Elections 03: une Cinquième Suisse plutôt à gauche

swissinfo.ch

Si les élections fédérales avaient eu lieu mi-mars, les Suisses de l'étranger auraient voté avant tout pour le Parti socialiste et les Verts.

La droite dure se retrouve quant à elle loin derrière, alors qu’en Suisse, elle caracole en tête des sondages.

Ces résultats proviennent d’un sondage réalisé par «GfS – Institut de recherches, politique et Etat, Berne» pour le compte de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) et de swissinfo.

C’est la première fois qu’un tel sondage s’intéresse aux intentions de vote de la Cinquième Suisse en vue d’élections destinées à renouveler le Parlement fédéral.

Ce qui frappe surtout dans ces résultats, c’est que les intentions de vote des Suisses de l’étranger sont sensiblement différentes de celles de leurs compatriotes restés au pays.

Des écologistes surprenants

Les socialistes ont les faveurs des expatriés. Ils recueillent 31% des intentions de vote. En Suisse, le PS obtient 24% et se trouve légèrement dépassé par l’Union démocratique du centre (droite dure) qui caracole en tête des sondages avec 25%.

En revanche, l’UDC ne fait pas recette auprès des expatriés, puisque le parti de Christoph Blocher n’obtiendrait que 15% des voix, soit 10% de moins que dans la mère-patrie.

10%, c’est également l’avance des écologistes dans les intentions de vote de la Cinquième Suisse. En effet, 15% des expatriés se disent prêts à voter pour eux, alors qu’ils ne sont que 5% en Suisse.

En Suisse, le Parti écologiste est le plus fort des partis non gouvernementaux. Il s’en sort mieux parmi les Suisses de l’étranger, puisqu’il dépasse les démocrates-chrétiens (centre-droit) et talonne les radicaux (droite) qui obtiennent respectivement 8% et 18% des intentions de vote.

Comme les écologistes, les libéraux (droite) sont mieux perçus à l’étranger qu’en Suisse. Ils obtiennent 7% des intentions de vote auprès des expatriés contre 2% à l’intérieur de frontières nationales.

Toutes les autres formations politiques (évangélistes, communistes, etc.) ne passent pas la barre des 1%.

Le dossier européen reste important

Ces différences entre les intentions de vote des Suisses de l’étranger et des Suisses de Suisse proviennent notamment du fait que la communauté des expatriés présente quelques particularités.

Le sondage du GfS montre par exemple que, par rapport à la Suisse, les Romands ou encore les universitaires sont bien davantage représentés que dans l’ensemble de la population suisse.

Les préoccupations des Suisses de l’étranger peuvent également expliquer leur façon de voter.

Le sondage, montre que, comme leurs compatriotes restés au pays, ils s’inquiètent beaucoup de l’évolution des assurances sociales, surtout de l’assurance vieillesse. Ces préoccupations profitent surtout aux partis de gauche, socialistes en tête.

Mais il y a aussi une différence de taille. Pour 36% des expatriés, l’intégration à l’Union européenne reste le problème le plus urgent que la Suisse ait à résoudre. C’est bien sûr une autre optique qu’en Suisse, où ce dossier européen ne préoccupe pour l’heure plus grand monde.

Cette europhilie n’est certainement pas sans rapport avec le faible score obtenu par la droite dure auprès des Suisses de l’étranger. L’Union démocratique du centre a en effet toujours combattu très vigoureusement toute idée de rapprochement avec l’Union européenne.

Un sondage dans dix pays

En tout, 82’682 expatriés se sont jusqu’à présent enregistrés pour voter. Avec le soutien du ministère suisse de Affaires étrangères, l’institut GfS a proposé son questionnaire à 10’396 d’entre eux. Au final, 2003 personnes ont accepté d’y répondre.

Le sondage a été réalisé dans dix pays (France, Allemagne, Italie, Etats-Unis, Royaume-Uni, Autriche, Afrique du Sud, Brésil, Thaïlande et Singapour).

Ensemble, ces dix pays regroupent 77% des Suisses de l’étranger.

swissinfo, Olivier Pauchard

Faits

Les intentions de vote des Suisses de l’étranger:
Socialistes (31%)
Radicaux (18%)
Démocrates du centre (15%)
Ecologistes (15%)
Démocrates-chrétiens (8%)
Libéraux (7%)

En bref

Le sondage a été réalisé du 27 février au 22 avril 2003. Seule condition pour y participer: avoir un e-mail. Les questions ont en effet été posées via Internet pour d’évidentes raisons de coûts et de décalage horaire. Les sondés pouvaient répondre en français, en allemand, en italien ou en anglais. L’accès au questionnaire était protégé par un mot de passe.