Les milieux de l’environnement veulent une bourse de transit
L'Initiative des Alpes, le WWF et Greenpeace exigent une bourse de transit alpin d'ici 2010. Pour ces organisations environnementales, le transfert de la route au rail doit aussi être «euro-compatible».
Elles demandent par ailleurs un doublement du financement à trois milliards de francs au lieu du montant de 1,6 milliard proposé.
Les trois organisations environnementales ont appelé jeudi la commission préparatoire de la Chambre basse (Conseil national) du Parlement, qui va traiter le dossier prochainement, à corriger les décisions prises en octobre par la Chambre des cantons.
En fin d’année dernière, le Conseil des Etats avait en effet décidé de freiner le projet de bourse de transit pour les camions qui traversent les Alpes. Elle s’est contentée de donner au gouvernement un mandat de négociation avec l’étranger.
Dans la foulée, les sénateurs avaient biffé l’option d’une redevance de transit alpin, qui aurait frappé le passage du Gothard, du San Bernardino, du Grand Saint-Bernard ou du Simplon.
Les sénateurs ont par ailleurs estimé que l’objectif de diminuer à 650’000 le nombre de trajets par an ne pourra pas être atteint comme prévu en 2009, compte tenu du fait que le trafic lourd transalpin atteignait encore 1,2 million de trajets en 2006.
Ils ont donc fixé la date butoir à deux ans après la mise en service du tunnel de base du Gothard, soit en 2019, refusant de fixer l’échéance à 2012, comme le proposait la gauche.
Pas un vœu pieu
Les organisations environnementales ne l’entendent pas de cette oreille. Sans bourse du transit alpin, le transfert de la route au rail restera toujours un vœu pieux, selon elles.
Une telle bourse est un moyen efficace, économique et réalisable rapidement. Certes, il serait sage de l’introduire en concertation avec les pays voisins, mais leur aval ne doit pas être une condition absolue, a estimé le vice-président de l’Initiative des Alpes, Andreas Weissen.
L’Initiative des Alpes conteste toutefois le mode d’attribution prévu initialement par le gouvernement. La vente aux enchères des droits de passage par l’Etat reviendrait à davantage taxer le transit alpin, ce qui serait contraire à l’accord sur les transports terrestres avec l’Union européenne (UE), a encore expliqué Andreas Weissen.
Pour contourner cet écueil, l’organisation suggère que le sésame ne soit pas délivré contre de l’argent, mais comme bonus au transporteur qui recourt au rail.
Celui-ci pourrait utiliser lui-même les droits de passage correspondants, soit les vendre sur le marché. Autre possibilité: céder une partie des droits de transit à l’UE, qui les redistribuerait ensuite à son gré.
Cadre financier
Côté sous, l’Initiative des Alpes, le WWF et Greenpeace demandent un budget de trois milliards de francs au lieu du 1,6 milliard proposé.
En plus de l’encouragement du trafic modal pour le transit des marchandises, cette enveloppe devrait aussi servir à des dépenses d’infrastructure pour améliorer les lignes d’accès aux NLFA.
Cela délesterait du même coup le fonds pour les grands projets ferroviaires, avec à la clé davantage d’argent pour les autres chantiers, a argué le directeur de la politique des transports de l’Initiative des Alpes Alf Arnold, faisant allusion aux débats parlementaires à venir sur la deuxième phase de Rail 2000 («ZEB») et les priorités à fixer.
swissinfo et les agences
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Nouvelles liaisons ferroviaires alpines
En 1981, 312’000 véhicules lourds ont traversé les Alpes.
En 1990, leur nombre a augmenté à 731’000.
En 2000, un pic a été atteint, avec 1,4 million de camions.
En 2006, leur nombre a baissé à 1,18 million.
La bourse du transit alpin est un instrument fondé sur les mécanismes du marché dont l’objectif est de contribuer au transfert du trafic des marchandises de la route au rail.
Ce projet prévoit de fixer un nombre maximal annuel de camions transitant par les Alpes. Des droits de transit alpin commercialisables seraient alors mis aux enchères.
Ces droits seraient valables dans toutes les vallées alpines du pays. Les transporteurs resteraient libres de choisir leur parcours.
Pour éviter le détournement du trafic dans les pays limitrophes, la bourse du transit alpin prévoit la mise au point d’une procédure de coordination sur l’ensemble du territoire alpin.
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