de milliers d’innocents», a déclaré Barack Obama lors d’une allocution solennelle à la Maison Blanche.

Cette annonce intervient près de dix ans après les attentats du 11 septembre 2001, qui avaient fait plus de 3000 morts à New York et Washington.

Barack Obama a précisé que le chef d’Al-Qaïda avait été tué dimanche lors d’un échange de tirs dans une résidence où la présence de Ben Laden avait été évoquée en août dernier.

Son corps a été immergé en mer, ont annoncé les chaînes de télévision CNN et MSNBC. Selon un responsable américain, un fils adulte de Ben Laden ainsi que deux autres adultes ont péri également dans le raid.

Barack Obama a rappelé qu’il avait fait, dès son arrivée à la Maison blanche en janvier 2009, de la capture ou de la mort de Ben Laden une priorité majeure dans la lutte antiterroriste.
 
Il a ajouté qu’il avait autorisé vendredi matin l’opération visant à tuer Ben Laden. De nombreux spécialistes du renseignement estimaient qu’il se cachait au Pakistan.
 

Avant même l’annonce présidentielle, la nouvelle, confirmée par un haut responsable américain sous couvert de l’anonymat, s’était répandue comme une traînée de poudre dans le pays. Très vite, des centaines, puis des milliers de personnes se sont rassemblées devant la Maison Blanche dans une ambiance de fête.

Barack Obama a déclaré qu’aucun Américain n’avait été tué dans l’opération menée à Abbotabad, au nord d’Islamabad, la capitale pakistanaise, et que les hommes impliqués avaient pris soin d’éviter de faire des victimes civiles.

Ben Laden a été identifié grâce à des techniques de reconnaissance faciale par les commandos qui l’ont tué au cours d’une fusillade, a pour sa part déclaré un responsable américain. Le chef d’Al Qaïda a résisté avant d’être atteint à la tête, selon ce dernier.

40 minutes au sol 

Les commandos sont restés moins de 40 minutes au sol et l’opération a été suivie en direct par le directeur de la CIA, Leon Panetta, et d’autres responsables des services de renseignement réunis dans une salle de conférence au siège de la CIA à Langley, en Virginie.

Les Etats-Unis n’avaient pas prévenu les autorités pakistanaises de l’opération contre Oussama Ben Laden, a indiqué un haut responsable de l’administration Obama. Son pays justifie la violation de la souveraineté pakistanaise par «l’obligation légale et morale d’agir».

Après la mort d’Oussama Ben Laden, le département d’Etat américain a averti contre un risque accru de violences anti-américaines et diffusé une alerte aux voyageurs américains. Interpol a mis en garde contre «un risque terroriste plus élevé». Et plusieurs pays, comme la Grande-Bretagne ou le Japon, revoient la sécurité de leurs ambassades.

Succès pour Obama

Cette opération est une réussite majeure pour Barack Obama et ses conseillers chargés de la sécurité nationale, alors que beaucoup d’Américains avaient abandonné l’espoir que le chef d’Al Qaïda soit un jour retrouvé.

Le prédécesseur d’Obama, George W. Bush, avait traqué en vain pendant près de sept ans et demi, des attentats du 11 septembre 2001 à son départ de la Maison blanche en janvier 2009, l’extrémiste d’origine saoudienne.

«La lutte contre le terrorisme continue, mais ce soir, l’Amérique a envoyé un message évident: quel que soit le temps que cela prend, la justice finit par être rendue», a déclaré George W. Bush.

Réactions en Suisse

 

«Le fait qu'(Al-Qaïda) soit aujourd’hui décapitée est une bonne nouvelle», a réagi lundi la présidente de la Confédération. «Oussama Ben Laden et son organisation sont les acteurs d’un terrorisme aveugle et brutal qui a fait des milliers et des milliers de mort», a-t-elle souligné.

«La Suisse condamne le terrorisme avec la plus grande vigueur et se félicite des actions concrètes qui visent à mettre fin aux structures et aux actions du terrorisme international – de l’Asie centrale au Maghreb en passant par le Proche-Orient», dit également Micheline Calmy-Rey dans une prise de position diffusée par ses services.

L’élimination d’Oussama Ben Laden Qaïda ne va pas supprimer pour autant le terrorisme islamiste et risque de susciter des attentats, a pour sa part admis le chef des services de renseignements suisses.

L’avenir d’Al Qaïda dépendra du successeur d’Oussama Ben Laden, a jugé Markus Seiler. Depuis quelques temps, les noyaux pakistanais et afghan de l’organisation terroriste paraissent affaiblis. Mais des poches de résistance demeurent dans les pays d’Afrique du Nord et de la péninsule arabique.

Pour le ministre de la défense Ueli Maurer, il faudrait être «naïf» pour croire que les problèmes sont résolus. «L’idéologie islamiste subsistera au-delà du décès du gourou d’Al-Qaïda».

Un «grand soulagement»

L’un des premiers dirigeants étrangers à réagir, le Premier ministre britannique David Cameron a jugé que la nouvelle de la mort de Ben Laden apporterait au monde un «grand soulagement».

C’«est une victoire du bien contre le mal, de la justice contre la cruauté», a estimé le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini dans un communiqué. 

«Que l’on ait pu mettre fin aux actions sanguinaires de ce terroriste est une bonne nouvelle pour tous les hommes dans le monde qui pensent librement et sont pacifiques», a jugé dans un communiqué le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle.

