À la Conférence sur l’Ukraine, il en va aussi de la démocratie
Le renforcement et le développement de la démocratie sont des piliers centraux pour la reconstruction de l'Ukraine: les représentants des parlements et des sociétés civiles d'Ukraine et de Suisse l’ont répété à Lugano.
Avant que les spécialistes de la diplomatie et les économistes ne prennent le relais à la Conférence de Lugano, un échange a eu lieu entre délégations de haut niveau des parlements ukrainien et suisse.
Elles étaient menées par Ruslan Stefanchuk, président de la Verkhnowa Rada, le Parlement ukrainien, et Irène Kälin qui, en tant que présidente de la Chambre du peuple, est considérée politiquement comme la «première citoyenne du pays». «Nous devons montrer que les parlements sont courageux et indépendants des gouvernements», a dit Irène Kälin, pour qui «une conférence comme celle-ci peut y contribuer grandement».
«La liberté de l’Ukraine est aussi notre liberté. La guerre d’agression russe est une attaque contre nous tous, contre nos droits fondamentaux, contre les droits humains, contre la souveraineté. Pour moi, il va de soi que le Parlement suisse apporte son soutien dans la mesure de ses possibilités», a poursuivi Irène Kälin.
Le Parlement, moteur de la démocratisation
Dans une déclaration commune, elle et son collègue Ruslan Stefanchuk ont désigné des priorités pour le rôle de la Verkhovna Rada dans le processus de reconstruction. Ces priorités vont du processus législatif au contrôle du budget, en passant par la fonction de surveillance parlementaire et le renforcement des capacités de la Verkhovna Rada et de ses services.
Heidi Hautala, vice-présidente du Parlement européen, assistait également à l’échange entre les deux délégations. Lors d’un entretien avec SWI swissinfo.ch, la Finlandaise a prononcé ce qui ressemble à une phrase clé de la journée: «La résilience est centrale pour la démocratie.»
Ces dernières années, le Parlement européen a renforcé la résistance de la démocratie ukrainienne en soutenant les réformes. Notamment celle de la justice et de la démocratie parlementaire, a rappelé Heidi Hautala.
Mise en garde
«La réforme de la justice est toujours sur la table et doit être poursuivie», a-t-elle averti.
Ce qui l’a en revanche remplie d’optimisme à Lugano, c’est que «la délégation ukrainienne a clairement exprimé le besoin d’une démocratie participative». Et dans ce domaine, «la Suisse est la meilleure conseillère», juge la vice-présidente du Parlement européen.
Depuis l’indépendance de l’Ukraine au début des années 1990, le pays a été fortement malmené par les oligarques qui ont désorganisé le système politique.
«Cela a conduit à de nombreux conflits d’intérêts et à l’abus de biens et de services publics. Avec sa demande d’adhésion à l’UE, l’Ukraine doit désormais prendre ces problèmes plus au sérieux qu’elle ne l’a fait ces dernières années», a dit la Finlandaise.
Ouvrir les yeux
Stefanie Bosshard s’est montrée impressionnée par la volonté non seulement des parlementaires, mais aussi de la population de l’Ukraine, de défendre leurs libertés démocratiques. En tant que directrice de la Fondation suisse pour la démocratie, elle a participé à l’échange entre les délégations.
«Pour nous, la démocratie est devenue quelque chose d’évident. Mais la liberté et la démocratie ne vont jamais de soi, comme le montre la lutte déterminée des gens en Ukraine».
La Suisse pourrait aider l’Ukraine avec son savoir-faire en matière de démocratie participative, de droits populaires et de fédéralisme. À l’inverse, les Suisses pourraient aussi s’inspirer de l’engagement très actif de la société civile en Ukraine, estime Stefanie Bosshard.
Un maillon de la chaîne
Marija Pejčinović Burić, qui participait à l’échange parlementaire en tant que secrétaire générale du Conseil de l’Europe – dont la Suisse est membre – a souligné pour SWI que la conférence de Lugano était un maillon d’une chaîne.
«La reconstruction est un pilier. Mais à côté du soutien économique, il faut aussi une résilience démocratique, sans laquelle la construction d’un système stable n’est pas possible».
Comme priorités pour renforcer cette résilience, Marija Pejčinović Burić a cité le renforcement de l’État de droit et la lutte contre la corruption.
Traduction de l’allemand: Marc-André Miserez
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