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Comment en est-on arrivé là?

Le résultat de la visite à Bonn du ministre suisse des Transports Moritz Leuenberger soulage les Zurichois. Provisoirement du moins.

Pour autant, le problème du survol de l’espace aérien allemand n’est pas encore réglé. Rappel des faits.

Au-delà des frontières cantonales, le malheur des Zurichois pris au piège par le refus de l’accord aérien germano-suisse fait parfois sourire, voire ricaner.

Pourtant, il n’y a pas vraiment de quoi. L’enjeu est de taille, de part et d’autre de la frontière.

Côté allemand, les voisins – qui sont survolés par le trafic aérien de Kloten – ont été négligés pendant des décennies.

Et, côté suisse, la situation menace de se transformer en un boomerang pour l’économie zurichoise, voire une large part de l’économie helvétique.

100 000 emplois en jeu



C’est ce que tente de démontrer le maire de Zurich. «20 000 emplois dépendent directement de l’aéroport, rappelait, il y a une dizaine de jours, Elmar Ledergerber. Mais, dans toute la Suisse, 100 000 en dépendent indirectement.»

La Confédération est également convaincue du danger. Le ministre suisse des Transports Moritz Leuenberger l’a d’ailleurs répété mercredi soir juste avant de monter dans l’avion pour Bonn où il devait rencontrer son homologue allemand.

Les fronts se durcissent

A Zurich même, les mouvements de défense des riverains n’ont cessé de durcir le ton. Au point qu’aujourd’hui personne ne semble prêt à faire de compromis.

Les riverains du sud réclament des vols par le nord. Les riverains du nord, eux, sont convaincus que la variante par l’est ou le sud va tout régler. Quant aux habitants de l’est, ils ne veulent plus d’avions du tout.

Evoqué l’an dernier encore, un projet de «répartition équitable des nuisances sonores» sonne aujourd’hui comme un anachronisme.

Un accord pas respecté



Comment en est-on arrivé là? Dans les années 70, les Allemands font une première demande de compromis. Mais les Suisses refusent.

Finalement, en 1984, un accord est conclu entre l’Allemagne et la Suisse. Il prévoit, à terme, une répartition équitable entre les deux pays.

Ce qui ne sera jamais fait, au contraire. Selon des chiffres allemands, en 2000, année de trafic record à Kloten, 92% des avions (150 000 appareils) atterrissent à l’aéroport de Zurich par le nord.

Un premier compromis



Appelés à négocier un nouvel accord, les deux pays trouvent finalement un compromis, le 23 mai 2001, après de longs mois de discussions.

Ce nouvel accord prévoit de plafonner le nombre de survols à 100 000, après un délai de transition. Il est paraphé par les deux pays en octobre 2001.

L’aéroport, le canton, la ville de Zurich et une bonne partie de la droite parlementaire helvétique annoncent aussitôt leur opposition. Et, après deux ans de discussions, l’accord est rejeté en mars 2003.

Des mesures de rétorsions



Le 17 avril 2003, les Allemands prennent des premières mesures de rétorsions. La vigueur de ces dernières surprend les Zurichois.

Concrètement, ce premier tour de vis interdit le survol du territoire allemand de 21 heures à 7 heures la semaine et de 20 heures à 9 heures le week-end et les jours fériés.

Le nombre de survols autorisés est réduit de 150 000 à 110 000. Et l’altitude minimale des avions est relevée à environ 3600 mètres.

La date butoir du 10 juillet



Cela dit, de nombreuses exceptions sont autorisées. Autant d’exceptions qui devaient justement être supprimées à partir du 10 juillet.

A terme, il était prévu de réduire davantage le nombre de survols du Sud de l’Allemagne à 80 000, soit un nombre moins important que celui qui était prévu par l’accord aérien germano-suisse.

Selon l’aéroport, une quinzaine de longs courriers arrivant le matin à Kloten auraient dû être déroutés sur Bâle, Genève ou Münich.

Chaque jour, jusqu’à 30 avions auraient été concernés, si l’on compte les vols détournés également en fin de soirée.

Un signe de bonne volonté



Espérant démontrer sa bonne volonté, le gouvernement zurichois avait décidé fin mai de changer de cap.

Pour compenser les vols interdits sur les pistes du nord, il avait décidé d’autoriser non seulement davantage de vols sur la piste 28, mais aussi une utilisation accrue de la piste 34 pour laquelle les avions doivent survoler le sud de l’aéroport.

La Confédération avait donné son aval à l’installation des instruments nécessaires sur la piste sud, dès cet automne.

Encore du pain sur la planche



C’est avec ce signe de bonne volonté que le ministre Moritz Leuenberger espérait convaincre son homologue Manfred Stolpe de repousser (voire d’annuler) les nouvelles mesures de rétorsions prévues pour le 10 juillet.

Finalement, Moritz Leuneberger a obtenu un sursis. Mais le ministre suisse des Transports a encore du pain sur la planche.

Son collègue socialiste, le maire de Zurich Elmar Ledergerber, est farouchement opposé aux vols par le sud. Cette semaine, le Conseil de la ville a d’ailleurs voté à l’unanimité une résolution allant dans ce sens.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann à Zurich.

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