La mort d’Oussama Ben Laden, «événement majeur de la lutte mondiale contre le terrorisme», ne signifie pas la fin d’Al Qaïda, a déclaré la présidence de la République française, tout en saluant la «ténacité» des Etats-Unis.

L’Otan applaudit au «grand succès» que représente la mort d’Oussama Ben Laden tout en estimant que ses opérations militaires en Afghanistan doivent continuer, a affirmé le secrétaire général de l’Alliance atlantique Anders Fogh Rasmussen.

 

Lecture différenciée

Entre autres réactions, «le Kremlin salue le succès important obtenu par les Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme international», a déclaré la présidence russe citée par les agences du pays.

En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a parlé de «triomphe pour les pays démocratiques en lutte contre le terrorisme».

L’Inde a souligné que le fait que Ben Laden ait été tué au Pakistan confirmait les craintes que le pays, ennemi juré de New Delhi, serve de repaire aux extrémistes.

Pour le ministère pakistanais des Affaires étrangères, «cette opération a été menée par les forces américaines conformément à la politique annoncée par les Etats-Unis selon laquelle Oussama Ben Laden serait éliminé par une action directe des forces américaines où qu’il soit découvert dans le monde.»

En Afghanistan, le président Hamid Karzaï a estimé que le fait qu’Oussama Ben Laden ait été tué au Pakistan prouve que la guerre contre le terrorisme doit être menée contre ses bases et ses sources, qui ne se trouvent pas en Afghanistan.

Américains dans la région

La confrérie égyptienne des Frères musulmans a jugé pour sa part qu’«avec la mort de Ben Laden, l’une des causes de la violence dans le monde a disparu». Elle a exhorté les Etats-Unis à retirer leurs troupes d’Afghanistan et d’Irak et à «mettre fin à l’occupation des forces américaines et occidentales à travers le monde».

Le décès d’Oussama Ben Laden enlève «aux Etats- Unis et à leurs alliés toute excuse pour déployer des forces au Moyen-Orient sous prétexte de lutter contre le terrorisme», a estimé le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, souhaitant que la paix et la sécurité soient établies dans la région.

Le Hamas palestinien a lui dénoncé ce qu’il qualifie d’«assassinat d’un djihadiste arabe». «Nous considérons cela comme la poursuite d’une politique américaine fondée sur l’oppression et la volonté de faire couler le sang musulman et arabe», a déclaré Ismaïl Haniyeh, chef de l’administration mise en place par le Mouvement de la résistance islamique dans la bande de Gaza.

Sur les forums jihadistes les premières réactions à la mort annoncée d’Ousama Ben Laden allaient lundi de l’incrédulité à la colère, en passant par les menaces contre l’Amérique.

Le corps d’Oussama Ben Laden a été immergé en mer, ont annoncé lundi les chaînes de télévision CNN et MSNBC. Le lieu et les circonstances de cette immerson n’étaient pas précisés.

«Nous nous assurons que son corps est traité en accord avec la pratique et la tradition musulmane. C’est quelque chose que nous prenons très au sérieux», avait auparavant affirmé un haut responsable de l’administration Obama.

Le corps d’un musulman doit être lavé par des hommes de confession musulmane et inhumé dès que possible, généralement dans les 24 heures suivant le décès. En général, un linceul blanc recouvre le corps, qu’il soit enterré ou immergé.

Fils d’une riche famille saoudienne, Oussama Ben Laden s’est forgé un destin de financier islamiste et combattant antisoviétique en Afghanistan, avant de se radicaliser pour devenir l’inspirateur d’un djihad mondial antioccidental.

Douzième enfant du magnat du bâtiment Mohammed Ben Laden, immigré yéménite devenu richissime, né à Ryad en 1957 (la date exacte n’est pas confirmée), Oussama Ben Laden étudie le génie civil et le commerce à la prestigieuse université King Abdul Aziz de Djeddah, au sein de laquelle il se lie dès 1973 à des groupes islamistes.

Après l’invasion de l’Afghanistan par les troupes de Moscou en 1979, il répond à l’appel du djihad, extrêmement populaire en Arabie Saoudite et dans tous les pays du Golfe à cette époque.

Avec la bénédiction des autorités saoudiennes, il entreprend d’organiser le soutien logistique aux moudjahidines afghans.

Après l’attaque du Koweït par l’armée irakienne, il propose au roi Fahd de bouter l’envahisseur hors de la péninsule avec l’aide de sa «légion islamique» d’anciens de l’Afghanistan. Le souverain saoudien refuse et Oussama Ben Laden s’estime trahi.

En 1992, Ryad, inquiet de ses critiques et de son soutien à l’opposition, lui retire son passeport. Il s’installe au Soudan, avec la bénédiction des autorités de Khartoum.

Les renseignements américains le soupçonnent de financer des camps d’entraînement terroristes. Sa nationalité saoudienne lui est retirée en 1994.

En 1996, le Soudan, soumis à des pressions internationales, lui demande de partir. Ben Laden installe en Afghanistan des camps d’entraînement terroristes.

Ses attentats les plus spectaculaires, avant ceux du 11 septembre 2001, ont lieu en août 1998, lorsque des véhicules piégés frappent simultanément les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya (224 morts).

Après l’effondrement du World Trade Center, les Etats-Unis lancent une vaste traque pour retrouver le chef d’Al-Qaïda. Ils offrent 25 millions de dollars, plus tard 50, pour toute information permettant sa capture.

Ben Laden, qui échappe fin 2001 à l’intervention des troupes américaines en Afghanistan, est localisé pour la dernière fois par des témoins en novembre 2001 à Kandahar dans le sud afghan.

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