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Afrique du Sud: les fans suisses ne seront pas seuls

Les supporters suisses disposeront d'un consulat mobile aux abords des stades sud-africains.

L’ambassade de Suisse va mettre sur pied un dispositif spécial pour accueillir les supporters suisses qui se rendront en Afrique du Sud au mois de juin. Mais celui-ci pourrait s’avérer surdimensionné, vu le peu de succès rencontré par la vente des billets au pays.

L’article de la Sonntagszeitung, daté du 7 février 2010, a déjà fait le tour des boites e-mail du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). L’enquête du journal dominical alémanique révèle que seuls 850 billets pour chacun des trois matches du premier tour de l’équipe de Suisse, sur les 13’500 à disposition, ont été vendus aux supporters de football helvétiques. Un chiffre désastreux, qui illustre le peu d’engouement dont font preuve les fans européens à quelques mois de la Coupe du monde.

Eric Amhof, chef adjoint de mission à l’ambassade suisse de Pretoria, estime pourtant qu’il est inutile de verser dans le catastrophisme en matière d’insécurité. Et l’ambassade, qui va augmenter ses effectifs, sera sur le pied de guerre pour parer aux imprévus. En cette année de Coupe du monde, Eric Amhof fait également le point sur l’état des relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud.

swissinfo.ch: Comment l’ambassade de Suisse se prépare-t-elle pour la Coupe du monde de football?

Eric Amhof: Dès que nous avons su dans quelles villes jouerait l’équipe de Suisse, nous avons réfléchi à la meilleure manière d’apporter rapidement le soutien nécessaire à nos compatriotes qui se trouveraient dans des situations de crise ou de grande urgence pendant la Coupe du monde. Comme la Suisse jouera dans trois villes différentes, nous avons opté pour un consulat mobile, sous la forme d’un véhicule, à l’instar de ce que font les Allemands et les Hollandais. Nous pourrons ainsi être au plus près de nos concitoyens aux abords des stades. Les supporters suisses peuvent être rassurés, nous serons là pour les aider en cas de besoin.

swissinfo.ch: Jusqu’ici, moins de 1000 billets ont été vendus en Suisse. Les fans semblent bouder ce Mondial. Y-a-t-il un moyen de les rassurer?

E.A.: Il semble y avoir deux raisons à ce manque d’intérêt: le prix élevé du voyage et les craintes liées à la sécurité. Pour ce qui du prix, nous n’avons aucune influence. En ce qui concerne la sécurité, l’ambassade participe à des groupes de travail avec les autres pays qualifiés ainsi qu’avec les autorités sud-africaines. Les chiffres de la criminalité sud-africaine sont certes très élevés en comparaison internationale. Mais la Coupe du monde est une priorité pour l’Afrique du Sud et les autorités mettent tout en oeuvre afin que la compétition se déroule sans incidents majeurs.

swissinfo.ch: Où en sont actuellement les relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud?

E.A.: Le 7 décembre 2009 a eu lieu à Pretoria une réunion bilatérale de haut niveau lors de laquelle nous avons une nouvelle fois pu constater que les relations entre nos deux pays étaient très bonnes. Sur le plan économique et commercial, bien sûr, mais aussi dans un nombre grandissant d’autres domaines.

Une collaboration a récemment été initiée dans le domaine des droits de l’homme ainsi que dans celui de la sécurité. En matière scientifique, la Suisse et l’Afrique du Sud nourrissent de grandes ambitions communes. Un conseiller scientifique et technologique devrait bientôt être employé à 100% par l’ambassade. Et il ne faut pas oublier la culture, puisque Pro Helvetia dispose d’une antenne au Cap depuis 1998.

swissinfo.ch: L’Afrique du Sud souffre encore d’inégalités économiques et sociales très importantes. En quoi la Suisse peut-elle être utile?

E.A.: Il est dans l’intérêt de tout pays de se développer pour sortir sa population de la pauvreté. La coopération économique et scientifique est sans doute la contribution la plus pragmatique que nous puissions apporter. Ainsi, depuis quelques années, la coopération suisse se concentre de plus en plus sur des projets directement liés à l’économie privée, par l’intermédiaire du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). La Direction du développement et de la coopération (DDC), impliquée de longue date dans l’aide au développement, reste toutefois active dans plusieurs domaines, tels que la gouvernance, le changement climatique, la formation professionnelle, la lutte contre le HIV/sida et la culture.

swissinfo.ch: La Suisse a été montrée du doigt pour avoir entretenu des liens étroits avec le régime de l’apartheid. Ce passé pèse-t-il encore sur les relations bilatérales entre les deux pays?

E.A.: On a malheureusement tendance à ne voir qu’un côté de la médaille. Dans un supplément spécial paru dans six grands journaux du pays à l’occasion des 20 ans de la libération de Nelson Mandela, l’ancien président Thabo Mbeki a largement mentionné les négociations secrètes qui ont eu lieu en 1989 et 1990 sur territoire suisse. Ces négociations entre l’ANC et le gouvernement sud-africain ont grandement contribué à la libération de Nelson Mandela. Cet aspect-là est beaucoup moins connu du grand public. De même, le soutien apporté par la DDC aux ONG actives dans les droits de l’homme à partir de 1986 est également sous-estimé.

Il convient également de rappeler qu’un procès est actuellement en cours à New York. Des groupes de victimes demandent des réparations à des entreprises accusées d’avoir collaboré étroitement avec le régime de l’apartheid. Aucune entreprise suisse ne figure sur la liste des accusés.

Samuel Jaberg, de retour de Pretoria, swissinfo.ch

Selon les chiffres publiés récemment par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), 9035 Suisses étaient établis en Afrique du Sud en 2009.

La Suisse importe pour 645 millions de francs de biens sud-africains, parmi lesquels 66% sont du platine et des métaux précieux.

A l’inverse, la Suisse exporte pour 775 millions de francs en Afrique du Sud, principalement des produits pharmaceutiques et chimiques, des instruments optiques et médicaux, des machines-outils et des instruments de précision.

Avec un volume d’investissement de 7,5 milliards de francs , la Suisse figure au 5e rangs des investisseurs étrangers en Afrique du Sud.

Pour promouvoir ses intérêts économiques et commerciaux, la Suisse dispose depuis 2007 d’un Swiss Business Hub à Pretoria.

Très présente en Afrique du Sud depuis le milieu des années 1990, la Direction du développement et de la coopération (DDC) a décidé en 2004 d’y réduire son engagement pour concentrer ses activités dans des domaines jugés prioritaires au plan régional. La DDC reste toutefois active dans des domaines tels que la gouvernance, le changement climatique, la formation professionnelle, la lutte contre le HIV/sida et la culture.

Depuis 2008, l’Afrique du Sud figure parmi les sept pays prioritaires pour le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). Entre 1995 et 2008, le SECO a investi CHF 30 millions dans la coopération économique au développement en Afrique du Sud, principalement dans des projets liés à l’économie privée.

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