Les délégués se déchirent sur la question de l’âge
La question de l’âge des représentants de la 5e Suisse a marqué la session du Conseil des Suisses de l’étranger. Les délégués ont débattu d’une motion demandant que le poste de président de l’Organisation des Suisses de l’étranger soit limité à deux mandats. Ils ont reporté la décision à l’an prochain.
Le fait que peu de jeunes soient représentés dans les diverses associations qui constituent l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) est une critique qui revient fréquemment. Réuni samedi à Berne, le Conseil des Suisses de l’étranger (CSE) s’est penché sur la question par le biais d’une motion d’Erich Bloch, délégué d’Israël.
Mandat limité
Ce dernier demande que le poste de président de l’OSE soit limité à un maximum de deux mandats. «Nous avons constaté que les membres du Comité et du Conseil ont une moyenne d’âge élevée. Or dans toutes les instances politiques et économiques, et même désormais au Vatican, on procède à des renouvellements. C’est au nom du bon sens que je vous demande d’accepter cette réforme dans l’air du temps», a plaidé Erich Bloch.
Cette proposition a reçu un accueil favorable auprès de certains délégués. «C’est toute l’Organisation des Suisses de l’étranger qui aurait besoin d’être rajeunie, mais commencer par la présidence constituerait un premier pas», a notamment déclaré le délégué canadien Rolf Brulhart.
La motion a été refusée au niveau du Comité. Une minorité y était toutefois favorable. «Le rajeunissement des générations est à l’ordre du jour depuis des années, a déclaré son vice-président Remo Gysin. L’heure est à l’action. La motion Bloch ne résout pas tous les problèmes, mais ouvre les portes de l’avenir».
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Personnalisation
S’exprimant au nom de la majorité, Thérèse Meyer-Kaelin a expliqué pourquoi le Comité s’opposait à la motion. «Nous avons besoin d’un peu de souplesse pour placer au poste de président la personne qui convient le mieux. Or une personne de cette envergure n’est pas toujours disponible pour une date rigidement fixée par des statuts. Ce serait donc préjudiciable pour l’organisation. Par ailleurs, cette proposition ne devrait pas affecter uniquement le président, mais tous les autres membres du Comité», a-t-elle dit.
Parmi les délégués, plusieurs se sont également prononcés contre la motion, notamment par crainte d’une déstabilisation de la tête de l’OSE. «On ne change pas une équipe qui gagne», a laconiquement estimé le délégué vénézuélien Pierino Lardi.
Dans leur intervention, quelques délégués ont déploré une attaque indirecte contre l’actuel président de l’OSE, Jacques-Simon Eggly. Entré en fonction en août 2007, celui-ci serait en effet concerné par la limitation des mandats. Erich Bloch et les différents partisans de la motion ont en revanche démenti vouloir personnaliser le débat et s’en prendre au président.
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Directeur sur le départ
Sans vouloir enterrer le débat, certains délégués ont estimé qu’il intervient au mauvais moment. «Il ne faut pas procéder à un tel changement à la veille des élections pour le renouvellement du Conseil», a plaidé Elisabeth Etchart.
La déléguée française a donc demandé que le vote soit reporté après cette échéance. Sa proposition ayant été acceptée par 32 voix contre 24, le débat reprendra lors de la session de mars 2014. Dans l’intervalle, le Comité examinera plus avant la question.
Un départ aura toutefois bientôt lieu à la tête de l’OSE pour des raisons d’âge: celui de son directeur. Mais il n’est pas question ici de vote, de statut ou de motion. Rudolf Wyder atteint tout simplement l’âge légal de la retraite en Suisse (65 ans).
Toujours le problème des banques
Un sujet continue de préoccuper beaucoup les Suisses de l’étranger: les difficultés qu’ils ont à ouvrir ou à maintenir un compte bancaire en Suisse. Les expatriés résidant dans des pays avec lesquels la Suisse est en délicatesse fiscale se voient appliquer une politique restrictive de la part des banques suisses. Cela peut aller du refus d’une carte de crédit à l’interdiction d’utiliser des services en ligne en passant par une fermeture pure et simple du compte. Par ailleurs, les frais de gestion sont particulièrement élevés pour les expatriés.
Il y a exactement un an, le CSE avaient déjà adopté une résolution pour protester contre cette «discrimination». En un an, la situation n’a guère évolué. Mais des solutions restent en vue. Notamment avec la motion du conseiller national Roland Büchel demandant que le service bancaire de la Poste (PostFinance) étende à la Cinquième Suisse la possibilité d’ouvrir et de maintenir un compte. Le Conseil fédéral s’est prononcé contre cette solution, mais le l’OSE garde l’espoir que la motion soit acceptée par les deux Chambres du Parlement.
Quant aux expatriés vivant aux Etats-Unis, la solution pourrait venir de l’entrée en vigueur de l’accord FATCA conclu entre Berne et Washington. «Celui-ci doit en effet permettre d’instaurer une quasi-transparence sur la déclaration de revenus ou fortune aux Etats-Unis des gens qui y résident, y compris pour les Suisses. Dès lors que la déclaration des revenus est garantie par cet accord, les délégués du CSE estiment que les établissements financiers n’ont plus de raisons de refuser d’ouvrir ou de maintenir des comptes pour nos compatriotes des Etats-Unis», écrit l’OSE dans son communiqué.
Le Conseil des Suisses de l’étranger (CSE) compte 140 membres: 120 délégués des communautés suisses à l’étranger et 20 représentants résidant en Suisse.
Ces 20 «Suisses de l’intérieur» sont des représentants du monde politique et de différents secteurs importants pour les Suisses de l’étranger (économie, médias, culture, etc.). Ils sont élus par le CSE sur proposition du Comité de l’Organisation des Suisses de l’étranger.
Les 120 délégués de l’étranger représentent les Suisses de l’étranger. Les sièges sont répartis en fonction du poids démographique des différentes communautés suisses expatriées.
Au niveau des continents, l’Europe compte 60 délégués, les Amériques 30, l’Afrique 8, l’Asie 16 et l’Océanie 6.
Au niveau des pays, c’est la France qui compte le plus de délégués (12). Les autres pays les mieux dotés sont l’Allemagne (8 délégués), les Etats-Unis (8), l’Italie (6) et le Canada (5). Tous les autres pays comptent moins de 5 délégués.
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