Evian aura besoin de la Suisse pour son G8
Kaspar Villiger a été directement informé par Jacques Chirac de la tenue du G8 à Evian en juin 2003. Étroites collaborations franco-suisses en vue.
C’est dans la petite ville thermale d’Évian-les-Bains, sur les rives du Lac Léman et à quelques kilomètres de la frontière suisse, que la France a choisi d’héberger l’édition 2003 du G8, le sommet des sept pays les plus industrialisés et de la Russie.
Avant que l’annonce officielle n’en soit faite à Paris, le président français Jacques Chirac a personnellement annoncé cette décision au président de la Confédération suisse Kaspar Villiger. Les autres membres du gouvernement en ont été aussitôt informés.
Sécurité et logistique
La démarche de la présidence française relève bien évidemment des relations de bon voisinage, mais elle n’est nullement désintéressée: un sommet de cette envergure au bord du Léman appelle la meilleure des collaborations possibles entre les deux pays.
Sécurité et logistique obligent: non seulement Français et Suisses devront se partager la haute surveillance du lac qui est leur patrimoine commun, mais c’est aussi à l’aéroport international de Genève qu’ils accueilleront les hôtes du sommet avant de les emmener vers Évian.
Les autorités genevoises ont une certaine habitude, pour ne pas dire la routine, des allées et venues des grands de ce monde sur leur territoire.
Le supplément qu’on attendra d’elles, cette fois, sera de collaborer plus étroitement encore avec leurs homologues de Haute-Savoie.
«On n’aurait rien fait sans mettre à nos côtés tout le bassin lémanique», nous dit Marc Francina, maire d’Évian. «D’ailleurs, nous avons de très bonnes relations non seulement avec Genève, mais aussi avec les cantons de Vaud et du Valais.» Lesquels seront sans doute mis aussi à contribution pour l’hébergement de quelques-uns des hôtes de la cité savoyarde.
Ni Gênes ni Davos
D’une certaine manière, Genève et la Suisse devront donc faire «comme si» le G8 se déroulait chez elles, mais sans en avoir les honneurs médiatiques ni les avantages politiques ni les retombées touristiques.
On sait que les Huit préfèrent désormais les lieux retirés et tranquilles: les violences de rues qui ont ponctué le sommet de Gênes en 2001 les ont convaincus qu’au temps de la mondialisation il vaut mieux faire dans la discrétion et la simplicité que dans le tape-à-l’œil.
La Suisse fera tout son possible pour qu’Évian-les-Bains ne ressemble pas non plus à Davos. On peut donc imaginer que Genève aura besoin du renfort policier d’autres cantons et peut-être – ce ne serait ni la première ni la dernière fois – de l’un ou l’autre régiment d’infanterie pour garantir «un couloir de sécurité» jusqu’à la frontière française.
L’expérience servira, puisque quelques mois plus tard, en décembre 2003, la Genève internationale sera de nouveau «sur pied de guerre» pour accueillir, cette fois-ci chez elle, le Sommet mondial de la société de l’information.
swissinfo/Bernard Weissbrodt à Genève
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