Angelina Jolie défend les droits humains
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L'Open Forum de Davos s'est penché vendredi sur les droits de l'homme. La cause étaient défendue par une ambassadrice de charme: l'actrice Angelina Jolie.
Les participants au débat ont pêle-mêle dénoncé les Etats-Unis, les gouvernements corrompus, la Banque mondiale, mais aussi une opinion publique passive.
Caméras de télévision internationales et crépitements de flash: la Alpine Mittelschule de Davos avait des airs de Hollywood, lors de la venue à l’Open Forum d’Angelina Jolie et de son compagnon Brad Pitt.
Près de 400 personnes étaient massées dans l’aula de l’école pour assister à la conférence «Droits de l’homme: contrainte ou volontariat» durant laquelle la jeune femme, ambassadrice du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a pris la parole.
Si quelques habitués de l’Open Forum et de nombreux journalistes avaient fait le déplacement, la salle était en majorité remplie d’adolescents, qui avaient déserté leurs classes pour assister aux premiers pas de la star hors de l’enceinte du WEF.
Des cris et des applaudissements ont certes éclaté lors de l’entrée en scène d’Angelina Jolie, vêtue d’une simple robe noire mettant en valeur son ventre de future maman, et de Brad Pitt. Mais rien n’a troublé le débat.
Les Etats-Unis en accusés
D’entrée de jeu, Angelina Jolie a ouvert la discussion de l’Open Forum. «En tant qu’Américaine, le fait que mon pays n’ait pas encore ratifié la Charte sur les droits des enfants me fait profondément honte» a-t-elle confessé.
La star n’a donc pas usé de la langue de bois, condamnant les pratiques de son propre pays. Angelina Jolie s’est notamment dite «préoccupée» par les présumées prisons secrètes de la CIA en Europe.
Ses propos ont notamment été appuyés par son compatriote Kenneth Roth. Le directeur de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch estime que l’on a assisté à un recul en matière de droits de l’homme au cours des quatre dernières années, et cela au nom de la lutte contre le terrorisme.
Or la politique des Etats-Unis donne un mauvais exemple. «Les autres Etats justifient leur propre non-respect des droits de l’homme sous le prétexte que les Etats-Unis ne le font pas non plus», a affirmé Kenneth Roth.
Mais les Etats-Unis n’ont pas été les seuls à figurer au banc des accusés. Les participants à l’Open Forum ont notamment dénoncé les gouvernements ou encore la Banque mondiale.
L’opinion publique elle-même, trop passive, n’a pas été épargnée. «L’opinion publique se soucie à peine de la situation au Népal, où la guerre règne depuis dix ans. Où est notre engagement, où est notre âme?», s’est notamment demandé Reinhard Fichtel de l’ONG suisse Terre des hommes.
Attention médiatique bienvenue
Pour faire progresser la question des droits de l’homme, Angelina Jolie a prôné l’éducation. «De nombreuses personnes dans cette salle n’ont certainement pas lu la Déclaration des droits de l’homme. Or nous avons de nombreux moyens de nous tenir informés», a souligné la jeune femme.
Mais l’actrice est consciente des limites de son action. «Lorsque je parle des problèmes des réfugiés au Darfour avec le gouvernement, ils me disent ´magnifique´. Mais le lendemain, quelqu’un du gouvernement américain débarque et tout se présente différemment.»
Cependant, la médiatisation de la cause des droits de l’homme avec des stars s’avère malgré tout utile. En témoigne l’excitation du jeune auditoire qui a vite fait place à une écoute sérieuse et attentive, comme l’a remarqué Simon Weber, de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), co-organisatrice de l’Open Forum.
«Le public a vraiment écouté, l’intérêt ne résidait pas uniquement dans la personnalité de Mme Jolie», s’est pour sa part réjoui Peter Brey, secrétaire général de Terre des Hommes, qui a participé à la mise sur pied de cette conférence.
Prenant le contre-pied des critiques accusant l’Open Forum d’avoir voulu tenter un coup médiatique en invitant le couple le plus glamour du moment, il a estimé que toute action soulignant l’importance des droits de l’homme et de l’enfant était positive.
«Je ne serais pas étonné que certains jeunes téléchargent la Déclaration des droits de l’homme et la lisent», a de son côté estimé M. Weber, qui a rappelé que le but du forum ouvert était de provoquer une prise de conscience dans la population. «Les jeunes sont là. Et peut-être que certains reviendront demain», a-t-il conclu.
swissinfo avec les agences et Andreas Keiser à Davos
– En 2002, le WEF a répondu aux critiques des opposants à la mondialisation et aux ONG qui voient dans le Forum la «grand-messe du capitalisme» en organisant le premier Open Forum de Davos.
– L’idée de l’Open Forum est d’intégrer également les voies qui critiquent la globalisation dans le cadre du WEF.
– L’Open Forum est organisé par le WEF en collaboration avec les Eglises protestantes de Suisse.
– Contrairement aux rencontres du WEF, qui se déroulent dans un espace fermé et sécurisé, l’Open Forum est ouvert au public, d’où son nom.
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