Elections: le succès des nouveaux partis du centre
Les Verts libéraux et le Parti bourgeois démocratique sont les grands gagnants des élections fédérales 2011. L'UDC (droite conservatrice) enregistre un recul marqué mais reste le plus important parti du pays. Les Verts et le centre traditionnel sont également en difficulté.
Nouveaux venus sur la scène fédérale, les Verts libéraux et le Parti bourgeois-démocratique (PBD), deux partis du centre-droit, sont les vainqueurs des élections fédérales 2011, selon des projections du diffuseur national SRG SSR. Les Verts libéraux obtiennent 12 sièges sur 200 au Conseil national (Chambre basse), passant de 1,4% à 5,2% des voix au niveau national. Issu de la scission avec l’Union démocratique du centre (UDC), le PBD décroche quant à lui 9 sièges (5,2% des voix),
Ces deux partis ont fait une percée marquante en Suisse germanophone, notamment dans les grands cantons de Berne et Zurich, mais ils restent toutefois quasi inexistants en Suisse francophone. Seule la Vaudoise Isabelle Chevalley pourrait faire son entrée à la Chambre du peuple pour les Verts libéraux.
L’UDC voit pour la première fois depuis vingt ans sa progression stoppée. Le parti perd sept sièges mais reste néanmoins le premier parti de Suisse au Conseil national avec 55 sièges (25,3%, -3,6%). Quatre sièges avaient déjà glissé vers le PBD en cours de législature.
Les partis traditionnels trinquent
Parti fondateur de la Suisse moderne, le Parti libéral-radical (PLR / centre-droit) ne pèse plus que 14,7% des voix au niveau national et perd quatre sièges par rapport à 2007 (-3%). Symbole des difficultés rencontrées par le PLR, son président Fulvio Pelli a été réélu pour… 58 voix seulement dans son canton du Tessin.
Autre parti traditionnel à laisser des plumes, le Parti démocrate-chrétien (PDC / centre-droit) perd trois sièges (28 sièges, -1,5%). Il ne séduit plus que 13% des électeurs. Le Parti socialiste est ainsi le seul parti gouvernemental à ne pas souffrir de l’émergence des nouveaux partis du centre. Malgré un recul de 1,9% à 17,6%, il conserve aisément sa deuxième place. Il parvient même à gagner un siège (44).
La gauche ressort toutefois affaiblie de ces législatives, puisque les Verts perdent 7 sièges au Conseil national (13 sièges, -1,6%). Les écologistes de gauche n’ont semble-t-il pas réussi à capitaliser les effets de la catastrophe de Fukushima, contrairement aux Verts libéraux. Parmi les victimes connues figure le Zougois Josef Lang, fer de lance du Groupe pour une Suisse sans armée et poids lourd du groupe parlementaire écologiste.
Christoph Blocher rate son pari
L’élection au Conseil des Etats (Chambre haute), qui se déroule dans la plupart des cantons selon le système majoritaire, n’a pas permis à l’UDC de réaliser la percée espérée. Le parti pourrait même perdre des sièges. Celui des Grisons s’est déjà envolé, faute de candidat. En Argovie, Ulrich Giezendanner, arrivé troisième, aura de la peine à conserver le siège laissé vacant par Maximilian Reimann.
Mentor du parti, l’ancien ministre Christoph Blocher n’arrive qu’en troisième
position à Zurich, où l’élection débouche sur un ballotage général. Les chances de Toni Brunner, le président du parti, d’être élu au 2e tour à St-Gall, ne sont pas très bonnes. Deux autres ténors du parti, Jean-François Rime, à Fribourg, et Caspar Baader, à Bâle-Campagne, ont raté le coche.
La gauche a en revanche marqué des points, notamment avec l’élection de la socialiste Pascale Bruderer, qui a présidé la Chambre basse en 2010, en Argovie. Selon les résultats définitifs déjà tombés au premier tour, le PS compte huit élus, le PLR sept, le PDC sept, l’UDC quatre et les Verts un.
La prime aux sortants
Un grand nombre de sénateurs devront cependant être élus au second tour. Ce sera le cas dans le canton de Berne, où les sortants de droite Adrian Amstutz et Werner Luginbühl devancent le ticket rose-vert Hans Stöckli-Alec von Graffenried. Au total, 19 sièges sur les 46 que compte le Conseil des Etats étaient encore vacants dimanche soir, soit beaucoup plus que lors des dernières élections.
Dans la course à la Chambre haute, la prime aux sortants a souvent fonctionné. Dans le canton de Fribourg, le socialiste Alain Berset, candidat à la succession de Micheline Calmy-Rey au Conseil fédéral (gouvernement), a été élu dès le premier tour en compagnie du démocrate-chrétien Urs Schwaller. Ce fut également le cas à Neuchâtel, avec les sortants Raphaël Comte (PLR) et Didier Berberat (PS).
A Genève, le ticket rose-vert composé de Robert Cramer et Liliane Maury-Pasquier a été reconduit. Cela devrait également être le cas dans le canton de Vaud, où Géraldine Savary (PS) et Luc Recordon (Verts) devancent nettement les candidats du PDC et du PLR au premier tour.
Les élections fédérales ont lieu tous les quatre ans, en automne.
Les électeurs doivent renouveler les deux Chambres du Parlement: le Conseil des Etats (Chambre haute) et le Conseil national (Chambre basse).
Le Conseil national représente le peuple suisse. Il compte 200 sièges répartis entre les différents cantons proportionnellement à leur population.
Le Conseil des Etats représente les cantons. Il compte 46 élus. Chaque canton dispose de deux sièges et chaque demi-canton d’un siège.
Les succès des Verts libéraux et du Parti bourgeois-démocratique ont été relativisés par les présidents de plusieurs autres partis.
Sur les ondes de la télévision, le président du Parti socialiste Christian Levrat a estimé que «on ne peut pas parler de victoire du centre, mais de deux formations qui n’ont encore rien montré».
Le président du Parti démocrate-chrétien Christophe Darbellay
a quant à lui déclaré: «Ces partis partagent à 80-90% la même politique que le PDC, mais ils sont nouveaux, donc très sexy».
«Beaucoup de gens votent pour des nouveaux partis dont on connaît mal les contours. Cela me pose problème, quand les gens votent pour les Verts libéraux sans savoir ce que ce parti veut», a pour sa part indiqué le président des Verts
Ueli Leuenberger.
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