La Suisse étudie les possibilités d’évacuation du Soudan
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à Berne envisage d'évacuer de ce pays ravagé par la guerre la centaine de ressortissants suisses restés au Soudan. Pour des raisons de sécurité, aucun détail ne sera communiqué, a-t-on appris mercredi.
Mercredi, le DFAE a déclaré suivre de très près la situation au Soudan. Depuis le début des combats le week-end dernier, le centre de gestion de crise a mis en place une cellule de crise.
L’ambassade de Suisse dans la capitale Khartoum reste disponible pour apporter son soutien en cas d’urgence dans la mesure du possible, mais elle est fermée pour les visites et les demandes de visa.
Une possible évacuation
Le DFAE «examine en permanence les options et les mesures qui peuvent être prises sur la base de différents scénarios», précise-t-on à Berne. Ses services sont en contact avec des pays tiers et pourraient participer aux mesures de sauvetage d’autres Etats.
Mercredi après-midi, une mission déjà en cours de l’armée allemande et d’autres forces armées avait été stoppée en raison de problèmes de sécurité. Elles voulaient évacuer par avion des personnes ayant besoin de protection au Soudan.
La situation sur le terrain
Explosions et tirs continuaient jeudi de déchirer Khartoum alors que la communauté internationale tente d’arracher un cessez-le-feu aux deux généraux en lutte pour le pouvoir au Soudan, à la veille de la fête musulmane de l’Aïd el-Fitr.
Dans la ville de plus de cinq millions d’habitants, les familles se pressent sur les routes pour fuir raids aériens, rafales et combats de rue qui ont tué depuis samedi plus de 270 civils et se concentrent à Khartoum et au Darfour, dans l’ouest.
Les deux belligérants ne cessent de promettre des trêves qui ne viennent jamais.
L’or en toile de fond
Les deux généraux se battent avant tout pour le contrôle du pouvoir. Mais ils se livrent aussi une bataille pour le contrôle des ressources économiques. Le pays possède l’une des plus grandes réserves d’or d’Afrique.
En 2022, le Soudan a réalisé des exportations de près de 2,5 milliards de francs avec la vente de 42 tonnes d’or. Les chiffres du gouvernement soudanais montrent que près de 60% des exportations du pays provenaient en 2021 de l’extraction du métal doré.
L’économie minière du pays est fondée sur de l’artisanal, a expliqué jeudi dans La Matinale de la RTS Raphaëlle Chevrillon-Guibert, chercheuse à l’Institut de recherche pour le développement à Paris. Ainsi, «les résidus laissés dans les marchés d’or par les artisans mineurs vont être retraités par des petites entreprises. Ces marchés-là sont des marchés très importants.»
Le 3e exportateur d’or africain
Ces entreprises de retraitement sont en majorité contrôlées par le général Mohamed Hamdane Daglo dit «Hemedti», qui dirige les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). «Il va y avoir une bataille pour contrôler ce marché qui aujourd’hui est devenu très important, puisqu’en moins de 10 ans, le Soudan est devenu le 3e exportateur d’or africain», a encore relevé la spécialiste.
Cet or soudanais est principalement acheté par les pays du Golfe, Emirats arabes unis, Qatar et Arabie saoudite en tête. Mais ils ne sont pas les seuls acteurs présents. Depuis de nombreuses années, «le groupe paramilitaire russe Wagner exploite les entreprises de retraitement des déchets», relève Raphaëlle Chevrillon-Guibert.
A ce stade, Emiratis, Russes ou Groupe Wagner restent discrets sur le conflit tant que leurs intérêts économiques sont préservés.
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