Ensemble pour bâtir la confiance
Ils ont des racines africaines, sont de nationalité suisse et sollicitent une élection à la Chambre basse du parlement. Mercredi à Berne, sept candidats ont présenté ensemble leurs objectifs politiques.
Ce faisant, ils souhaitaient réagir aux accents xénophobes et discriminatoires de la campagne en vue des élections fédérales du 21 octobre.
La Suisse compte des noirs bien intégrés et prêts à s’engager pour le bien commun. Réagissant au climat de «haine» créé par l’affiche au mouton noir de l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste), sept candidats d’origine africaine ou haïtienne ont décidé d’en faire la preuve mercredi à travers le lancement d’une campagne interpartis.
Cette campagne répond au besoin de «poser les bases d’une confiance réciproque», comme son intitulé l’indique. Car selon les candidats, il est désormais nécessaire de répondre aux peurs diffuses d’une partie de la population.
Des sept aspirants conseiller national (députés), six sont romands (Suisse francophone). Quatre se présentent sur une liste socialiste, deux pour les Verts et un est membre du Parti démocrate-chrétien (PDC / centre droit).
Sur le plan des chiffres, la Suisse compte 60’000 personnes d’origine africaine. Le pays compte aussi 1,5 millions d’étrangers, dont un bon tiers y vivent depuis plus de quinze et son parfaitement intégrés. Or, toutes ces personnes n’ont pas voix au chapitre au parlement, ont constaté les candidats.
La Suisse est un pays de tolérance, de respect mutuel et d’immigration. «Mais on voudrait que les étrangers restent invisibles. La population étrangère en a assez des attaques verbales xénophobes et blessantes qu’elle subit», a déclaré le socialiste zurichois Andrew Katumba.
«Pour tout le pays»
Ces candidats se sentent «une grande responsabilité vis-à-vis de la communauté africaine», a indiqué Nathalie Fellrath-Owanga, parlementaire cantonale à Neuchâtel. Mais tous indiquent vouloir travailler pour le pays et toutes ses composantes.
«Même si nous avons la peau noire, nous ne nous intéressons pas seulement aux problèmes d’immigration mais à tous ce qui concerne la Suisse», a précisé le Fribourgeois Carl Alex Ridoré.
Mercredi à Berne, chaque candidat a donc détaillé ses sujets de prédilection, de la politique familiale aux transports, en passant par la politique climatique et la lutte contre la délinquance juvénile.
«Suisses, donc différents»
«On est Suisse parce qu’on est différent», a lancé le Vert genevois Alpha Dramé faisant référence à la diversité des enracinements cantonaux.
Dans cette même idée, le socialiste de la ville de Bienne Ricardo Lumengo a souligné qu’en cas d’élection, il s’engagera à défendre les intérêts de sa région et de son canton.
swissinfo et les agences
Plusieurs ont adhéré à cette campagne interpartis: Félicienne Villoz Lusamba Muamba, conseillère communale à Bienne (socialiste), Nathalie Fellrath-Owanga, membre du parlement cantonal de Neuchâtel (socialiste), Ricardo Lumengo, membre du parlement cantonal de Berne (socialiste).
Mais aussi Carl-Alex Ridoré, membre du parlement cantonal de Fribourg (socialiste), Andrew Katumba, conseiller communal de Zurich (socialiste), Mandu dos Santos Pinto (vert zurichois), Serge Sagbo (radical vaudois), Alpha Dramé, conseiller communal de Genève (Vert).
Un autre candidat de couleur – Antoine Vonnez – est en lice sur la liste commune du Parti évangélique suisse (PEV)/Union démocratique fédérale (UDF) dans le canton de Vaud. A Genève, le Parti libéral propose un candidat d’origine algérienne, Ali Benouari. A Neuchâtel, le PEV présente Liliane Grimm, d’origine africaine.
Questionnée par swissinfo, l’Union démocratique du centre (UDC) indique que trois résidents d’Afrique du Sud et un du Nigeria sont candidats sur les listes du parti. Il s’agit de Suisses de l’étranger. Le parti précise aussi que sur ses listes jeunes figurent des candidats d’origine balkanique et italienne.
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