Encore une chance pour la retraite flexible
Le sort de l'initiative demandant l'instauration d'une retraite flexible pour les bas revenus reste incertain. A dix jours du vote, le sondage de l'institut gfs.bern pour le compte de SRG SSR idée suisse montre qu'opposants et partisans sont au coude à coude. Les jeux semblent en revanche faits pour les autres objets.
Selon les auteurs du sondage, l’issue de l’initiative pour une retraite flexible apparaît comme «ouverte». En effet, 45% des personnes interrogées y sont favorables, 43% défavorables et 12% indécises.
Sans surprise, ce thème suscite une forte polarisation entre la gauche et la droite. La gauche y est largement favorable (71% d’avis favorables parmi les sympathisants socialistes), alors que les partis de droite y sont opposés. Il est par ailleurs à noter que la Suisse latine soutient ce projet, alors que la Suisse alémanique le refuse.
Par rapport au sondage du mois d’octobre, où le camp des partisans atteignait encore 52%, le soutien dont bénéficie l’initiative a tendance à s’éroder. Mais avec deux camps désormais au coude à coude, l’issue du vote parait ouverte, tout du moins mathématiquement.
Pour sa part, Claude Longchamp s’attend plutôt à un vote négatif le 30 novembre. «Dans le contexte actuel, marqué par la peur d’une récession, la question des coûts liés à une retraite flexible apparaît comme un élément central. En période économique difficile, la tendance est généralement à renoncer aux dépenses supplémentaires, ce qui devrait peser négativement sur l’initiative», analyse de chef de l’institut gfs.bern.
«Par ailleurs, l’initiative ne recueille actuellement une majorité qu’en Suisse romande et au Tessin, poursuit-il. Dans ce genre de scénario, les chances de succès sont généralement très basses.»
Pas de dépénalisation
Les choses semblent en revanche très claires en ce qui concerne les deux objets liés à la drogue. Les résultats du sondage montrent que l’initiative demandant la dépénalisation de la consommation du cannabis sera très certainement nettement refusée.
La moitié exactement des personnes interrogées y sont opposées, alors que 38% y sont favorables et que 12% n’ont pas encore d’idée précise sur la question. Ainsi, même si la totalité des indécis rejoignaient le camp des partisans – chose plus qu’improbable – il ne serait même pas sûr que l’initiative passe la rampe.
«L’argument qui semble dominant dans le débat est celui de la protection des jeunes. Or, pour y parvenir, c’est encore l’interdiction qui semble le moyen le plus approprié à une majorité de la population», déclare Claude Longchamp.
La nouvelle Loi sur les stupéfiants, qui fixe le principe des «quatre piliers», devrait en revanche être facilement acceptée par le peuple. Elle bénéfice en effet d’une large majorité: 63% d’avis favorables contre seulement 21% d’opposants et 16% d’indécis.
Cette nouvelle loi profite du soutien de trois des quatre partis gouvernementaux, ce qui est suffisant pour assurer un vote positif. Par ailleurs, l’opposition est des plus discrète.
«Unique grand parti opposé à la loi, l’Union démocratique du centre ne s’est pratiquement pas manifestée sur ce thème, commente Claude Longchamp. Actuellement, la direction de l’UDC est occupée à choisir un candidat pour la succession de Samuel Schmid au gouvernement.»
Vers un maintien du droit de recours
L’initiative qui demande une limitation du droit de recours des organisations écologistes lors de grands projets de construction semble destinée à essuyer un refus le 30 novembre. Le sondage montre que 49% des personnes interrogées y sont défavorables, 33% favorables et 18% indécises. La proportion de partisans – qui était encore de 42% à la mi-octobre – a fondu comme neige au soleil.
Sans surprise, l’opposition à l’initiative provient principalement de la gauche (72% de refus chez les sympathisants des Verts et 61% chez ceux du parti socialiste). Mais à droite, le soutien à l’initiative n’est pas des plus enthousiastes, puisque la barre symbolique des 50% d’avis favorables n’est jamais atteinte.
Même parmi les sympathisants du Parti radical (PRD / droite) – qui est pourtant à l’origine de l’initiative – la proportion d’avis favorables n’atteint «que» 47%. «Le parti n’a jusqu’à présent par réussi à mobiliser ses électeurs, commente Claude Longchamp. Ce fait ne laisse donc pratiquement pas d’espoir de succès pour l’initiative.»
De plus, l’initiative ne dispose pas non plus du soutien des milieux économiques les plus directement concernés. «L’initiative aurait pu obtenir davantage de soutien si elle avait été appuyée par Migros et Coop, qui réalisent une bonne partie des grands centres commerciaux en Suisse. Mais les deux géants du commerce de détail ne se sont pas exprimés en sa faveur», déclare Claude Longchamp.
swissinfo, Olivier Pauchard
Initiative pour un âge de l’AVS flexible»: 45% de oui, 43% de non, 12% d’indécis
Initiative sur le droit de recours des organisations»: 49% de non, 33% de oui, 18% d’indécis
Initiative sur le chanvre: 50% de non, 38% de oui, 12% d’indécis
Loi sur les stupéfiants: 63% de oui, 21% de non, 16% d’indécis
Taux de participation: 43%
Le sondage s’est déroulé du 10 au 16 novembre.
1209 personnes issues des trois régions linguistiques ont été interrogées par téléphone.
La marge d’erreur est de +/- 2,9%.
La Loi sur les stupéfiants veut inscrire la politique des «quatre piliers» dans la loi. Ces quatre piliers sont: la prévention, la répression, l’aide à la survie des toxicomanes et la thérapie. Cette approche globale permet notamment la distribution médicale d’héroïne aux drogués les plus dépendants.
L’initiative sur le chanvre demande que la consommation de cannabis ainsi que la production à des fins personnelles soient dépénalisées. Les auteurs du texte prévoient aussi un renforcement de la prévention.
L’initiative pour un âge de l’AVS flexible demande une aide financière pour aider les bas revenus à bénéficier d’une retraite anticipée. Vu que l’anticipation de la retraite entraîne une diminution des rentes, beaucoup de salariés hésitent actuellement à saisir cette opportunité.
L’initiative sur le droit de recours des associations demande que les projets de construction qui ont été acceptés par le peuple ou par un parlement ne puissent plus faire l’objet d’un recours.
L’initiative pour l’imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine demande que les actes de pédophile puissent être poursuivis sans délais de prescription. Ce thème n’a pas fait l’objet d’un sondage.
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