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Lampedusa: «la honte»

Les secours italiens enregistrent 155 rescapés. Keystone

Le naufrage d’un bateau transportant 500 migrants au large de l’île italienne de Lampedusa jette une lumière crue sur le problème de la migration et le manque de coordination entre les Etats européens. La presse suisse est unanime à dénoncer cette «honte».

«Confusion et larmes à Lampedusa», «Fuite dans la mort», «Mortel appel au secours», «Nouveau drame de l’immigration», «Drame européen», «Honte à nous», ces quelques titres de la presse nationale résument le sentiment d’horreur provoqué par le naufrage de ce bateau surchargé d’Africains, en majorité Erythréens, avec femmes et enfants, ne sachant pas nager.

Le Blick résume les faits comme si on y était: «Les 500 réfugiés font route depuis douze heures. Ces Somaliens et ces Erythréens voient déjà les lumières de l’île italienne de Lampedusa, la destination de leurs rêves. A l’aube, le moteur se met en grève, la barque s’arrête dans l’obscurité. Les tentatives désespérées d’appeler à l’aide par portable échouent: pas de réseau. Alors cette idée fatale: les réfugiés mettent le feu à des couvertures en espérant attirer l’attention.» Selon le journal de boulevard, il y avait des bateaux dans les environs, «mais ils n’ont rien fait, et le bateau des migrants a coulé à pic».

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Lampedusa, île où coule l’espoir

Ce contenu a été publié sur Ces derniers jours, Lampedusa, située tout au sud de l’Italie, a connu un afflux exceptionnel de migrants tunisiens. Mais chaque année, des milliers de migrants illégaux de différents pays traversent la Mer Méditerranée en direction de l’île italienne.

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Le drame de trop

C’est «le drame de trop» pour La Tribune de Genève/24 heures. Qui rappelle un autre naufrage, survenu quatre jours auparavant, coûtant la vie à 13 clandestins à quelques mètres du rivage de l’est de la Sicile. «Ils avaient péri noyés après avoir été contraints de sauter par-dessus bord, les passeurs refusant le plus souvent d’accoster par peur de se faire prendre. A vrai dire, depuis des semaines, les garde-côtes italiens ne savent plus où donner de la tête. Rien que le week-end dernier, au moins cinq bateaux de fortune transportant des centaines d’immigrés ont débarqué en Italie ou ont été interceptés.»

«Ils sont si nombreux, on n’en avait jamais vu autant, se désole la Regione Ticino.  Il n’y a pas de doutes, les morts enterreront les morts, et d’autres continueront d’arriver. Qui a l’estomac fragile restera secoué le temps d’un journal télévisé», commente avec amertume le journal basé à Bellinzone.

Le bilan du naufrage de jeudi à Lampedusa atteint provisoirement 111 morts.

L’embarcation transportait de 400 à 500 migrants originaires de la Corne de l’Afrique.

Les autorités ont comptabilisé 155 survivants, mais s’attendent à ce que plus de cent cadavres soient encore retrouvés.

Couloir humanitaire

«Ce sont nos morts, s’indigne le Tages-Anzeiger. Les réactions d’horreur et d’indignation auxquelles on assiste sont une hypocrisie. Lampedusa n’est pas seulement une île, c’est la rencontre entre le premier et le tiers monde. C’est le symbole d’une politique qui trouve un large consensus en Europe». Une politique que le quotidien zurichois résume ainsi: «Nous ne voulons ni migrants ni réfugiés qui viennent d’Afrique en Europe chercher du travail, une vie meilleure ou une protection contre la répression.»

Le correspondant de la Neue Zürcher Zeitung déplore lui aussi «l’une des tragédies les plus atroces jusqu’à maintenant» mais rappelle que ce sont «environ 20’000 migrants qui ont perdu la vie en mer entre l’Afrique et l’Europe».

Le Corriere del Ticino renchérit. «La seule force des migrants est leur nombre. S’ils meurent peu à la fois, l’Europe ne s’en aperçoit pas, ou presque, tellement elle est absorbée par la crise économique», écrit le quotidien édité à Lugano.  Et de dénoncer les organisations criminelles sans scrupules qui proposent aux migrants de gagner la «Terre promise» et «les stratégies européennes catastrophiques».

«On pourrait attendre une politique plus active, plus incisive contre les délinquant et plus courageuse envers ceux qui sont contraints de fuir», commente pour sa part l’évêque du diocèse de Lugano, Mgr Pier Giacomo Grampa, dans le Giornale del Popolo, autre quotidien de la ville tessinoise.  «Nous ne pouvons pas nous y résigner, nous ne devons pas nous y habituer». Et de réclamer l’ouverture d’un couloir humanitaire et de ne pas laisser l’Italie seule face au problème.

La dernière tragédie de Lampedusa montre une fois de plus les faiblesses de la collaboration des Etats de l’Union européenne (UE).

Selon les responsables internationaux de la migration, 25’000 réfugiés sont morts dans la Méditerranée au cours des 20 dernières années, dont 2000 en 2011 et 1700 en 2012.

L’Italie, mais aussi la Grèce, Malte et Chypre sont de plus en plus sous pression et se plaignent du manque de solidarité des pays du nord de l’’UE.

La faute est attribuée à l’accord Schengen/Dublin de 2003, selon lequel le pays compétent pour la procédure d’asile est le premier dans lequel pénètre un migrant.

Les pays du nord de l’UE ne sont pas disposés à revoir l’accord.

Cependant la Commission européenne a lancé le programme Eurosur qui vise à améliorer la coordination des Etats membres à partir de décembre. Le budget 2014-2020 atteint 244 millions d’euros.

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