George Bush veut parachuter un amateur de base-ball à Berne

Une fois élu, George Bush s'attache à remercier ses amis et bailleurs de fonds. Keystone Archive

L'administration Bush s'apprête à soumettre au Congrès une liste d'ambassadeurs. Le candidat pressenti pour le poste de Berne s'appelle Mercer Reynolds. Homme d'affaires et amateur de base-ball, c'est un ami du président américain. Et sa nomination ne déplairait pas aux Suisses.

Le candidat le plus en vue pour l’ambassade des Etats-Unis en Suisse est actuellement le propriétaire de l’équipe de base-ball de Saint-Louis dans le Missouri. Il faut dire que l’amitié de Mercer Reynolds avec George Bush s’est tissée au cours des années 80 au Texas.

En effet, l’homme d’affaires a été l’un des partenaires de Georges Bush lors de l’acquisition de l’équipe de base-ball des Texas Rangers. Auparavant, M. Reynolds avait secouru M. Bush, confronté à la faillite de sa petite compagnie pétrolière.

L’amitié entre les deux hommes s’est traduite par un soutien marqué de Mercer Reynolds lors de la campagne présidentielle de l’ancien gouverneur du Texas. Un soutien qui se chiffre à plus de 200 000 dollars.

Aujourd’hui, la nomination attendue de M. Reynolds à l’ambassade de Berne apparaît comme la récompense à un ami sur lequel le nouveau président américain peut compter.

Le phénomène n’est pas nouveau aux Etats-Unis, et la Suisse ne sera pas la seule à recevoir un ambassadeur américain qui n’a aucune expérience de la diplomatie.

Ainsi, la semaine dernière, George Bush a désigné l’un de ses amis éleveurs de chevaux à la représentation américaine de Londres. D’autres désignations de ce type sont prévues pour les ambassades de Berlin, de Rome et de Paris.

Comme d’autres pays, la Suisse ne voit pas d’un mauvais oeil ces ambassadeurs d’un nouveau type. «Tout ambassadeur apporte son propre talent, et une absence d’expérience internationale ou de connaissance du pays ne constitue pas un problème fondamental», déclare Keri Douglas, porte-parole de l’ambassade de Suisse à Washington.

Pour sa pat, Madame Douglas mentionne en particulier l’exemple de Richard Fredericks, l’actuel ambassadeur des Etats-Unis à Berne, qui avait obtenu ce poste en raison de son amitié avec Bill Clinton. «M. Fredericks s’est avéré être un très bon ambassadeur et quelqu’un qui a été très positif pour la Suisse», souligne ainsi la porte-parole de l’ambassade de Suisse.

Par ailleurs, les observateurs diplomatiques font valoir que la Suisse et les autres pays n’ignorent pas l’intérêt qu’il y a pour eux à recevoir un ambassadeur des Etats-Unis ayant l’oreille du chef de la Maison Blanche.

«La Suisse a toujours été un poste important de par sa situation géographique et son influence. Il peut être utile, à la fois pour les Etats-Unis et pour la Suisse, d’avoir un ambassadeur à Berne qui a un lien personnel avec le président américain», indique ainsi Marshall Adair, le président de l’Association des diplomates américains de carrière.

Néanmoins, M. Adair se dit «préoccupé» par le fait que, sous chaque administration, 30% des ambassades en moyenne soient confiées à des donateurs, novices en matière de relations internationales. «Il faut éviter que les gens à l’étranger ne viennent à penser que tout est à vendre aux Etats-Unis, y compris les postes d’ambassadeurs», déclare le président de l’Association des diplomates américains, avant d’ajouter qu’il est essentiel que l’ambassadeur connaisse le pays dans lequel il est en poste.

L’Association des diplomates américains a demandé à l’administration Bush d’établir une commission d’experts dont la mission serait de faire des recommandations au Président qui soient axées sur les qualifications professionnelles des candidats. Mais pour le moment, l’administration Bush n’a pas réagi à cette proposition.

Marie-Christine Bonzom, Washington