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La Suisse étend son modèle de partenariat migratoire en Asie

Eine Frau und ein Mann sitzen an einem Tisch und unterschreiben Dokumente.
La ministre suisse de la Justice Simonetta Sommaruga et le ministre de l'Intérieur sri-lankais Seneviratne B.Nawinne lors de la signature du protocole d'entente. Keystone

Le Sri Lanka est le sixième pays avec lequel la Suisse conclut un partenariat migratoire. L’objectif est d’institutionnaliser le dialogue avec Colombo et d’approfondir la coopération en matière de migration et de développement. Les organisations de défense des droits de l’Homme sont sceptiques.

Il y a encore deux ans, la ministre suisse de la Justice, Simonetta SommarugaLien externe, qui se trouve actuellement au Sri Lanka, excluait la conclusion d’un partenariat migratoire avec ce pays d’Asie du Sud en raison de la situation problématique des droits de l’hommeLien externe sur place. Aujourd’hui, la conseillère fédérale constate que des progrès ont été effectués, comme elle l’a déclaré à plusieurs médias suisses. Même si des déficits persistent, la conclusion d’un tel accord est dans l’intérêt des deux pays, a-t-elle souligné. 

Sommaruga au Sri Lanka

La Suisse et le Sri Lanka ont signé lundi à Colombo un protocole d’entente en vue de la mise en place d’un partenariat migratoire. Les deux pays réaffirment ainsi leur intention de renforcer leur coopération.

Au cours d’une visite de travail de quatre joursLien externe qui se termine mercredi, la ministre de la Justice, Simonetta Sommaruga, entend se faire sa propre impression de la situation des droits de l’Homme et de l’état du processus de réconciliation dans le pays. Des rencontres avec des représentations du gouvernement, de l’opposition et de la société civile ont été programmées.

Le partenariat migratoire avec le Sri Lanka a pour objectif de faire avancer le processus de réconciliation, renforcer les droits de l’Homme, créer de meilleures perspectives pour les jeunes sri-lankais dans leur pays et promouvoir une migration de travail sûre dans la région. Ces mesures doivent in fine permettre de freiner l’exode de Sri-Lankais qui vont chercher un refuge ou du travail ailleurs. 

L’Organisation suisse d’aide aux réfugiésLien externe (OSAR) salue cet engagement renforcé de la Suisse au Sri Lanka mais se montre critique à l’égard de ce partenariat migratoire. Le processus de réconciliation au Sri Lanka est insuffisant et la situation des droits humains reste problématique, estime l’OSAR. Même son de cloche du côté d’Amnesty InternationalLien externe: malgré les dénégations répétées du gouvernement sri-lankais, la situation des droits de l’Homme reste critique sur l’île du sous-continent indien. Les progrès dans ce domaine devraient donc figurer en tant qu’objectif central d’un partenariat en matière de migration, estime Amnesty.

Cet accord est le premier du genre signé avec un pays asiatique. Le Sri Lanka revêt pourtant depuis des décennies une importance centrale pour la politique migratoire de la Suisse: durant les 30 ans d’une guerre civile qui a pris fin en 2009, de nombreux déplacés ont cherché refuge en Suisse. Aujourd’hui, la diaspora sri-lankaise en Suisse compte plus de 50’000 membres, dont la moitié environ ont acquis la citoyenneté helvétique. Même si le nombre de requêtes d’asile est en baisse depuis plusieurs années, le Sri Lanka figurait l’an dernier toujours à la sixième place des pays d’origine des requérants d’asile.

Plus qu’un accord de retour

Les partenariats migratoires sont un instrument relativement nouveau de la politique étrangère suisse en matière d’immigration. Ancré dans la loi depuis 2006 (article 100 de la Loi sur les étrangersLien externe), il concerne à la fois la politique étrangère, intérieure et de développement de la Suisse. L’objectif est d’établir une meilleure coopération dans le domaine migratoire avec les pays d’origine des migrants.

Cette coopération dépasse la simple question du retour des demandeurs d’asile déboutés, que la Suisse règle dans des accords de retour ou, comme dans le cas du Sri Lanka depuis 2016, dans des accords migratoires. Des projets de coopération peuvent par exemple être envisagés en matière de protection des réfugiés et des migrants, de lutte contre la traite des êtres humains, de mise sur pied de structures d’asile fonctionnelles, d’éducation et de formation professionnelle de futurs migrants légaux ou encore de retour et de réinsertion de migrants déboutés.

La Suisse a déjà signé de tels partenariats migratoires avec la Bosnie-Herzégovine (2009), la Serbie (2009), le Kosovo (2010), le Nigéria (2011) et la Tunisie (2012). Dans le cas du Nigéria, par exemple, l’échange d’expériences entre autorités policières des deux pays dans le domaine de la traite des êtres humains et de l’immigration clandestine s’est intensifié. En Tunisie, le partenariat vise notamment à promouvoir le retour et la formation professionnelle des jeunes Tunisiens.

Traduit de l’allemand par Samuel Jaberg

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