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Armes biologiques: la Suisse monte au front

Dans l'idéal, ces combinaisons de protection contre les armes biologiques ne devraient jamais servir. Keystone

Des experts du monde entier - y compris de Suisse - discutent cette semaine à Genève du renforcement de la Convention de 1972 sur les armes biologiques.

La délégation helvétique va tout mettre en oeuvre pour éviter une répétition du scénario de la dernière conférence, qui s’était conclue sur un constat d’échec.

Il y a deux ans, une proposition qui aurait obligé les Etats à se soumettre à des inspections obligatoires a été enterrée sous la pression des Etats-Unis.

Invoquant le secret défense, Washington avait alors proposé que les pays violant la convention soient simplement blâmés.

Un échec difficile à avaler pour la délégation suisse. «Nous étions nettement en faveur d’un instrument légalement contraignant, comme ceux qui existent pour les armes chimiques et les armes nucléaires», rappelle Francesco Quattrini, du ministère des Affaires étrangères.

Et de préciser que «si les Etats ne se débarrassent pas de leurs armes biologiques, c’est qu’officiellement, ils n’en ont pas».

Francesco Quattrini ajoute que sans inspections sur place, il est très difficile de prouver qu’un pays a effectivement un programme d’armes biologiques.

En effet, la plupart des Etats nient en avoir ou îls assurent qu’ils ont détruit leurs stocks.

Pour autant, le diplomate refuse de désigner les Etats-Unis comme seuls responsables de l’échec de 2002.

«A l’époque, se souvient Francesco Quattrini, de nombreux pays pauvres ont fait pression pour que l’on retire les inspections de l’agenda et ils étaient trop heureux de suivre les Américains.»

Surveillance accrue

La réunion de Genève traitera notamment du renforcement de la surveillance des maladies infectieuses en vue de déceler l’usage éventuel d’armes biologiques.

Mais la Suisse préférerait que l’on s’intéresse davantage au démantèlement des arsenaux existants.

«Le problème, c’est que l’on se concentre sur la surveillance et pas sur le désarmement, note Francesco Quattrini. Et ce n’est pas ça qui va augmenter l’efficacité de la Convention.»

Une des grandes craintes de signataires de cette Convention serait de voir des groupes terroristes entrer en possession d’armes biologiques.

C’est pourquoi les gouvernements préparent un code de conduite à l’intention des scientifiques, qui devrait être discuté l’année prochaine.

«Il est assez facile de fabriquer des armes biologiques, conclut Francesco Quattrini. Et c’est pourquoi les scientifiques doivent être rendus attentifs à l’importance éthique de leur travail».

swissinfo, Scott Capper
(Traduction: Marc-André Miserez)

– La Convention des Nations Unies sur les armes biologiques a été le premier traité multilatéral bannissant une catégorie entière d’armes.

– Signée le 19 avril 1972, elle est entrée en vigueur le 26 mars 1975.

– 147 Etats l’ont ratifiée, parmi lesquels toutes les puissances importantes de la planète, et 16 autres l’ont simplement signée.

– Malgré cela, la Convention ne prévoit pas d’instruments de vérification de son application, ce qui en limite nettement l’efficacité.

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