La campagne américaine s’invite en Suisse
Les républicains de l'étranger se sont réunis ce week-end à Lugano. Les partisans du ticket John McCain/Sarah Palin espèrent souder leurs rangs et stimuler les membres de leur parti, disséminés en Europe et dans le monde.
Les Républicains de l’étranger ou Republican Abroad (RA), veulent contrer l’«Obamamania» et espèrent faire pencher la balance dans une course vers la Maison Blanche qui s’annonce toujours plus serrée. Pour leur assemblée annuelle, ils ont choisi de se retrouver dans les salons feutrés d’un palace luganais, sur les rives scintillantes du lac Ceresio. L’un des hôtels préférés de George Bush père sur le Vieux continent.
Alors qu’une cinquantaine de participants étaient attendus au rassemblement du «Grand Old Party» (GOP), seule une douzaine de personnes environ ont assisté à chacun des débats et conférences programmés vendredi et samedi. La moyenne d’âge des participants était plutôt élevée, ce qui donnait à ce meeting, un petit air de réunion de contemporains.
Il n’en demeure pas moins que l’objectif de ces assemblées d’expatriés et membres du GOP est de «coordonner les informations destinées aux républicains de l’étranger, de les encourager à voter et de soutenir le parti avec des dons», a indiqué le président (chairman) des Republican Abroad Switzerland (RAS), Bob Gebhardt.
L’ONU «corrompue»
Parmi les thèmes abordés, figurait notamment la question fiscale. Un sujet plus brûlant que jamais pour les disciples d’Abraham Lincoln. En cas d’élection du candidat démocrate, les Américains s’attendent à voir leurs impôts prendre l’ascenseur.
Sans compter que le plan de secours que vient de décréter le gouvernement Bush, pour faire face à la crise bancaire qui ébranle Wall Street, devrait lui aussi doper la ponction fiscale à terme, indépendamment de la couleur politique du futur locataire de la Maison Blanche.
A Lugano, plusieurs conférenciers se sont aussi succédés devant un auditoire réduit mais attentif. Ainsi, l’avocat américain et genevois d’adoption, Edward Flaherty, a-t-il fustigé l’Organisation des Nations Unies (ONU), qu’il estime «corrompue» et qu’il faudrait «remanier entièrement ou remplacer par une autre institution».
Electeurs invisibles
Jack Caravelli, ancien agent de la CIA et expert en armement, a développé le thème de la non-prolifération nucléaire. Et le discours clé a été tenu par James Nicholson, ex-ministre des anciens combattants sous l’administration Bush fils, en préambule de la soirée de gala de samedi soir.
Cet ancien colonel de West Point était aussi présent à Lugano pour recevoir les électeurs américains, désireux de s’enregistrer auprès du GOP. En vain. Les républicains domiciliés au Tessin ou dans le nord de l’Italie ont brillé par leur absence.
Fulvio Pelli vs George Clooney
On ne compte plus les vedettes du grand écran et de la scène qui se mobilisent pour la cause démocrate. Mais seul un cinquième des personnalités de Hollywood et du show business soutiennent la campagne de John McCain.
Alors que l’acteur George Clooney rejoignait, il y a quelques jours, des sympathisants démocrates à Genève, durant un dîner destiné à récolter des fonds en faveur de Barack Obama, les Républicains de l’étranger réunis au sud des Alpes, ont eux préféré s’assurer la présence du président du parti radical suisse (PRD), Fulvio Pelli, comme hôte d’honneur de leur dîner de gala (de samedi).
Sans être franchement hostiles aux effets glamour, les Républicains affirment privilégier la discrétion. «Vous savez, nous n’aimons pas tant nous manifester et ce qui compte finalement, c’est de voter. Et de ce côté, les républicains sont très disciplinés. Vous verrez», assure George Yates, président des républicains européens, installé à Paris.
Dollars Story
Quand bien même le thème de la récolte de fonds figurait à l’ordre du jour, côté gros sous aussi, le profil bas est de mise parmi les membres européens du GOP. A Lugano, les chéquiers étaient invisibles et les besoins de liquidités pour renflouer la campagne de John McCain n’étaient pas au cœur des discussions.
Sauf peut-être pour rappeler que, hormis les millions de dollars des donateurs célèbres ou simples citoyens qui sont tombés dans l’escarcelle démocrate, «même Wall Street soutien davantage Obama que McCain», soulignait avec étonnement Edward Flaherty.
«Nous sommes devenus le parti des pauvres!», plaisantait de son côté George Yates. «Lehman Brothers a d’ailleurs copieusement soutenu Barack Obama. C’est sans doute pour cette raison que le démocrate se garde de critiquer Wall Street pour l’instant», ajoutait-il.
Conscients de l’ampleur du défi que doit affronter leur favori et du soutien quasi historique dont bénéficie le premier homme de couleur en lice pour la Maison Blanche, les RA du monde entier espèrent néanmoins qu’ils pourront faire pencher la balance en faveur de leur candidat.
swissinfo, Nicole della Pietra à Lugano
Près de 6 millions d’Américains vivent à l’étranger. Et 16’411 sont installés en Suisse. Près d’un quart d’entre eux, soit 4463 personnes, habitent dans le canton de Genève.
La population américaine de Suisse est principalement active dans l’économie privée et les organisations humanitaires, ou retraitée.
Sur le plan politique, les Américains de Suisse passent pour être en grande majorité de tendance démocrate et pour avoir contracté la fièvre de l’«Obamamania».
Le président des RAS et tessinois d’adoption, Bob Gebhardt, estime que le nombre de ses compatriotes républicains avoisine les 200 dans son pays d’adoption, la Suisse.
Le vote des démocrates de l’étranger est décompté globalement et non pas Etat par Etat, alors que celui des républicains est comptabilisé dans l’Etat d’origine uniquement.
Le prochain rendez-vous helvétique de la campagne américaine aura lieu à l’Université de Zurich le 22 octobre à 19 heures, pour un débat contradictoire entre le coordinateur des républicains de Zurich et Jennifer Giroux, du camp démocrate.
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