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Deux jours de sprint pour un ministre au WEF

Davos, un planning qui laisse peu de temps à Moritz Leuenberger pour reprendre son soufle. Keystone

A Davos, les ministres suisses sont sur les dents, cumulant contacts et rencontres. La preuve avec Moritz Leuenberger, présent deux jours sur place.

Cet intense lobbying d’Etat ne se fait pas sans stress ni constants bouleversements d’agenda, pour des résultats à longue échéance.

Le Président de la Confédération est arrivé à Davos en hélicoptère Super Puma de l’armée. A bord aussi, son collègue Joseph Deiss, ministre de l’Economie.

Mais à une poignée d’heures à peine de son retour en plaine, Moritz Leuenberger, visiblement fatigué, ne savait pas encore s’il rentrait par le train ou les airs. C’est dire la flexibilité nécessaire du ministre et de son agenda pendant ses deux longues journées passées à Davos.

Sur les hauteurs grisonnes, lors des débats du WEF ou en marge de ceux-ci, par exemple dans les hôtels de la stations, le ministre a multiplié les rencontres, les entretiens, les contacts. Plus d’une dizaine de rendez-vous fixés, sans compter ceux confirmés à la dernière minute.

Bouleversements d’agenda

La Chancelière allemande Angela Merkel, le président pakistanais Musharraf, le Nigérian Obasanjo, le Premier ministre turc Erdogan, celui de Pologne Marcinkiewicz font partie des politiques rencontrés sur place.

Ces rendez-vous résultent des demandes des uns (la Suisse) ou des autres, transmises par la voie diplomatique, explique André Simonazzi, porte-parole du ministre. Elles sont ensuite traitées en fonction des disponibilités de chacun.

Si l’ossature de ces journées davosiennes a été dessinée par l’équipe du ministre la semaine précédente, de fait, les bouleversements d’agenda sont constants, les retards fréquents. Mais on finit par se rencontrer…

Assez naturellement

«Si je veux m’entretenir avec la chancelière allemande concernant l’aéroport de Zurich, je cherche dans nos agendas respectifs une possibilité pendant des mois», confie Moritz Leuenberger à swissinfo.

«Ici, il est possible de s’entretenir pendant une demi-heure, poursuit le ministre des transports. Et pas seulement avec elle, avec d’autres personnes et sur d’autres sujets. C’est le grand avantage de ces journées à Davos.»

Sur le fond, «tout se passe assez naturellement, explique André Simonazzi. Ces rencontres sont assez informelles, il ne s’agit pas de négociations» au sens strict. Et leurs effets ne sont pas forcément palpables tout de suite.

Un blanc-seing

Et pourtant, participant pour la première fois au travail de Moritz Leuenberger à Davos, André Simonazzi parle d’entretiens plus «productifs» qu’il ne l’imaginait.

En réalité, ces rencontres sont souvent la première étape qui sera suivie de pas ultérieurs. C’est le cas de celle avec le vice-président chinois par exemple, qui devrait déboucher sur un nouveau rapprochement entre les deux pays.

«Lorsque les chefs se sont rencontrés, les subordonnés ont ensuite le blanc-seing pour travailler», résume le porte-parole du ministre.

Sans surprises, le succès de ce lobbying d’Etat tient rarement au seul sourire des hommes. Il est le fruit d’un gros travail de préparation préalable, entre Berne et Davos.

Déjeuner de travail

Avant de parler questions énergétiques avec un homologue, le ministre s’est par exemple entretenu jeudi avec son directeur de l’Office fédéral de l’énergie.

«Les rencontres préparées, nous essayons ensuite de placer les messages voulus, explique André Simonazzi. Et quand tout se passe bien, nous obtenons des ouvertures.»

A Davos, pour mettre à profit le moindre quart d’heure, Moritz Leuenberger a même dû se résoudre à la pratique du déjeuner de travail, lui qui ne déjeune jamais.

«C’est peut-être un peu concentré, reconnaît le ministre. Mais si je compare ces journées avec mon agenda pendant le reste de l’année, tout cela est quand même remarquable.»

swissinfo, Pierre-François Besson à Davos

La 36e édition du WEF (World Economic Forum) se tient jusqu’au 29 janvier à Davos sous le slogan «l’impératif créatif». Cette édition 2006 accueille 735 patrons ou présidents de multinationales.
Une quinzaine de chefs d’Etat et de nombreux ministres sont présents.
Des stars aussi: sportifs de renoms – Pelé (football), Mohammed Ali (boxe) – ou artistes – les musiciens Bono et Peter Gabriel, l’actrice Angelina Jolie, entre autres.

– A Davos, le ministre de l’économie Joseph Deiss œuvre, notamment, en faveur d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis ainsi qu’à la dynamique des négociations de l’OMC.

– En raison des obsèques d’Ibrahim Rugova, la ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey doit y faire une apparition écourtée (participation à L’Open Forum en lien avec les revendications féminines).

– Durant deux jours, le ministre des finances Hans-Rudolf Merz doit y rencontrer plusieurs de ses homologues européens et des représentants du monde de la finance.

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