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Ces «stars» happées par la politique

Pierre Keller, directeur de la Haute Ecole des arts appliqués, est candidat pour le PDC vaudois. Keystone

En ce début d’année électorale, les candidats à l’Assemblée fédérale sortent du bois. Parmi la grande majorité de politiciens de milice, quelques candidats atypiques se profilent: des journalistes, des médecins, un sportif et même un artiste.

Au début des années 1980, un certain Ronald Reagan de Hollywood se faisait élire 40e président des Etats-Unis… Plus récemment, un certain Arnold Schwarzenegger était gouverneur de la Californie. Ce n’est pas tout à fait le genre de la Suisse, bien sûr.

«On n’a pas vraiment de stars, quel que soit le domaine, observe le politologue William Ossipow. D’abord on n’aime pas cela, et puis la politique est ici un domaine de milice qui paie mal et n’est donc pas très attractif.»

Plutôt des «bêtes politiques»

Il y a tout de même des «bêtes politiques», genre Christoph Blocher, vice-président de l’Union démocratique du centre (UDC/ droite conservatrice) et ex-ministre de la Justice et de la Police, qui se présentera le 13 octobre à la Chambre des cantons. Et qui a récemment raconté au quotidien alémanique Blick qu’il «comptait beaucoup» sur la candidature de Paul Accola, ex-champion de ski alpin de 43 ans, pour la liste UDC du canton des Grisons à la Chambre du peuple.

L’intéressé ne confirme ni ne dément, mais se déclare «d’accord d’aider les pauvres gens, mais pas les paresseux». Le Grison ne serait pas le premier sportif sous la coupole fédérale, où siège depuis 1994 l’ancien coach de l’équipe nationale de hockey sur glace, le démocrate du centre bernois Simon Schenk. On se souviendra aussi de cet autre Bernois, le directeur de la Fédération suisse de ski Adolf Ogi, propulsé au Conseil fédéral de 1987 à 2001 par l’UDC.

Apporter un savoir-faire

Pour les élections législatives du 23 octobre prochain, on parle aussi de Claude Béglé dans le canton de Vaud. «Rien n’est décidé.» La réponse de l’ancien président de la Poste tombe sèchement. Mais il est de notoriété publique que le Parti libéral-radical (PLR) et le Parti démocrate-chrétien (PDC) se le disputent.

Ce que confirme le conseiller national (député) PDC Jacques Neirynck. Le vétéran du parlement ajoute que «ce serait un honneur» de voir Claude Béglé lui succéder dans quelques années à Berne, voire de conquérir à ses côtés un deuxième siège dans le canton de Vaud. «C’est un candidat intéressant parce que c’est un homme de réseau», relève Jacques Neyrinck.

Cet ancien professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), avait lui-même été coopté par le PDC en 2001. «Cela s’est toujours produit partout d’attirer des personnalités extérieures. Comme nous avons le grand avantage d’avoir un parlement de milice en Suisse, les gens qui y entrent doivent apporter quelque chose qu’ils ont réussi antérieurement, mais qui concerne le parlement.»

Des transfuges «naturels»

Parmi les candidats en vue, on parle aussi de deux médecins très médiatiques. Dans le canton de Berne, le président de la Fédération des médecins suisses (FMH) Jacques de Haller portera les couleurs du Parti socialiste, tandis que le patron de la chirurgie cardiaque de l’Hôpital de l’Île, Thierry Carrel, arborera celles du PLR.

Et puis il y a les journalistes. Fathi Derder a annoncé qu’il démissionnait de son portes de rédacteur en chef de la chaîne régionale La Télé pour se porter candidat dans les rangs du PLR vaudois pour le Conseil national.

«Les journalistes ont un réseau, ils s’expriment bien. Ils sont les mieux qualifiés par définition, comme tout juriste, ingénieur ou tout militant syndical qui, tous, apportent leur formation et leur expérience professionnelles pour se battre efficacement dans l’arène politique», relève Jacques Neirynck.

Il y a de nombreux précédents. Le Zurichois Filippo Leutenegger, célèbre pour son émission politique «Arena», a quitté la Télévision suisse alémanique (SF) en 2003 pour entrer au Conseil national sous les couleurs radicales. Le libéral genevois Jacques-Simon Eggly avait été correspondant parlementaire avant de faire carrière comme député (il préside actuellement l’Organisation des Suisses de l’étranger).

Ou le Bernois Norbert Hochreutener, ex-rédacteur parlementaire pour la SF devenu conseiller national PDC en 1995, après un détour par le service de presse de la Chancellerie fédérale.

Et aussi Jean-Charles Simon, animateur fétiche de la Radiotélévision suisse (RTS), élu du premier coup député PDC en 1995. Mais, après une législature, le Vaudois a choisi de sauver son poste à la RTS. Moralité: hormis le service militaire, n’est pas milicien qui veut.

Le désir de visibilité

William Ossipow confirme que les journalistes sont des candidats «naturels» pour passer de l’autre côté du miroir politique. Ou les lobbyistes. «Quant aux personnalités extérieures, elles cherchent peut-être à se reconvertir parce qu’elles ont envie de rester visibles. Inversement, les partis pratiquent un marketing politique qui vise à accroître leur visibilité.»

Pour le professeur honoraire de science politique, le calcul des partis est risqué, car il peut créer des conflits avec les fidèles militants des partis. Ainsi il n’est pas sûr que les bons soldats du PDC voient d’un bon œil la candidature plutôt anticonformiste de Pierre Keller. Le flamboyant directeur de la Haute Ecole d’arts appliqués de Lausanne, qui part à la retraite à fin juin 2011, a confirmé sa candidature mardi à la Télévision romande.

«J’ai dû réfléchir quelques temps pour savoir si je suis capable de faire ce nouveau métier, rigole l’intéressé. Si je me lance dans la campagne c’est aussi parce que cela m’amuserait d’être élu et de mesurer mon taux de popularité dans le canton de Vaud.»

Le scrutin se déroule tous les quatre ans. En 2011, il se tiendra le dimanche 13 octobre.

L’élection au Conseil national obéit à un système proportionnel.

Nombre de sièges: 200.

Le Conseil national représente le peuple suisse.

L’élection au Conseil des Etats obéit à un système majoritaire.

Nombre de sièges: 46.

Le Conseil des Etats représente les cantons suisses.

Les Suisses de l’étranger peuvent choisir leur ancienne commune de résidence comme commune électorale et s’y faire enregistrer.

Parmi quelque 700’000 d’entre eux, plus de 120’000 se sont inscrits sur un registre électoral.

Les Suisses de l’étranger peuvent aussi se faire élire (droit de vote passif) mais aucun d’entre eux n’a encore réussi à entrer au Parlement.

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