«Les banques donnent l’impression d’essayer de se dédouaner de toute responsabilité»
Fatigués d'être «discriminés» par les banques helvétiques, les Suisses de l'étranger ont décidé de faire entendre leur voix. swissinfo.ch a recueilli quelques témoignages de membres du «Parlement» des Suisses de l'étranger, réunis à Bâle, et parmi ses lecteurs sur Facebook.
Dominique, France
Titulaire d’un compte dans une grande banque suisse, Dominique a été surprise, lorsqu’il y a un peu moins de 10 ans elle a reçu un courrier pour l’avertir que les frais de gestion allaient désormais s’élever à 30 francs par mois.
«Comme je n’avais que quelques centaines de francs sur ce compte, la petite épargne que j’avais constituée quand j’étais étudiante aurait été épuisée en une année.»
La franco-suisse établie dans le Sud-Ouest de la France a ainsi simplement décidé de fermer le compte. «Pour moi, c’était anecdotique mais je trouve cela un peu absurde.» Elle note que les personnes âgées de sa région ont parfois connu d’autres ennuis: «Pour authentifier leur compte, certains ont dû renouveler leur carte d’identité. Cela signifie qu’ils ont dû se déplacer au consulat le plus proche, qui est désormais à Paris.»
Gian Franco Definti, Italie
En Italie, les Suisses sont confrontés à de gros problèmes avec les banques, affirme Gian Franco Definiti, membre du Conseil pour la Péninsule. A sa connaissance, il n’y a pas eu de cas de Suisses établis en Italie qui ont été contraints de fermer leur compte en Suisse, comme c’est arrivé dans d’autres pays. En plus, pour les petits épargnants qui reçoivent l’AVS, il est quasiment plus facile d’avoir un compte en Italie, ce qui permet d’éviter de devoir payer davantage pour garder un compte ouvert en Suisse.
«Il faut toujours un peu de ruse dans les relations avec les banques, car c’est aussi avec la ruse que les grandes banques traitent avec leurs clients.»
Ivo Dürr, Autriche
Client d’une petite banque régionale, Ivo Dürr s’est trouvé confronté du jour au lendemain à une augmentation significative des coûts de gestion de son compte suisse.
«Mes deux filles ont un compte épargne ouvert par leur grand-mère. Quand elles ont eu 18 ans, elles ont reçu une lettre de la banque pour les informer du fait que le compte serait fermé.»
Le gros problème, selon lui, est que chaque banque a des règles différentes. «C’est un désordre total», affirme-t-il.
Patrick Weiss, Mexique
Bien qu’il n’a personnellement pas eu de problèmes particuliers, Patrick Weiss estime que les banques exagèrent avec les exigences qu’elles imposent à leurs clients à l’étranger, que ce soit des clients privés ou des entreprises.
«Les banques donnent l’impression d’essayer de se dédouaner de toute responsabilité»
Pour le consultant financier qui vient d’être élu au sein du Conseil de la diaspora, la Suisse a cédé à la pression des États-Unis et applique les règles de manière encore plus stricte que les Etats-Unis eux-mêmes. Une situation inacceptable, selon Patrick Weiss.
Sabine Silberstein, Singapour
Sabine Silberstein a vécu une expérience similaire. Ses trois enfants avaient un compte en Suisse, où leur grand-mère versait 100 francs par année. Toutefois, à l’âge de 18 ans, ils ont reçu une lettre de la banque qui les informait qu’ils devraient payer 40 francs par mois pour garder leurs comptes ouverts.
«Quarante francs par mois pour les frais, pour un cadeau de 100 francs par année de notre grand-mère. Faites le calcul! La seule solution est de fermer le compte.»
Pendant le Conseil des Suisses de l’étranger, les lecteurs de swissinfo.ch ont également raconté leurs expériences avec les banques via Facebook.
Francesco, Brésil
En 2016, ma banque en Suisse a fermé mon compte, car j’habite au Brésil et j’ai été contraint d’ouvrir un compte bancaire ici pour pouvoir recevoir ma rente de retraité.
François, France
Les banques suisses demandent aimablement mais fermement à leurs clients de solder leurs comptes.
Rika, France
J’ai dû signer un document que la banque suisse m’a remis. Je suis Suisse habitant en France et j’ai un petit compte pour mes vieux jours. On est surveillé de très près et manipulé par ces banques, surtout que les intérêts que les qu’elles nous donnent sont moindres.
Caro, France
Nous avons été contraints de fermer notre compte à l’UBS depuis plusieurs années, alors que nous avons quitté la Suisse en 1999. Ce n’est pas pratique pour nos séjours en Suisse et pour les paiements notre pays d’origine!
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