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En Suisse, la démocratie va bien, enfin presque

Pascal Broulis à gauche et Pascal Couchepin, lors de la conférence genevoise sur les défis de la démocratie suisse. swissinfo.ch

Des inquiétudes, mais pas d’alarmisme pour l’avenir de la démocratie directe en Suisse. C’est le propos général des intervenants politiques et académiques d’une conférence tenue à Genève.  Et ce alors que la montée des démagogues des deux côtés de l’Atlantique menace la pérennité des démocraties libérales.  

Les fractures de la globalisation, la puissance des mutations technologiques et les coups de boutoir des partis populistes nourrissent le court-métrage sensible que vient de réaliser Charles Kleiber, ancien secrétaire d’Etat à la science. Et c’est avec ce film intitulé «La démocratie à l’épreuve de la mondialisation» que les organisateurs des Disputes de la Maison de la Paix – le Graduate Institute (IHEIDLien externe) et les think tanks Avenir SuisseLien externe et forausLien externe – ont posé le contexte mondial et les défis qui pèsent sur la Suisse et ses institutions politiques, une conférence donnée ce samedi à la Maison de la Paix, au cœur de la Genève internationale.

«Serons-nous (Suisses) toujours épargnés?», s’interroge Charles Kleiber en voix off, avant d’appeler à donner un nouveau souffle à la démocratie suisse en citant Thucydide, homme politique et historien de la Grèce antique: «Il faut choisir: se reposer ou être libre.»

Avec quatre votations par année au niveau national, les citoyens suisses sont tenus éveillés par la grâce de la démocratie directe, ce précieux complément de la démocratie représentative, affirme le professeur Hanspeter Kriesi, de l’European university institute.

Sauf que le taux de participation est souvent faible. Pour l’éminent politologue, le problème ne vient pas du nombre de scrutins, mais de la quantité d’objets soumis à chaque votation (9 objets lors de la votation de mai 2003): «Cela engendre un rejet du débat et provoque l’abstention. Or plus la campagne précédent le vote est intense, plus la participation est élevée».

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Mais que fait-on des étrangers qui n’ont pas le droit de vote dans l’écrasante majorité des cantons, alors qu’ils peuvent représenter 50% de la population dans certaines villes? Face à cette réalité qui mine aussi la dimension participative de la démocratie suisse, le professeur de droit constitutionnel Andreas Auer souligne l’impasse actuelle: «Ceux qui s’opposent au droit de vote pour les étrangers invoquent la naturalisation pour accéder au droit de vote, tout en poussant régulièrement au durcissement des conditions d’acquisition de la nationalité suisse.»

Canaliser les démagogues

Mais c’est bien la poussée des mouvements xénophobes et antisystèmes des deux côtés de l’Atlantique qui défie le plus la pérennité des démocraties libérales. En Suisse, cette poussée s’exprime également au travers d’initiatives aussi floues que démagogiques.

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Plutôt que d’empêcher l’éclosion de tels projets de lois, Pascal Couchepin rappelle l’importance des recours que permettent le Tribunal fédéral et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Il est absurde d’y voir des juges étrangers, comme le dénonce la droite nationaliste, dit l’ancien président de la Confédération, puisque la Suisse et les autres pays européens ont mis en place la CEDH d’un commun accord et que chaque Etat a ratifié cet accord pour l’intégrer à sa législation nationale.

Car il n’est pas de démocratie libérale sans état de droit et sans indépendance de la justice. Et la CEDH constitue l’ultime recours pour les citoyens suisses qui estiment leurs droits bafoués par une loi issue d’une initiative populaire victorieuse, ont rappelé plusieurs intervenants.

Pascal Broulis, lui, appelle le parlement suisse à mieux faire son travail pour rejeter les initiatives démagogiques qui souvent ne respectent pas l’unité de la matière, une condition imposée par la Constitution pour la rédaction d’une initiative populaire. Et de citer l’exemple de l’initiative contre «l’immigration de masse», un vote présenté comme une limitation des flux migratoires, alors qu’il impliquait aussi une remise en cause des accords bilatéraux entre Berne et Bruxelles.

L’avenir des médias

«Et l’avenir de la presse, cet élément fondamental de la démocratie?», interpelle depuis la salle Michel Barde, l’ancien patron des patrons de la Suisse romande, à la suite de l’annonce de la fermeture de L’Hebdo et de 37 postes dans la rédaction commune au news magazine et au journal Le TempsLien externe.

Tout en dénonçant la décision de l’éditeur Ringier Axel Springer Suisse, le ministre vaudois Pascal Broulis souligne l’engagement financier de Christoph Blocher dans le paysage médiatique, notamment dans la Weltwoche. La passivité n’est donc pas de mise. A ses côtés, l’ancienne présidente de la Confédération Ruth Dreifuss estime qu’il faut remettre sur la table la question d’un soutien public à la presse pour trouver une solution adaptée au paysage médiatique actuel et s’abonner aux journaux existants, comme Le CourrierLien externe, dernier quotidien ancré à gauche en Suisse romande. 

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