Et les citoyens suisses créèrent leur système de retraites
Une des votations les plus importantes de l’histoire de la démocratie suisse a 70 ans. Le 6 juillet 1947, les citoyens suisses acceptent nettement la loi sur l’AVS (assurance vieillesse et survivants). Longtemps fleuron de la politique sociale suisse, elle en est devenue aujourd’hui l’enfant à problèmes.
Six mois seulement après le verdict populaireLien externe (80% de oui, avec une forte participation, de presque 80% elle aussi), le facteur sonnait à la porte des nouveaux rentiers, sortait son gros portemonnaie et alignait les billets et les pièces, entre 40 et 125 francs par mois pour cette nouvelle catégorie de la population: les rentiers AVS (*).
Dès la 1er janvier 1948, toute personne ayant atteint l’âge de 65 ans, et ayant donc assez travaillé touche une part de son ancien salaire, sous forme de rente. L’AVS est financée à parité par un prélèvement sur les salaires et une contribution de l’employeur, à taux fixe. Plus le travailleur gagne, plus lui et son employeur cotisent.
La naissance de l’AVS tombe à une époque qui est tout sauf un âge d’or de la démocratie. C’est le temps des pleins pouvoir du Conseil fédéral. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement dirigeait le pays avec des pouvoirs très étendus. Il pouvait ainsi dans une certaine mesure promouvoir ou abroger des lois à bien plaire, par décrets. Le parlement était largement hors course, le peuple l’était complétement.
Ceci n’a toutefois pas empêché l’AVS de s’inscrire comme une étape cruciale dans la politique suisse.
Mais depuis quelques années, les perspectives s’assombrissent. Sans réformes de fonds, le système des retraites est menacé d’effondrement. Ceci à cause de l’évolution de la pyramide des âges: tandis que le nombre des rentiers augmente, celui des actifs cotisants diminue.
Un premier pas vers la consolidation à moyen terme de l’AVS se décidera le 24 septembre de cette année. Les citoyennes et citoyens seront appelés à se décider dans les urnes sur le paquet de réformes dit Prévoyance vieillesse 2020Lien externe. Une des mesures est l’élévation de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans. Même si ce dimanche de votation refermera un cycle de 70 ans, l’objet sera disputé. A l’évidence, ni les partisans ni les adversaires de la réforme n’atteindront le score de 80%.
(*) Dans quelques cantons suisses, il existait des assurances vieillesse obligatoires déjà avant 1947: Glaris (depuis 1916), Appenzell Rhodes-Extérieures (1925) et Bâle-Ville (1932). Neuchâtel (1898) et Vaud (1907) avaient des assurances vieillesse facultatives.
(Adaptation de l’allemand: Marc-André Miserez)
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