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Droits de l’homme: Washington soutient Berne

Michael Ambühl n'a pas manqué de rappeler les critiques suisses sur les conditions de détention à Guantanamo. Keystone

Les USA soutiendront la proposition suisse de remplacer la très discréditée Commission des droits de l’homme de l'ONU par un Conseil siégeant à Genève.

En visite à Washington, le secrétaire d’Etat Michael Ambühl a confirmé que, sur ce point comme sur d’autres touchant à la réforme des Nations Unies, les deux pays sont sur la même longueur d’onde.

Sur la réforme de l’ONU, chère à l’Administration Bush, Michael Ambühl confirme à swissinfo avoir trouvé avec ses interlocuteurs «une convergence de vues sur des dossiers centraux», comme l’élargissement du Conseil de Sécurité et la création du Conseil des droits de l’homme.

Les Américains ont par ailleurs assuré la Suisse «de leur soutien à Genève pour être le siège de la future institution» appelée à remplacer la Commission des droits de l’homme de l’ONU, de plus en plus décriée en raison de la présence en son sein de pays qui à l’évidence ne respectent pas les droits humains.

Quant à savoir si la Suisse appuie la position de Washington qui s’oppose à ce que l’Allemagne obtienne un siège permanent au Conseil de Sécurité, Michael Ambühl estime que «l’élargissement du Conseil est une bonne chose, car cela augmente la représentativité» de l’organe politique décisionnaire de l’ONU. Par contre, la Suisse «n’est pas favorable à de nouveaux droits de veto».

En éclaireur


Mais l’objectif premier de la visite du secrétaire d’Etat à Washington était ailleurs. Un mois après l’approbation par le gouvernement d’une refonte de la politique extérieure qui passe en particulier par le développement des relations avec les Etats-Unis et un mois avant la venue du ministre de l’Economie Joseph Deiss, Michael Ambühl est venu en quelque sorte en éclaireur, pour esquisser les contours d’un nouveau rapprochement.

«Les relations entre la Suisse et les Etats-Unis sont excellentes, bien que centrées principalement sur le domaine économique, déclare le secrétaire d’Etat. Et les deux parties ont décidé de travailler ensemble afin d’intensifier et de diversifier ces relations bilatérales et afin de les placer dans un cadre plus structuré».

Ce «cadre plus structuré» pourrait-il inclure la création d’une commission bilatérale qui se réunirait régulièrement pour traiter de dossiers concrets, comme les Etats-Unis en ont déjà avec d’autres pays? «Les détails n’ont pas encore été abordés, répond Michael Ambühl, mais nous nous rencontrerons à nouveau bientôt pour examiner les différentes options que nous avons évoquées».

Accord de libre-échange


A propos du désir de la Suisse de conclure un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, le secrétaire d’Etat souligne que les premières discussions auront lieu le mois prochain lors de la visite de Joseph Deiss.

Or, on sait que le Congrès examine en ce moment un nouvel accord de libre-échange avec les pays d’Amérique Centrale. Celui-ci se heurte à l’opposition des syndicats et de nombreux républicains conservateurs, préoccupés par les délocalisations d’emplois qualifiés et non qualifiés.

Ces réticences pourraient-elles freiner les négociations avec la Suisse? «Je ne crois pas, estime Michael Ambühl. La Suisse et les Etats-Unis sont au même niveau de développement et la crainte des délocalisations est donc bien moindre».

Guantanamo


Au cours de sa visite, Michael Ambühl a notamment rencontré Nick Burns et Paula Dobriansky, respectivement sous-secrétaire d’Etat aux Affaires Politiques et sous-secrétaire d’Etat aux Affaires Mondiales. Au Pentagone, il s’est entretenu avec Peter Rodman, le Sous-Secrétaire de la Défense chargé des questions de sécurité internationale.

Outre la réforme de l’ONU et les questions bilatérales, les entretiens ont porté sur la lutte contre le terrorisme, la non-prolifération nucléaire, la situation au Proche-Orient, dans les Balkans et en Corée du Nord, ainsi que la situation des prisonniers de Guantanamo.

A ce sujet Michael Ambühl a déclaré à la radio alémanique SR DRS que les Américains «avaient bien compris que la Suisse, en tant que dépositaire des Conventions de Genève, avait dans ce domaine une autre politique».

swissinfo et Marie-Christine Bonzom, à Washington

– L’actuelle Commission des droits de l’homme de l’ONU réunit des délégués de 53 pays (la Suisse n’en est pas membre) au cours de sessions annuelles de six semaines, censées permettre de faire le point sur la situation mondiale.

– La Commission est régulièrement critiquée pour son incapacité à faire pression sur les Etats qui en sont membres et qui ne respectent eux-mêmes pas les droits de l’homme.

– Dans le cadre des propositions de réforme de l’ONU, le secrétaire général Kofi Annan a proposé au début avril de remplacer la Commission par un Conseil des droits de l’homme, sur le modèle du Conseil de sécurité.

– Berne et Washington notamment soutiennent cette idée et souhaitent que le futur Conseil soit installé à Genève.

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