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Chronologie jurassienne, 999 – 1979

Les sept districts du ‘Jura historique’: Delémont, Ajoie, Franches-Montagnes (Jura), Moutier, La Neuveville, Courtelary (Berne) et Laufon (Bâle). montsevelier.ch

Si l’existence d’un canton du Jura a été plébiscitée en 1974, l’histoire jurassienne commence officiellement en 999…

De l’Evêché de Bâle au Canton du Jura en passant par la République rauracienne et le Département du Mont-Terrible, survol de quelques grandes dates.

999

Le dernier roi de Bourgogne transjurane fait don à l’Evêque de Bâle du couvent de Moutier et des nombreuses terres qui l’accompagnent. Au 16e siècle, Lors de la Réforme, la ville de Bâle, devenue protestante, se séparera de la Principauté et adhèrera à la Confédération suisse. Le prince-évêque s’établira alors à Porrentruy.

1792

En avril, inquiété par la Révolution française, le prince-évêque quitte son château de Porrentruy pour se réfugier à Bienne. En décembre est proclamée la République rauracienne, indépendante.

1793

La pression politique française provoque la fin de cette éphémère république. Laquelle se métamorphose alors en département français, le «Département du Mont-Terrible», chef-lieu Porrentruy. La région de Montbéliard y est incorporée en 1797.

1800

Par la volonté de Bonaparte, le Département du Mont-Terrible est réuni à celui du Haut-Rhin. La préfecture en est Colmar.

1815

L’effondrement de Napoléon à Waterloo a pour conséquence la tenue du Congrès de Vienne, où les vainqueurs redessinent l’Europe. Et personne ne sait vraiment quoi faire de l’ancien Evêché de Bâle.

Berne réclame le retour de ses anciens pays-sujets, Vaud et Argovie. Mais ceux-ci ayant accédé au statut de cantons en 1803, la demande bernoise est rejetée. En compensation, on lui attribue le Jura et Bienne.

Les débuts du séparatisme

Au cours du 19ème siècle, le Jura parvient, malgré le centralisme bernois, à préserver sa langue et sa culture. Notamment à travers la Société jurassienne d’Emulation, créée en 1847.

Mais un écart se marque progressivement entre le Nord, catholique et agricole, et le Sud, protestant, dans lequel l’industrialisation et l’immigration consécutive se développent.

Avec la Première guerre mondiale, le fossé culturel et linguistique entre Berne et le Jura s’accroît et aboutit en 1917 à la constitution du «Comité pour la création d’un canton du Jura».

1947

Le conseiller d’Etat Georges Moeckli, jurassien francophone, se voit refuser la direction du Département cantonal des travaux publics pour des raisons de langue. C’est un affront pour les Jurassiens, et la presse se déchaîne. Dans la foulée est créé, le «Comité de Moutier», puis, en 1959, le «Mouvement séparatiste jurassien» (MSJ).

1950

A la suite d’une votation populaire, l’existence du «Peuple jurassien» est reconnue dans la constitution cantonale. Elle consacre également l’égalité des deux langues, et deux sièges jurassiens au gouvernement (cantonal).

1951

Le MSJ se transforme en «Rassemblement jurassien» (RJ) en 1951. Il est porté par ses deux leaders, Roland Béguelin et Roger Schaffter. Son hebdomadaire, le «Jura Libre» (lancé en 1948), en est le porte-parole. En réaction se crée une association anti-séparatiste, l’«Union des patriotes jurassiens» (UPJ).

1959

Un scrutin cantonal bernois (sur initiative populaire lancée par le RJ) rejette l’idée de l’organisation d’un plébiscite dans le Jura.

De la revendication à l’action

1963

Fondation du groupe «Bélier», dont les activistes vont perpétrer plusieurs opérations spectaculaires, bientôt dépassées par celles menées par le Front de libération jurassien (FLJ), qui flirte avec le terrorisme. Activisme large, de la provocation rigolarde aux actions à l’explosif, et véritable escalade.

1970

Le peuple bernois et jurassien approuve un additif à la Constitution cantonale qui reconnaît le droit à l’autodétermination du peuple jurassien, ouvrant ainsi la voie au plébiscite.

De leur côté, les autonomistes jurassiens modérés, craignant l’éclatement de leur région, créent le «Mouvement pour l’unité du Jura» (la ‘Troisième Force’).

23 juin 1974

Par plébiscite, le Jura dit «oui» à la création d’un nouveau canton (36’802 «oui» contre 34’057 «non»). Mais le risque d’éclatement de la région se concrétise: les anti-séparatistes décident de faire usage du droit qui leur permet de demander un sous-plébiscite dans les régions où ils sont majoritaires.

16 mars 1975

Les districts de Moutier, La Neuveville et Courtelary décident de rester dans le canton de Berne. Quant au district de Laufon, qui opte d’abord pour Berne, il se rattachera par la suite à Bâle-Campagne.

Septembre 1975

Suite du plébiscite «en cascade»: quatorze communes limitrophes de la nouvelle frontière se prononcent une nouvelle fois sur leur appartenance cantonale. La ville de Moutier, à une faible majorité, décide de rester dans le canton de Berne.

24 septembre 1978

Le peuple suisse et tous les cantons reconnaissent la République et Canton du Jura comme 23e canton. Il est constitué par les districts de Delémont, de l’Ajoie et des Franches-Montagnes.

1er janvier 1979

Le canton du Jura entre en souveraineté. Delémont abrite le siège des autorités. Porrentruy accueille les tribunaux, la Banque cantonale et divers offices.

swissinfo, Bernard Léchot

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