Au Tchad, une partie des expatriés quittent le pays
Les combats se poursuivent au Tchad après l'irruption samedi de la rébellion à N'Djamena. L'armée française a entamé l'évacuation des ressortissants étrangers.
Une vingtaine de Suisses – sur les 120 immatriculés dans le pays – ont été évacués du pays durant le week-end.
Ces personnes ont été acheminées à Libreville, au Gabon, et devaient être rapatriés lundi. Berne va en effet affréter un avion à destination du Gabon.
Ces ressortissants suisses qui se trouvaient à N’Djamena ont été évacués par avions de transport de l’armée française, a indiqué Raphaël Saborit, porte-parole du DFAE.
Au total, l’armée française a évacué plus de 500 personnes de N’Djamena vers Libreville durant le week-end.
Une équipe du Corps suisse d’aide humanitaire s’est rendue à Libreville pour accueillir les ressortissants suisses, a précisé Raphaël Saborit.
Selon ce dernier, tous les Suisses qui désiraient être évacués du Tchad ont pu l’être. Les autres ressortissants helvétiques se trouvant actuellement à N’Djamena ont rejoint trois sites sécurisés de l’armée française durant la nuit de samedi à dimanche en raison de la situation dans la capitale tchadienne.
«Ils sont en sécurité», ont précisé les responsables de la cellule de crise mise en place à Berne par le DFAE. Pour l’instant, aucune autre évacuation n’est prévue, a relevé Raphaël Saborit dimanche.
Une quarantaine de Suisses se trouvent dans le reste du pays. Ils résident dans des zones épargnées par les combats. Il s’agit avant tout de missionnaires ou des collaborateurs d’organisations non gouvernementales ou du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
La Suisse n’a pas d’ambassade à N’Djamena. Les activités de la Direction du développement et de la coopération (DDC) ont été interrompues et le bureau de coordination dans la capitale se concentre désormais sur la gestion de la crise en liens étroits avec les autorités françaises.
Situation très incertaine
Sur le terrain, les combats se sont poursuivis dimanche à N’Djamena après l’arrivée samedi des rebelles dans la ville. «Il y a des opérations militaires des deux côtés. La situation reste très incertaine et il est difficile de déterminer qui contrôle quoi», a indiqué une source militaire tchadienne.
Autour du quartier de la présidence, quartier général du président Idriss Deby Itno, «c’est mouvant». Une autre source militaire a confirmé cette impression, soulignant que les «belligérants se cherchent».
Aucun bilan officiel des combats n’a été diffusé dimanche. Mais ces affrontements, les premiers à N’Djamena depuis l’offensive rebelle de 2006, ont fait plusieurs centaines de blessés, essentiellement des civils touchés par des «balles perdues», a annoncé l’organisation Médecins sans frontières.
De son côté, le ministre français de la Défense Hervé Morin a confirmé dimanche que le chef d’état-major tchadien Daoud Soumaïn avait été tué dans les combats.
Hors de la capitale
En dehors de N’Djamena, l’armée tchadienne a annoncé avoir repoussé une attaque dimanche contre la localité d’Adré, dans l’est du pays limitrophe du Soudan, lancée par des militaires de l’armée soudanaise et des rebelles et milices alliés. Adré est situé sur le principal axe routier est-ouest reliant le Tchad au Soudan.
Au sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, les dirigeants du continent ont condamné l’entrée des rebelles dans N’Djamena et menacé de les chasser de l’UA s’ils accédaient au pouvoir.
«En cas de victoire de la rébellion, nous les excommunierons de l’Union africaine», a déclaré le nouveau président en exercice de l’UA, le Tanzanien Jakaya Kikwete.
La France, ex-puissance coloniale, a également condamné le coup de force des rebelles et apporté son soutien à la médiation décidée par l’UA.
L’Eufor-Tchad en ligne de mire
Les combats entre Tchadiens ont retardé jusqu’à mercredi au moins le déploiement imminent dans l’est du Tchad de la force européenne Eufor-Tchad, à forte composante française, censée protéger les populations civiles des débordements des violences au Darfour soudanais voisin.
Plusieurs experts, ainsi que les autorités tchadiennes, estiment que le Soudan, parrain des rebelles tchadiens, les a incités à attaquer pour perturber ce déploiement.
swissinfo et les agences
Pays faiblement peuplé (9 millions d’habitants) à cheval entre Sahara et Sahel, le Tchad est très composite sur le plan de sa population. Ancienne colonie française, ses frontières résultent de négociations entre les puissances colonisatrices de l’époque. Il est indépendant depuis 1960.
L’histoire moderne du pays – largement liée aux influences de la France et de la Libye – est marquée par les révoltes des populations du nord, majoritairement musulmanes, par des batailles sanglantes et plusieurs coups d’Etat. Le dernier en date a permis à Idriss Déby Itno de renverser Hissène Habré en 1990. Son régime autoritaire tient depuis lors.
Ce dernier accuse le Soudan voisin de soutenir ses adversaires intérieurs, en lien avec la crise au Darfour voisin, qui a provoqué l’arrivée de 235’000 réfugiés dans l’est du pays.
Le Tchad est un pays prioritaire de l’aide bilatérale suisse. Depuis 1965, la Suisse apporte son soutien dans les secteurs du développement rural, de l’accès aux soins et de l’éducation de base.
Ce programme vise aujourd’hui à renforcer les capacités des entreprises familiales agropastorales et des communautés rurales à améliorer leurs conditions de vie. Mais aussi leur espace de dialogue avec l’état et les services publics. Et ce, dans le but de créer des conditions favorables à un développement durable.
La Suisse a contribué pour 14,5 millions de francs aux efforts en faveur du Tchad l’an dernier. Une partie de cette somme – 3,5 millions – vont à l’aide humanitaire pour les camps de réfugiés.
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