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En Suisse, la Francophonie devra se serrer la ceinture

Le sommet organisé à Montreux se tient l’année même où la Francophonie célèbre son 40e anniversaire. Keystone

La tenue du 13e Sommet de la Francophonie en octobre à Montreux a donné matière à un feuilleton financier au Parlement. Au final, les Chambres sont tombées d’accord pour débloquer 30 millions de francs, et pas un sou de plus. Soit 5 millions de moins qu’initialement prévu.

«Il a été rappelé que 30 millions de francs correspondent au budget du FC Bâle. Ce n’est pas une somme minime, mais c’est aussi relativement modeste par rapport à l’enjeu d’accueillir une soixantaine de chefs d’Etat francophones», a défendu la sénatrice socialiste vaudoise Géraldine Savary devant la Chambre haute lundi.

Comme le Conseil national (Chambre basse) jeudi dernier, les sénateurs ont décidé à une belle unanimité (31 voix pour et 8 abstentions) de plafonner à 30 millions le crédit octroyé au Sommet de la francophonie, qui se tiendra du 20 au 24 octobre à Montreux dans le canton de Vaud.

Pour cette manifestation, la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a donc vu sa proposition initiale rabotée de 5 millions de francs. «Mon département procédera à un réexamen des postes budgétaires pour procéder aux économies nécessaires en espérant que cela ne portera pas ombrage à la Suisse en tant qu’Etat hôte de conférences internationales», a-t-elle promis, résignée, aux sénateurs avant qu’ils ne votent.

Une enveloppe contestée

C’est l’épilogue d’une controverse financière à rebondissements entre le Parlement et le Conseil fédéral (gouvernement) qui dure depuis le début de l’année. En janvier, le gouvernement a pensé pouvoir utiliser une procédure d’urgence pour solliciter une avance ordinaire de 11,5 millions auprès de la délégation des finances en vue du sommet. Avance refusée sous prétexte que les conditions requises pour agir dans l’urgence n’étaient pas remplies.

Contraint de suivre la voie ordinaire, à savoir de passer devant le Parlement, le Conseil fédéral a alors dû élaborer en quelques jours un message sur la planification et l’organisation de l’événement, dont il évaluait les coûts à 35 millions au maximum.

Seul hic, cette enveloppe n’est pas passée comme une lettre à la poste devant la Commission des finances de la Chambre basse. A la mi-février, celle-ci décrétait par 23 voix sans opposition que le projet défendu par la cheffe du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) devait être revu à la baisse, à 30 millions de francs.

Une proposition avait même été faite pour que le DFAE puise 10 millions dans son propre budget afin de compenser cette baisse. Lundi, cette idée de compensation a finalement été écartée par la Chambre haute. Mais les critiques se sont répétées sur la gestion budgétaire de ce dossier par le Conseil fédéral.

Un budget décortiqué

Dans les deux Chambres, les plus acharnés ont été les démocrates du centre (UDC, droite conservatrice). Une minorité d’entre eux, tous alémaniques à l’image du député zurichois Ernst Schibli, sont même allés jusqu’à contester l’utilité du sommet.

D’autres UDC ont manifesté leur irritation après avoir pris connaissance du budget détaillé que les services de Micheline Calmy-Rey se sont finalement résolus à leur transmettre début février, à la veille du débat à la Chambre basse. «En décortiquant le budget, nous avons constaté que la sécurité du palais des Congrès était comptée à double. Il y avait aussi 4 millions pour l’engagement de l’armée, ce qui nous a semblé surévalué», souligne l’UDC vaudois Jean-Pierre Grin.

Leurs critiques ont d’ailleurs été partagées par certains membres de la droite, comme la libérale-radicale (PLR, droite) genevoise Martine Brunschwig-Graf. «Il ne s’agit pas de contester ce sommet, mais ce n’est faire insulte ni à la francophonie, ni au canton de Vaud que de plafonner le crédit», estimait-elle alors.

Près de 80 millions au Canada

De son côté, Micheline Calmy-Rey avait dans un premier temps déclaré que le plafonnement à 30 millions mettait en péril l’organisation du sommet. A titre de comparaison, elle avait rappelé que le dernier Sommet de la Francophonie, qui s’était tenu à Québec en 2008, avait coûté presque 80 millions, dont 32 millions pour les seuls frais d’organisation.

«Il semble que le Québec avait prévu très large à cause du couplage avec une autre grande manifestation», relativise le sénateur écologiste vaudois Luc Recordon, qui se dit «satisfait dans l’ensemble» du vote de la Chambre haute.

Contestant l’idée d’un sommet montreusien au rabais, Jean-Pierre Grin suppose quant à lui que des coûts d’infrastructure avaient été inclus dans le budget canadien. Pour sa part, s’il se dit prêt à demander une participation du canton de Vaud à hauteur de 1 million, il ne juge pas catastrophique le passage des dépenses pour la sécurité du sommet montreusien de 13,5 à 10 millions environ.

Devant la Chambre haute, Micheline Calmy-Rey l’a en tout cas assuré, son département exercera «un contrôle strict des dépenses liées au sommet dans le but d’être en tout temps en mesure de vérifier le respect du budget planifié.»

Carole Wälti, swissinfo.ch

Le 13e sommet de la Francophonie se tiendra du 20 au 24 octobre à Montreux, dans le canton de Vaud.

Il devait initialement se tenir à Madagascar, mais la candidature de l’île a été écartée après un coup d’Etat en avril dernier. La Suisse l’a remplacée au pied levé. Elle a été désignée pays hôte en décembre 2009.

Le dernier sommet de la Francophonie s’était déroulé à Québec du 17 au 19 octobre 2008.

Le sommet organisé par la Suisse se tient l’année même où la Francophonie célèbre son 40e anniversaire.

Dans le monde, près de 200 millions de locuteurs parlent français.

La Suisse est membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis 1989.

Parmi les missions principales de cette organisation figurent la promotion de la langue française et la diversité culturelle et linguistique, ainsi que la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme.

La Suisse participe en outre à plusieurs organisations comme l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), l’Association internationale des Maires francophones (AIMF), TV5 Monde, l’Université Senghor d’Alexandrie.

La Suisse est aussi représentée au sein de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (AUF), de la Conférence des ministres de la Jeunesse et des sports des pays francophones (CONFEJES) et de celle des ministres de l’éducation des pays francophones.

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