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An deux de la Suisse à l’ONU

Jenö Staehelin est l'ambassadeur de Suisse auprès des Nations Unies à New York. Keystone

Le 16 septembre à New York, l’Assemblée générale de l’ONU entame sa 58e session, la 2e pour la Suisse en tant que membre à part entière.

Jenö Staehelin, ambassadeur auprès des Nations Unies, tire un premier bilan pour swissinfo.

Les électeurs avaient approuvé l’adhésion de la Suisse aux Nations Unies en 2002, à l’issue d’une campagne durant laquelle les opposants invoquaient la défense de la neutralité.

Jenö Staehelin, ambassadeur à l’ONU, explique la position de la Suisse à propos du rôle de l’organisation en Irak. Il évoque la question de la neutralité et le défi qui consiste à faire entendre la voix de la Suisse à l’échelle de la planète.

swissinfo: En quoi votre travail a-t-il changé depuis l’adhésion de la Suisse à l’ONU?

Jenö Staehelin: Ce qui a changé, c’est que je dois désormais traiter toutes les questions qui figurent à l’agenda. Auparavant, en tant qu’observateur, je pouvais me concentrer sur certains thèmes qui concernaient particulièrement la Suisse.

swissinfo: L’ONU est confrontée à quelques-uns des plus grands défis de son histoire. Les divisions du Conseil de sécurité sur l’Irak et sa reconstruction, l’attitude américaine envers l’ONU ne sont pas des moindres. Quelle est, selon vous, la gravité de la situation?

J. S.: Durant les cinquante ans et plus de son histoire, l’ONU a connu bien des hauts et des bas. Je pense que nous traversons une période pénible parce qu’il est difficile pour une superpuissance d’accepter de voir son pouvoir remis en question.

D’autre part, vous ne pouvez ignorer le reste du monde. On est donc en train de chercher des solutions à la situation actuelle et j’espère bien qu’il sera possible de démontrer que le monde a besoin d’une organisation telle que les Nations Unies.

swissinfo: Jusqu’à quel point l’attentat du mois dernier contre les locaux de l’ONU à Bagdad a-t-il affecté l’organisation et ses activités en Irak?

J. S.: L’impact est très sérieux. L’organisation a dû réduire sa présence en Irak. Je crois qu’elle y bénéficie, en général, d’une bonne réputation et la population sait qu’elle veut lui venir en aide. C’est une véritable tragédie de voir que les gens qui sont là-bas sont tués ou qu’on les empêche de faire leur travail.

swissinfo: Cet attentat a-t-il rendu la Suisse plus réticente à participer aux activités de maintien de la paix de l’ONU dans des endroits tels que l’Irak?

J. S.: Certainement. Nous avons quelques personnes à notre mission en Irak. Le gouvernement a décidé qu’elles devaient, en l’état actuel des choses, poursuivre leur travail. Ce sont des gens très courageux mais, bien sûr, nous restons extrêmement vigilants et suivons la situation jour après jour pour savoir s’il faut rester ou s’il faut nous retirer.

swissinfo: Le 16 septembre, la Suisse participera pour la deuxième fois à l’Assemblée générale en tant que membre à part entière. Elle a l’intention de lancer un appel au renforcement du rôle de l’ONU, de l’intérêt pour le développement et aussi pour clarifier les choses à propos de l’Irak et du Proche-Orient. Sera-t-elle écoutée?

J. S.: Je le pense, oui. J’en suis même sûr. Je pense que nous avons la réputation de respecter certains principes et les délégations vont donc écouter ce que nous avons à dire. Cela ne veut pas dire qu’il faille surestimer l’importance du point de vue de la Suisse. Mais bien d’autres pays sont sur la même longueur d’ondes et cela a un impact sur ceux qui prennent les décisions finales.

swissinfo: Les opposants à l’adhésion de la Suisse à l’ONU estimaient que la neutralité serait mise à mal. Un an après l’adhésion, cela s’est-il vérifié?

J. S.: Non, nous sommes devenus membre des Nations Unies en tant que pays neutre. Tous les autres Etats le savent. Cela n’a jamais posé de problème et je n’en ai pas rencontré durant cette première année. Je pense que ces craintes étaient sans fondement.

swissinfo: Comment les autres membres de l’ONU jugent-ils les prestations de la Suisse depuis qu’elle est l’un d’entre eux?

J. S.: Je n’ai noté aucune réaction négative, peut-être parce que les diplomates sont des gens trop polis! Nous avons bénéficié d’emblée d’une attitude amicale et coopérative de la part des autres délégations. Je pense qu’elles sont contentes de voir un pays tel que la Suisse s’efforcer de contribuer à résoudre les problèmes du monde.

swissinfo: Il y a une année, vous aviez déclaré à swissinfo que vous adopteriez une approche «en douceur» durant cette première année. Allez-vous maintenant forcer le pas?

J. S.: Je pense que c’était une bonne chose de considérer cette première année comme une période d’apprentissage. Bien sûr, nous avons assumé notre position mais, c’est vrai, nous ne voulions pas donner l’impression qu’après avoir mis cinquante ans à rejoindre l’organisation, nous allions d’emblée dire aux autres ce qu’il fallait faire et que nous savions tout mieux que tout le monde.

Dans ce sens et tout en défendant nos positions, nous avons été plutôt discrets. Désormais, nous allons peut-être participer un peu plus activement au débat sur des sujets qui n’ont pas forcément un effet direct sur la Suisse.

Interview swissinfo: Jonas Hughes
(Traduction: Isabelle Eichenberger)

En mars 2002, les Suisses acceptaient par référendum d’adhérer à l’ONU.
La Suisse est entrée officiellement dans l’organisation le 10 septembre 2002.
Auparavant, elle avait un statut d’observateur.

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