Elections fédérales: l’heure du verdict
Campagne terminée, candidats, partis et électeurs attendent maintenant la réponse des urnes. Après quatre années plutôt agitées, le peuple suisse semble aspirer à une certaine stabilité. Ces élections ne devraient guère entraîner de bouleversements, si ce n’est au centre de l’échiquier politique.
Une campagne électorale globalement assez terne a presque fait oublier que la législature qui s’achève a été particulièrement animée, du moins au cours des deux premières années. L’échiquier politique suisse, resté très stable jusqu’il y a peu, a même connu une série de soubresauts en partie sans précédent.
Un petit rappel pour s’en convaincre. Un ministre n’a pas été reconduit dans sa charge, le plus grand parti du pays a fait une cure d’opposition de près d’un an, deux ministres ont changé de parti et deux ministres ont plus ou moins été poussés vers la sortie. Pour la première fois dans l’histoire suisse, cinq partis sont représentés au gouvernement. Enfin, deux nouvelles formations ont émergé au niveau national alors que deux autres partis ont choisi de fusionner après plus d’un siècle de rivalité au niveau cantonal.
Un centre éclaté
Selon les derniers sondages, ces événements ne devraient pas avoir de grandes répercussions sur les équilibres entre les principaux partis. Après une vingtaine d’années de polarisation caractérisée par une forte croissance de la droite conservatrice, les rapports de force devraient cette fois rester plutôt stables. Droite conservatrice et gauche devraient maintenir leurs positions. Les principaux changement s’annoncent seulement au sein d’un centre de plus en plus fragmenté.
Ce sont les deux grandes formations historiques du centre qui devraient faire les frais de ces législatives, et plus particulièrement le Parti libéral-radical (PLR). Même la fusion avec le Parti libéral suisse, opérée en 2008, ne semble pas en mesure de stopper une hémorragie d’électeurs entamée à la fin des années 1980.
Les pronostics sont un peu plus favorables en ce qui concerne le Parti démocrate-chrétien (PDC). Cet autre grand parti historique du centre a lui aussi connu une érosion constante depuis les années 1980, mais semble être parvenu à stopper cette tendance depuis quatre ans. C’est peut-être aussi parce que les démocrates-chrétiens se sont montrés plus agressifs et flexibles durant cette année électorale, par exemple en retirant rapidement leur soutien à l’énergie nucléaire après l’accident de Fukushima.
Parmi ceux qui devraient tirer leur épingle du jeu, on trouve deux nouvelles forces du centre, les Verts libéraux et le Parti bourgeois démocratique (PBD). Depuis leur fondation, ces deux partis se profilent comme une alternative possible pour les électeurs mécontents du PLR et du PDC. Mais alors que les Verts libéraux jouissent d’un bon potentiel de croissance à l’échelle nationale, les bourgeois-démocrates restent confinés dans les trois cantons qui les ont vus naître.
La droite et la gauche stables
A droite, l’Union démocratique du centre (UDC) ne devrait pas répéter cette année les grands succès des quatre dernières élections qui lui avaient permis de devenir le premier parti du pays. L’UDC n’a cette fois pas réussi à dominer la campagne électorale. Elle semble cependant en mesure d’absorber le choc de la scission de son aile modérée (qui a constitué le PBD en 2008) et de confirmer son rang de premier parti du pays.
C’est également la stabilité qui se profile à gauche. Avec un programme sans concessions, le Parti socialiste a surtout tenté de mobiliser son électorat pour atteindre 20% des suffrages. Les socialistes n’ont en revanche pas su tirer grand profit médiatique de la démission de leur ministre Micheline Calmy-Rey.
L’accident de Fukushima semblait devoir favoriser le Parti écologiste suisse, qui espérait pour la première fois dépasser le seuil symbolique des 10% de votes. Mais les écologistes n’ont pas pu capitaliser à long terme sur ce thème. Le gouvernement a en effet décidé de renoncer à construire de nouvelles centrales nucléaires et certains partis du centre ont rapidement modifié leurs position en matière de politique énergétique.
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Pas de grands changement non plus en vue pour les cinq petits partis représentés au Parlement. Ces formations, soutenues depuis des décennies déjà par un électorat de niche ou uniquement dans quelques cantons, devrait une fois encore se contenter d’un ou deux sièges sous la Coupole.
Parmi les partis qui pourraient faire leur première apparition au Parlement, on retient surtout le Mouvement citoyen genevois, qui a remporté un succès certain lors des dernières élections genevoises. Le Parti pirate pourrait lui aussi éventuellement créer une surprise. En Allemagne, celui-ci avait enregistré un résultat étonnant lors d’élections régionales à Berlin.
Dimanche, les bureaux de vote ferment officiellement à midi. Les premiers résultats cantonaux seront disponible dans l’après-midi. Les premières projections nationales sont attendues pour 19 heures. Tout au cours de cette journée électorale, vous pourrez trouver sur le site de swissinfo.ch des résultats régulièrement mis à jour ainsi que des réactions et des analyses.
La politique suisse est dominée par quatre grands partis gouvernementaux qui se partagent environ 80% de l’électorat depuis plus d’un siècle. Il s’agit de l’Union démocratique du centre (28,9% des électeurs en 2007), du Parti socialiste (19,5%), du Parti libéral-radical (17,7%) et du Parti démocrate-chrétien (14,5%).
Une nouvelle force politique est apparue dans les années 1980: le parti écologiste suisse (PES). Les Verts ont atteint 9,6% en 2007, mais n’ont jusqu’à présent jamais été représentés au gouvernement.
Plus récemment, deux nouvelles formations issues de scissions se sont créé un certain espace: les Verts libéraux (séparés du PES depuis 2008) et le Parti bourgeois démocratique (séparé de l’UDC depuis 2008). Selon les sondages, ces deux partis pourraient encore progresser lors des prochaines élections fédérales, mais ne devraient pas dépasser respectivement 5 et 4% des voix.
Le Parlement compte également cinq partis minoritaires qui, tous ensemble, représentent 5,5% des électeurs au niveau national. Il s’agit de la Ligue des Tessinois (droite conservatrice), de l’Union démocratique fédérale (droite chrétienne), du Parti chrétien-social (gauche) de La Gauche (extrême-gauche) et du Parti évangélique (droite chrétienne).
Les élections fédérales ont lieu tous les quatre ans, en automne.
Les électeurs doivent renouveler les deux Chambres du Parlement: le Conseil des Etats (Chambre haute) et le Conseil national (Chambre basse).
Le Conseil national représente le peuple suisse. Il compte 200 sièges répartis entre les différents cantons proportionnellement à leur population.
Le Conseil des Etats représente les cantons. Il compte 46 élus. Chaque canton dispose de deux sièges et chaque demi-canton d’un siège.
(Traduction de l’italien: Olivier Pauchard)
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