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Libérée d’Iran, Sarah Shourd espère et remercie

Sarah Shourd face aux médias à Washington, avec l’ambassadeur Urs Ziswiler swissinfo.ch

Libérée le 14 septembre après 410 jours de captivité et contre une «caution» de 500’000 dollars, l’Américaine Sarah Shourd a été reçue jeudi soir par Barack Obama. Se disant optimiste sur la libération de ses deux compagnons, elle a également remercié la Suisse pour son rôle dans cette affaire.

Le président américain a jugé «douce amère» la libération de la jeune femme de 32 ans, dans la mesure où son fiancé, Shane Bauer, et son ami, Josh Fattal, demeurent incarcérés à Evin, la tristement célèbre prison de Téhéran.

«Nous continuons à espérer de voir l’Iran manifester à nouveau de la compassion renouvelée et faire ce qui est juste, en assurant le retour et la sécurité de Shane, Josh et de tous les autres Américains qui ont disparu ou sont détenus en Iran», a déclaré Barack Obama.

Gratitude

Vendredi, Sarah Shourd, accompagnée des parents de Shane Bauer et Josh Fattal, a rencontré Hillary Clinton, la ministre des Affaires Etrangères. Plus tôt, elle était à l’ambassade de Suisse, où, après un entretien avec Urs Ziswiler, elle a tenu un point de presse.

«J’exprime ma gratitude et ma grande reconnaissance envers le gouvernement suisse, en particulier pour l’ambassadrice à Téhéran, Livia Leu, avec laquelle nous avons tous les trois noué un fort attachement et qui est toujours dans nos cœurs», a dit Sarah Shourd a swissinfo.ch.

La Suisse représente les intérêts des Etats-Unis en Iran depuis 1980, à la suite de la rupture des relations diplomatiques entre Washington et Téhéran. A ce titre, l’ambassadrice a rendu visite à Sarah Shourd quatre fois à la prison d’Evin. Les trois otages ont également reçu des visites de différents membres du personnel consulaire.

Des centaines d’interventions

Lors du point de presse à Washington, l’ambassadeur Ziswiler a indiqué que la Suisse a procédé à «des centaines d’interventions» en faveur des trois Américains depuis leur arrestation, le 31 juillet 2009.

«C’est sans relâche que nous avons été en contact avec les autorités iraniennes pendant plus d’un an pour améliorer leurs conditions de détention et obtenir leur libération. Nous travaillons très bien avec le Département d’Etat américain et nous ferons tout ce qui possible pour obtenir la libération des deux derniers détenus», a déclaré M. Ziswiler.

L’ambassadeur prévient cependant que «dans ce genre de cas, il est très difficile de prédire ce qui va se passer».

Mais Sarah Shourd paraît plus optimiste. «Il y a vraiment des signes encourageants, un réchauffement des relations en ce moment qui pourrait constituer l’ouverture menant à un autre geste positif de la part de l’Iran», dit-elle, sans donner plus de détail, et en particulier sans indiquer si sa rencontre avec le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, en marge de l’Assemblée Générale des Nations Unies il y a une semaine, a permis d’alimenter cet optimisme.

Sarah Shourd se borne à souligner que «la Suisse, à chaque minute, joue un rôle crucial dans tout ce processus».

Un demi-million de dollars

Interrogée par swissinfo.ch sur le point de savoir si la Suisse a payé la caution, ou rançon, de 500’000 dollars, Sarah Shourd répond: «C’est quelque chose que je ne saurai probablement jamais, tout ce que je sais, c’est que la personne ou l’entité qui a payé souhaite rester anonyme».

Depuis son départ de Téhéran, Sarah Shourd a indiqué avoir entendu dire que les 500’000 dollars auraient été versés par un Iranien, tandis que des rumeurs ont évoqué la possibilité que le sultanat d’Oman ait acquitté la somme en question.

De sa détention, Sarah Shourd ne dit pas grand-chose. Peut-être pour ne pas nuire à ses anciens compagnons de captivité. «Je n’ai pas été torturé, affirme-t-elle. J’ai été gardée en cellule d’isolement, d’abord complet pendant les deux premiers mois, puis avec un bref moment de contact humain une fois par jour avec Shane et Josh.»

Elle est plus loquace sur les circonstances de leur arrestation par les autorités iraniennes. «Nous faisions de la randonnée sur une piste très clairement marquée près d’une cascade visitée par de nombreux touristes dans le Kurdistan irakien, mais nous nous trouvions près de la frontière avec l’Iran à notre insu car il n’y avait aucun signe indiquant la frontière», dit-elle.

Pas de preuve

L’Iran accuse Sarah Shourd et ses deux amis d’avoir traversé la frontière délibérément pour faire de l’espionnage. Sarah Shourd dément l’allégation d’espionnage et affirme qu’elle enseignait l’anglais à des réfugiés irakiens et palestiniens en Syrie.

«Si nous avons effectivement pénétré en territoire iranien, ce n’est absolument pas intentionnel, mais à ce jour, je n’ai pas vu de preuve avancée comme quoi nous aurions en effet passé la frontière entre l’Irak et l’Iran», maintient la jeune Américaine.

Sarah Shourd se définit comme «une militante pacifiste» et définit Shane Bauer et Josh Fattal de la même façon. Elle note qu’elle a rencontré son fiancé «en organisant de l’opposition à l’invasion et à l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak».

Malgré l’épreuve qu’elle a subie en Iran, elle se dit «plus résolue que jamais à continuer dans cette voie». «Le monde a besoin de gens qui fassent office de ponts entre l’Occident et le Proche-Orient», explique-t-elle.

32 ans, vivait à Damas avec Shane Bauer. Elle y enseignait l’anglais et apprenait l’arabe. Elle était auparavant engagée dans l’Iraqi Student Project, un programme qui offre aux jeunes Irakiens réfugiés à Damas la possibilité de parfaire leur formation dans des écoles américaines.

Militante pacifiste, elle est l’auteur d’articles sur les questions sociales dans les pays où elle a séjourné, soit la Syrie, l’Ethiopie, le Yémen et le Mexique. Née à Chicago, elle a grandi à Los Angeles et étudié à Berkeley.

Libérée de la prison d’Evin le 14 septembre après 410 jours d’incarcération et contre une caution de 500’000 dollars, elle aura passé la plupart de sa captivité dans une cellule d’isolement de 3 mètres sur 1 mètre 50.

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