Quand deux jeunes s’engagent pour changer les frontières de la Suisse
La région italienne de la Valteline doit à nouveau appartenir à la Suisse: c’est l’une des idées les plus marquantes déposées à l’occasion d’un concours organisé par les parlements des jeunes du pays. Elle sera défendue à Berne par un jeune député de l’UDC.
Il est difficile d’imaginer deux jeunes à l’allure plus pacifique qu’Amin Casutt et Matteo Briccola. L’idée concoctée par ces deux jeunes Grisons de 16 ans a toutefois le potentiel de dégénérer en un conflit entre la Suisse et l’Italie. Ce n’est évidemment pas l’objectif des deux gymnasiens de Coire. Ce qu’ils proposent est un acte pacifique et parfaitement démocratique: un référendum de la population italienne résidant en Valteline, afin qu’elle puisse décider de rejoindre la Suisse si elle le souhaite.
L’idée leur est venue après avoir entendu à plusieurs reprises des concitoyens grisons plus âgés déclarer: «Oui, à l’époque, lorsque la Valteline était encore suisse…». En s’intéressant de plus près à ce sujet, ils se sont rendus compte que de nombreux habitants de la Valteline préféreraient que leur région fasse partie du canton des Grisons, et donc de la Suisse.
A leurs yeux, la Confédération doit prendre langue avec l’Italie pour discuter de l’organisation d’une votation. Les Valtelinois pourraient ainsi décider eux-mêmes de leur appartenance nationale.
Permis de conduire et enfants intersexués
Le projet a séduit Christian Imark, député de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice), qui lui a décerné le premier prix du concours organisé sur le site engage.chLien externe par les parlements des jeunes de toute la Suisse. Il défendra en personne l’idée devant le Parlement fédéral à Berne. «C’est la proposition qui changerait la Suisse de la manière la plus évidente», affirme-t-il. Il en va selon le député UDC des valeurs helvétiques telles que l’autodétermination, l’indépendance, la liberté et la responsabilité individuelle.
Mais comment compte-t-il s’y prendre pour redonner à la Suisse sa grandeur passée dans le cadre du processus politique contemporain? Christian Imark ne pourra bien évidemment pas exiger du Conseil fédéral qu’il se rende en Italie et proclame l’annexion de la Valteline. «Mais nous voulons demander au gouvernement suisse s’il est au courant de l’état d’esprit qui règne en Valteline», relève Christian Imark.
Dix autres propositions vont être défendues dans l’arène politique par les jeunes parlementaires qui siègent sous la Coupole fédérale. Parmi celles-ci, le permis de conduire pour les jeunes dès 16 ans (au lieu de 18 actuellement), une meilleure protection des enfants intersexués, l’amélioration des conditions de formation dans le domaine des soins ou encore la suppression des désavantages fiscaux pour les personnes mariées.
Des idées bientôt à l’agenda politique?
Le site engage.chLien externe est un projet porté par l’association faîtière des parlements des jeunes en Suisse. Son objectif est d’encourager la participation politique des moins de 25 ans. Au printemps de cette année, près de 700 propositions ont été déposées en ligne par des jeunes de toute la Suisse.
Les 11 députés de moins de 35 ans qui siègent au Parlement suisse ont chacun choisi parmi ces idées le projet qui leur parlait le plus. Le 12 juin 2017, les gagnants du concours ont été reçus au Palais fédéral, afin de développer une stratégie commune avec les parlementaires sur la meilleure manière de mettre leur projet à l’agenda politique.
Vous pouvez contacter l’auteur de cet article sur Twitter: @RenatKuenziLien externe
(Traduction de l’allemand: Samuel Jaberg)
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